« Trois onces de marijuana » : motif détaillé des meurtriers présumés d'adolescents

"Tout cela pour plus de trois onces de marijuana et un vol qui aurait dû être signalé à la police mais qui ne l'a pas été", a déclaré Wilson. Au lieu de cela, a-t-il ajouté, Shannon et Campos "ont aidé et encouragé, assisté, encouragé et aidé" David Froste dans sa quête de vengeance.

« Trois onces de marijuana » : motif détaillé des meurtriers présumés d'adolescents
PAR
LAUREN KEENE
22 MARS 2022
5 MINUTES DE LECTURE

Enrique Rios, à gauche, et Elijah Moore, tels qu'ils ont été photographiés dans des dépliants de personnes disparues après leurs disparitions en 2016. Photos de courtoisie

WOODLAND – Lola Rios Gutierrez savait que quelque chose n'allait vraiment pas du tout.

Son fils Enrique Rios, 16 ans, s'était enfui auparavant, mais répondait généralement aux appels ou aux SMS de sa mère après environ un jour. Cette fois, tous les appels sont simplement allés à la messagerie vocale.

Certains de ses textes ont obtenu des réponses, mais ils ne ressemblaient pas à Enrique.

« Je ne peux pas gérer tout cela. Il y a trop de pression sur moi », a déclaré un texte d'octobre 2016, une référence à l'implication d'Enrique dans un programme d'enseignement de la construction auquel il s'était inscrit via son lycée.

Mais Enrique a en fait apprécié le programme, qui lui a valu des compétences pratiques et 800 $ par mois en chèques de paie, a déclaré sa mère.

"Il n'a jamais voulu manquer une journée, car il ne serait pas payé", a déclaré Gutierrez, ajoutant que le style des textes, y compris les fautes d'orthographe fréquentes, a également soulevé des signaux d'alarme.

Quand Elijah Moore a disparu plusieurs semaines plus tard, sa mère Alicia Moore était tout aussi perplexe.

Elijah a disparu début novembre 2016, le lendemain de son 17e anniversaire. Comme son ami Enrique, il gagnait de l'argent grâce au programme de construction, utilisant une partie de son salaire pour aider sa mère à payer les factures du ménage.

"C'était un garçon à maman" qui s'est occupé de son couvre-feu et l'a tenue informée de ses allées et venues, a déclaré Moore. Elle a noté qu'ils parlaient toujours au téléphone, jamais par SMS, car "je devais entendre sa voix".

Ils se sont parlé pour la dernière fois dans l'après-midi du 4 novembre 2016, alors qu'Elijah était sur le point d'encaisser son chèque de paie sur Main Street. "Il m'a dit : 'Maman, je serai bientôt à la maison. J'ai de quoi m'occuper. »

Moore ne l'a jamais revu.

Gutierrez et Moore ont été parmi les premiers témoins à témoigner cette semaine lors du deuxième procès concernant les disparitions et les décès présumés de Rios et Moore.

Chandale Shannon Jr., 25 ans; et Jésus Campos, 22 ans; ont plaidé non coupables de meurtre avec préméditation, d'enlèvement et d'accusations liées aux armes dans l'affaire vieille de près de six ans, qui découlait du vol d’un pot contenant 300 $ de cannabis.

"Vous allez entendre comment deux jeunes hommes ont perdu la vie pour trois onces de marijuana", a déclaré le procureur de district adjoint David Wilson au jury sélectionné pour entendre le procès de quatre semaines devant la Cour supérieure de Yolo.

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Jesus Campos fait sa première comparution devant un tribunal pour adultes en juin 2019. Fred Gladdis/Enterprise file photo

Selon Wilson, c'est Elijah qui a déclenché les meurtres en volant Shannon, Campos et leur ami David Froste – qui, avec le frère de Froste, Jonathan, s'appelait « The Squad » – du pot de marijuana dans la nuit du 16 octobre. , 2016.

"De toute évidence, ce n'était pas une sage décision de la part d'Elijah, mais il n'avait aucune idée de la séquence d'événements qui se déclencherait", a déclaré Wilson.

Enragé par l'arnaque, David Froste a appelé son frère et a partagé son intention de tirer sur Elijah, qui avait fui la scène du vol. À partir de là, Froste, Shannon et Campos ont commencé à contacter les amis d'Elijah pour savoir où il se trouvait.

Shannon a envoyé un message Facebook à Enrique, l'invitant "à faire la fête" ce soir-là, a déclaré Wilson. Enrique, qui n'avait aucune connaissance du vol, a donné son adresse à Sparto pour que le trio vienne le chercher.

