Le cannabis dans l’Antiquité
Si le cannabis est indubitablement l’une des plantes les plus anciennement connue par l’homme, il reste difficile de déterminer avec précision l’époque où ses propriétés furent découvertes. Il demeure probable qu’il fut initialement récolté pour ses fibres et ses graines, et que, secondairement, ses vertus pharmacologiques donnèrent lieu à une double exploitation : religieuse et thérapeutique. Les premiers témoignages de son usage remontent à plus de cinq mille ans avant notre ère, et des indices prouvant l’utilisation du cannabis sont datés de quatre mille ans en Chine, de trois mille ans av J.-C. au Turkestan. Originaire d’Asie centrale (des versants himalayens de l’Inde), la plante s’est répandue par la suite vers l’est (Chine et l’ensemble du sous-continent indien) puis vers l’ouest à la faveur de l’avancée des Scythes (pays du Moyen-Orient, vallée du Nil, pays du Maghreb). Dans un second temps, les Arabes envahissant l’Europe comme les croisés revenant d’Orient feront découvrir les préparations à base de de résine à l’Occident. Le cannabis sera peu à peu connu également des peuples d’Afrique méridionale et occidentale. Il gagnera l’Amérique centrale rapidement après la conquête espagnole, les Caraïbes au début du XIXe siècle et les États-Unis au début du XXe siècle.
En Orient
L’une des références écrites les plus lointaines semble être l’Atharva Veda, un ensemble d’écritures religieuses datées de mille cinq cents ans avant J.-C. Les peuples de l’Inde considéraient le bhang comme une préparation sacrée, susceptible d’éloigner le Mal. C’était la boisson préférée d’Indra, le plus puissant des dieux védiques, porteur de la foudre et adoré par les castes guerrières.
Les Chinois connaissaient bien aussi le cannabis, dont le commerce était d’ailleurs lourdement taxé. Les disciples du chirurgien Hua Tuo (141-208) préconisaient de le mélanger au vin pour optimiser ses propriétés anesthésiques : c’était le Mafo Sam. Ils l’utilisaient comme sédatif des douleurs rhumatismales, comme traitement des accès de goutte, ainsi que pour traiter les maladies mentales à la faveur des propriétés inébriantes et hallucinogènes reconnues dès lors.
Le chanvre est mentionné sur le papyrus Ebers de l’Égypte pharaonique (1550 av. J.-C.), où il voisine avec l’opium, la jusquiame et la mandragore.
Les Assyriens utilisaient le cannabis comme encens : c’était le qunubu ou quannabu, terme dérivé du persan kanaba, terme peut-être d’origine scythe.
En Occident
La médecine grecque hérite largement de la tradition égyptienne. Dioscoride souligne les propriétés psychotropes de la plante qui « fait venir au-devant des yeux des fantômes et illusions plaisantes et agréables ». Galien redoute qu’« elle ne blesse le cerveau quand on en prend trop » mais rapporte son usage comme enivrant et livre des formules de galettes soporifiques contenant du cannabis. La plante n’entrait-elle pas aussi dans la formule du Népenthès chanté par Homère?
Pour les Romains, le cannabis participait à la formation d’électuaires variés, à des vertus magiques, ainsi que dans la composition de nombreux médicaments. Ils utilisaient également ses fibres pour fabriquer les cordages des navires, et les importaient de Gaule (notamment du IVe siècle av. J.-C. au IIe siècle de notre ère).
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