Histoire du chanvre au Canada – 1600-1800 : Les débuts de la culture du cannabis en Amérique
Il y a beaucoup de controverse à savoir si le chanvre est natif du continent américain ou s'il fut amené par des immigrants européens au Nouveau Monde. Même si Jacques Cartier a mentionné dans son journal qu'il avait vu pousser de la hempe au Canada, il s'agit de savoir s'il voulait dire cannabis ou simplement longues plantes fibreuses.
Il est connu que le chanvre faisait partie des premières plantations faites par un Européen en Amérique. Celui-ci était cultivé par Louis Hébert, un apothicaire (pharmacien) parisien respecté qui fut convaincu de venir au Canada par son bon ami explorateur, Samuel de Champlain. Hébert émigra en Nouvelle France (maintenant le Nouveau-Brunswick) en 1606, avant de retourner s'installer pour de bon sur les hauteurs de Québec en 1617, avec sa femme et ses enfants cette fois, emportant avec lui son grand savoir sur les herbes et potions.
À la fin du XVIe siècle, le cannabis était devenu une denrée rare en Europe. La Hollande possédait un monopole sur l'importation du chanvre bon marché de l'Inde orientale (auj. l'Indonésie), et les embargos navals avaient coupé les approvisionnements de chanvre Russe qui avaient été facilement obtenus depuis les beaux jours de l'Empire romain.
Comme d'énormes quantités de chanvre étaient demandées par toutes les forces navales européennes pour équiper leurs vaisseaux et leurs cargos, les monarchies européennes se tournèrent vers le Nouveau Monde comme une source alternative de cannabis. Au début du XVIIe siècle, l'Espagne semait du chanvre au Chili, la Nouvelle-Angleterre cultivait du chanvre pour l'Angleterre et les marchands de la Couronne française promettaient d'acheter tout le chanvre que les fermiers canadiens pouvaient produire. Durant cette période, des bonus étaient accordés pour la culture du chanvre. Beaucoup de taxes pouvaient ainsi être acquittés en ballots de chanvre et des pénalités sévères étaient souvent imposées aux fermiers qui ne produisaient pas une quantité suffisante de cannabis. Beaucoup de villes modernes ont d'ailleurs tiré leur nom de leur principale ressource économique. Ce qui donna de nombreux Hampshire, Hempstead et Hampton (du mot anglais hemp qui se traduit par chanvre) de part et d'autre de l'Atlantique.
À cette époque, la difficulté n'était pas de cultiver le cannabis mais plutôt de le transformer pour ensuite le mettre en marché. Des machines sophistiquées pour filer le chanvre ne furent inventées qu'en 1920. Avant cette époque, la culture du cannabis était intensive et laborieuse, demandant un procédé appelé rouissage pour préparer son usage. Les longues fibres extérieures du plant de cannabis devaient être séparés de la pulpe chènevotte interne, et cela était accompli en trempant les plants dans l'eau jusqu'à ce que la chènevotte soit pourrie, de manière à ce que la fibre soit ensuite facilement détachable.
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