Ils l'ont conduit à Second Beach, un lieu de rassemblement populaire dans la campagne de Knights Landing, où David Froste a tiré sur Enrique dans l'estomac, puis dans la tête, après avoir refusé d'attirer Elijah dans le groupe.

"Vous allez entendre qu'il a été assassiné parce qu'il n'a pas abandonné son ami", a déclaré Wilson au jury.

Mais David Froste voulait toujours sa revanche sur Elijah, qu'il a réalisée trois semaines plus tard lorsque les Frostes et Campos l'ont rencontré dans un centre commercial Woodland.

Wilson a déclaré que David Froste avait forcé Elijah à se déshabiller et à monter dans le coffre de la voiture de Jonathan Froste. Sa punition, lui a dit David Froste, serait de rentrer chez lui à pied depuis un endroit très éloigné.

Au lieu de cela, le trio a récupéré Shannon et s'est rendu une fois de plus dans la campagne de Knights Landing, planifiant prétendument le meurtre d'Elijah alors qu'il "implorait pour sa vie et suppliait d'appeler sa mère", a déclaré Wilson.

Les enquêteurs disent que le quatuor a à tour de rôle matraqué Elijah avec une branche d'arbre, après quoi David Froste a laissé tomber une bûche sur sa tête et lui a tiré dessus. Ils ont brûlé et enterré son corps, apparemment près de la tombe d'Enrique, avant de retourner à Woodland et d'utiliser l'argent d'Elijah pour dîner chez Denny's.

Malgré des recherches répétées, dont plusieurs au cours desquelles Campos, Shannon et Jonathan Froste ont tenté d'aider les forces de l'ordre à localiser les tombes, aucun des corps n'a jamais été retrouvé.

"Tout cela pour plus de trois onces de marijuana et un vol qui aurait dû être signalé à la police mais qui ne l'a pas été", a déclaré Wilson. Au lieu de cela, a-t-il ajouté, Shannon et Campos "ont aidé et encouragé, assisté, encouragé et aidé" David Froste dans sa quête de vengeance.

L'avocat de Campos, David Nelson, a fait une brève déclaration liminaire lundi dans laquelle il a exhorté les jurés à garder l'esprit ouvert sur le rôle présumé de son client dans les homicides.

Bien que les procureurs disent que c'est Campos qui s'est vanté à plusieurs reprises des meurtres auprès de ses amis, ce qui a conduit les enquêteurs à se tourner vers The Squad, "vous n'entendrez rien du fait que Jesus Campos ait tué qui que ce soit", a-t- il déclaré.

Ce qu'ils entendront, a ajouté Nelson, c'est que Campos n'avait que 16 ans à l'époque et a agi sur les ordres d'un David Froste plus âgé et plus mature, "étant sous son influence et sa direction, et le craignant autant que les victimes elles-mêmes". craignait David Froste.

« Vous n'êtes pas ici pour accepter le témoignage des gens. Vous êtes ici pour le tester », a déclaré Nelson.

Bob Spangler, l'avocat de Shannon, a reporté ses remarques liminaires jusqu'à ce que l'accusation ait terminé sa thèse.

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Chandale Shannon arrive pour une audience de mise en état en juillet 2018 devant la Cour supérieure de Yolo. Photo d'archive Fred Gladdis/Enterprise

Quelques jours après la disparition de leurs fils, Alicia Moore et Lola Gutierrez ont déposé des rapports de personne disparue et lancé des efforts très médiatisés pour localiser leurs fils, en publiant des dépliants, en organisant des veillées aux chandelles et en créant des lignes de renseignements.

Une enquête de près de deux ans menée par le département de police de Woodland et le bureau du shérif du comté de Yolo, puis rejointe par le FBI, a abouti à l'arrestation de The Squad en juin 2018, avec des déclarations de témoins, des enregistrements de téléphones portables et de médias sociaux, ainsi que le suivi des données GPS. les mouvements de leurs téléphones, les liant prétendument aux crimes.

David Froste a été jugé pour la première fois à l'automne 2018, peu de temps après que Jonathan Froste ait accepté de témoigner pour l'accusation en échange d'une condamnation pour meurtre au deuxième degré. Il purge une peine de prison d'État à perpétuité sans possibilité de libération conditionnelle.

Wilson a commencé le deuxième procès lundi en appelant une série de témoins qui ont détaillé le manque soudain de communication d'Enrique et Elijah avec eux à l'automne 2016, leur silence inhabituel indiquant qu'ils ne sont plus en vie.

