Pot et propagande : Des policiers bien intentionnés (janvier 2005)

En matière de pourcentage de THC, des policiers « bien intentionnés » font des « déclarations qui ne sont pas tout à fait exactes », selon la GRC. Les forces policières tiennent un double discours; d’un côté ses porte-parole n’hésitent jamais à dénoncer le pot à « forte teneur en THC » dans les médias, et de l’autre, la GRC reconnaît candidement leurs mensonges dans sa « littérature » officielle.

Pour ce qui est du taux de THC, on peut lire ceci à la page 16 de La culture de la marihuana au Canada : Évolution et tendances actuelles [1] (GRC, novembre 2002)1 : « La culture illicte de marihuana (sic) au Canada a fait l’objet d’une vaste couverture médiatique au début de 1999. Les statistiques avancées relativement à la puissance de la drogue révélaient des niveaux élevés de THC. […] Même les rapports de policiers bien intentionnés contiennent parfois des renseignements semblables qui sont ensuite repris par les médias. La vérité, c’est qu’aucune de ces statistiques n’a été prouvée. »

Toujours selon le même document, les statistiques de Santé Canada concluent que : « Bien que le maximum enregistré soit de 25%, les moyennes annuelles atteintes à l’échelle du pays sont de beaucoup inférieures, soit 6% en 1996-97, 5.5% en 1997-98 et de 5.7% en 1998-99. En fait, le niveau de THC de près du tiers des échantillons était inférieur à 3%. » Donc, sur des milliers d’échantillons analysés par Santé Canada pendant trois ans, un seul échantillon atteignait 25% de THC, les autres dépassant rarement les 12%.

Même constatation dans le rapport de la GRC Situation des drogues en 2003 [2], page 82 : « La marihuana canadienne est de plus en plus désignée comme ayant une « forte teneur » en THC, […]. Il y aurait lieu de préciser que de telles déclarations ne sont pas tout à fait exactes. » Admirez la formule. Suivent les statistiques de Santé Canada pour les deux dernières années qui comptent encore une fois un seul échantillon à 27% de THC, et les deux tiers en bas de 9%.

Santé Canada identifie un échantillon de cannabis à 20% de THC une fois tous les 2 ou 3 ans parmis les milliers d’analyses faites pour l’ensemble des corps policiers canadiens. Statistiquement, un fumeur ordinaire a à peu près autant de chance de tomber sur du super pot à plus de 20% de THC que de gagner le gros lot à la lotto 6/49.

Jean-Marie Laliberté


[1] La culture de la marihuana au Canada : Évolution et tendances actuelles (2002)
http://www.rcmp-grc.gc.ca/crimint/cultivation_f.htm

[2] Situation au Canada, drogues illicites (2003)
http://www.rcmp-grc.gc.ca/crimint/drugs_2003_f.htm