Le Bloc Pot, un seul objectif: lutter pour la légalisation de la marijuana

Le Devoir, samedi 12 avril 2003, p. B5
Deglise, Fabien

Le Bloc Pot n'a pas l'intention de s'envoler dans les hautes sphères du pouvoir politique en faisant entrer au Parlement l'un de ses 56 candidats – «dont 12 filles», se vante le chef, Hugo St-Onge – répartis à travers toute la province. Non, pour une énième année consécutive, cette formation politique s'est lancée dans la campagne électorale avec un seul objectif (fumeux, disent plusieurs) : sensibiliser l'opinion publique aux bienfaits de la légalisation des drogues douces. Point.

Le programme a de quoi faire sourire. Mais Hugo St-Onge, lui, n'a pas vraiment le goût de rigoler. «Des centaines d'arrestations au Québec pour possession de cannabis, des escouades spéciales mises à profit par la police pour débusquer les consommateurs et les gens qui font pousser deux plans de pot dans leur placard, le tout légitimé par un système hypocrite, c'est loin, en 2003, d'être amusant», précise ce jeune étudiant en histoire à l'UQAM.

Le changement version Bloc Pot se décline donc en sept points : mettre fin à l'intervention policière pour la possession (30 grammes et moins), la culture (pour usage personnel) et le trafic (moins de cinq grammes) de marijuana ou de haschisch; légaliser le cannabis; donner aux victimes actuelles les moyens de se défendre; démontrer les avantages sociaux de telles mesures; généraliser l'usage de l'herbe à des fins thérapeutiques. À cela s'ajoutent aussi un amendement à la loi électorale pour permettre aux petits partis de trouver leur place sur l'échiquier politique et un nébuleux «être prêt aux deux éventualités constitutionnelles».

Leur slogan - «On va les planter!» -, qui a poussé sur plusieurs pancartes dans les villes et parfois dans les campagnes, est accrocheur. Il devrait d'ailleurs, à en croire le chef - dont le père, Raynald St-Onge, se présente dans le comté de Borduas pour soutenir la cause de son fils -, permettre d'aller chercher 1,5% des suffrages le 14 avril prochain. Un rêve qui ne devrait pas trop partir en fumée après le dépouillement des urnes puisqu'en 1998, le Bloc Pot avait réussi à séduire près de 10 000 électeurs (0,24% du suffrage) avec 24 candidats à peine.