En plus de Gutierrez et Moore, le père biologique de Rios, Chris Giles, et le beau-père Pedro Gutierrez ont confirmé qu'ils n'avaient pas vu l'adolescent ni reçu d'appel ou de message vocal de sa part depuis le jour de sa disparition.

"Non", a déclaré Pedro Gutierrez. "Je souhaite."

— Contactez Lauren Keene à lkeene@davisenterprise.net . Suivez-la sur Twitter à @laurenkeene

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Le cannabis n'entraine pas de comportement violents !

Le cannabis n'entraine pas de comportement violents pour la majorité de consommateurs !

Les drogues criminogènes directes par excellence sont l’alcool, les amphétamines, la cocaïne et la phencyclidine (PCP).

Un des phénomènes liés à la toxicomanie est la criminalité. Celle-ci peut être directe (certains psychotropes entraînent un comportement violent qui engendre la commission de crimes de nature diverse) ou indirecte (les personnes commettent un acte criminel pour se procurer l’argent ou la drogue sans que la substance ait un effet intrinsèque d’agressivité).

Plusieurs psychotropes appartenant à des classes pharmacologiques distinctes peuvent induire la tolérance, la dépendance psychologique, la dépendance physique et la toxicomanie. Un des phénomènes résultant de la toxicomanie est la criminalité.

Les drogues criminogènes directes par excellence sont l’alcool, les amphétamines, la cocaïne et la phencyclidine (PCP). La nature et la sévérité des effets toxiques de ces substances sont associées à divers facteurs (Ben Amar et al., 2006 ; Ben Amar, 2007).

La relation intoxication-criminalité est complexe. Elle dépend, entre autres, du type de psychotrope utilisé, de sa pureté, des doses consommées, de la fréquence, du mode et de la durée d’administration, des phénomènes de tolérance et de dépendance, de l’usage concomitant de deux ou plusieurs drogues (phénomène d’interactions pharmacologiques) et de facteurs biopsychosociaux propres à chaque individu, incluant sa sensibilité, sa personnalité et la présence simultanée d’un trouble mental.

Divers psychotropes ont des propriétés qui facilitent un passage à l’acte criminel. À titre d’exemple, une étude effectuée dans les centres de détention fédéraux du Canada illustre qu’un nombre significatif de détenus considèrent leur état d’intoxication comme un facteur responsable de la commission du délit qui les a conduits à la prison : 92 % d’entre eux pensent que l’alcool a affecté leur jugement et 83 % tiennent le même propos pour les substances illicites. De même, 50 % affirment que l’alcool les a rendus plus querelleurs et 33 % pensent que la drogue les a poussés à être plus belliqueux (Brochu et al., 1999).

Au Québec, un pourcentage élevé de femmes incarcérées à la Maison Tanguay (47 %) et d’hommes emprisonnés au Centre de détention de Montréal (60 %) avouent avoir été sous l’influence de l’alcool ou d’une substance illicite lors de la commission du délit le plus grave pour lequel ils sont écroués (Pernanen et al., 2002).

Une autre enquête menée dans les pénitenciers du Québec révèle que 36 % des détenus affirment avoir consommé une substance illicite la journée du délit qui a mené à leur emprisonnement (Brochu et al., 1999). De ceux-ci, 29 % avouent que leur consommation les a rendus plus agressifs (Brochu et al., 1999 ; Sun et al., 2004).

Lors de guerres on fournissait des stimulants aux soldats pour qu'ils soient agressifs, éveillés.
Et de l'alcool !

Ne pas oublier que l'alcool à participé à gagner des guerres et commettre vengeance et exactions.

https://www.cairn.info/revue-guerres-mondiales-et-conflits-contemporains...

1914-1918 : l'alcool aux armées. représentations et essai de typologie
François Cochet
Dans Guerres mondiales et conflits contemporains 2006/2 (n° 222), pages 19 à 32
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1- Peu de couples font autant sens, en apparence, que les termes d’ « alcool » et de « Grande Guerre ». Le lien entre les deux semble aller de soi et être intranchable. La mémoire collective associe le « pinard » aux « poilus » presque aussi sûrement que ces derniers aux « totos ». Au-delà de la réalité du phénomène, attesté par toutes les sources, ce lien relève aussi de systèmes de représentations tant civils que militaires. L’historien qui cherche à aborder de la manière la plus rigoureuse possible cette grave question des pratiques d’alcoolisation du front se heurte, comme souvent, à toute une série de difficultés, qui tiennent non seulement aux sources, mais aussi à la concrétisation mémorielle de convictions à la fois solides en apparence et emboîtées, loin d’être évidentes à démêler.

2- Le système de représentations de l’appareil militaire, à l’égard des consommations d’alcool, oscille entre un regard de connivence tacite par rapport à l’ivrognerie et une perception qui tend à leur attribuer tous les comportements déviants, par rapport à la discipline. À l’autre extrémité du spectre représentatif, les pacifistes des années 1920 et 1930 donnent de l’alcool une valeur d’ « assommoir » qui masquerait la violence des officiers et permettrait de refouler la guerre.

3- Peut-on essayer de dépasser ces topoï et d’approcher une typologie de ce que furent les comportements d’alcoolisation aux armées entre 1914 et 1918 ? Le singulier s’impose-t-il lorsque l’on veut évoquer le rôle de l’alcool au front ? Les troupes au front ne constituent pas un ensemble parfait, ni dans leurs relations à la guerre, en intensité comme en temporalités, ni dans leurs conditions de vie matérielles et psychologiques. En cela, nous devons nous demander si le recours à l’alcool se présente sous une forme unique ou s’il existe une panoplie de consommation alcoolique. Pour approcher ces pratiques, il nous faut, bien sûr, tout d’abord, identifier des comportements, prendre en compte des manifestations multiples de l’alcoolisme au front avant de proposer quelques pistes de pratiques différentielles, afin de rompre avec les stéréotypes ou, à tout le moins, d’essayer de les relativiser.

DES PRATIQUES MASSIVEMENT ATTESTÉES

4- Tant à la mobilisation que durant toute la guerre, le nombre d’occurrences dans de nombreux récits, journaux quotidiens et témoignages d’époque qui concernent des consommations d’alcool, est très élevé et s’exprime dans des milieux tant sociologiques que guerriers (place par rapport à la ligne de feu, par exemple) extrêmement variés. Le terme « pinard » semble provenir de Champagne et de Lorraine avant la Grande Guerre, même s’il semble déjà en usage dans les troupes coloniales avant la guerre. Durant le conflit, plusieurs mots désignant le vin sont en concurrence, avant que le « pinard » ne l’emporte définitivement [1]
[1]
Voir la mise au point de Claude Dubois, « Pinard », 14-18. Le…. Il n’est pas question ici de prétendre en faire une recension complète, les débats sur le statut du témoignage devant être dépassés. Nous utiliserons simplement quelques exemples fiables.

5- La mobilisation voit fleurir les scènes d’ivrognerie. L’ « enthousiasme » que d’aucuns ont voulu voir sur certains grands boulevards parisiens en relève en partie. Dans la culture militaire de l’époque, c’est un rappel aux beuveries qui suivent le conseil de révision et s’inscrivent dans des rites de virilisation ( « bon pour le service, bon pour les filles » ). Dans le cas de la mobilisation générale, l’angoisse de l’avenir immédiat, la gravité de la situation peuvent également justifier les généreuses libations. Le 6 août 1914, Étienne Tanty, du 129e RI, décrit son départ de Harfleur. Il est éloquent : « Nous sommes dans les derniers préparatifs, c’est absolument fou. C’est du Zola, du Maupassant, un épisode des soirées de Médan. Les deux tiers de la compagnie sont saouls, braillent, les gradés ne peuvent se faire entendre. C’est une foire, un désordre invraisemblable. » [2]
[2]
Étienne Tanty, cité par André Bach, Fusillés pour l’exemple,… Le surlendemain, près de Mézières, le même Tanty constate que les choses ne s’arrangent pas : « À 7 h 45, au moment de rassembler la compagnie, ce fut un spectacle qui eût été comique mais qui n’était que lamentable. Les deux tiers, largement, ne savaient plus où ils étaient, ils perdaient tout, ils bouleversaient tout, ils ne tenaient plus debout, ils s’amenaient à demi équipés, en gueulant. » [3]
[3]
Cité par André Bach, op. cit., p. 87-88. Fernand Tailhades fête également son départ à la mobilisation. Le 27 août 1914, à 3 km de Montbéliard, il rend hommage au vin en termes non dissimulés : « Aussi, beaucoup d’entre nous y firent tellement honneur que, le soir, ils se trouvaient dans les paradis de Bacchus. » [4]
[4]
Eckart Birnstiel et Rémy Cazals (sous la dir. de), Ennemis… Lorsque la vraie guerre – et non celle qu’on s’imaginait – est là, les pratiques de beuverie ne diminuent pas. Le 19 novembre 1914, le même Tailhades, se trouvant en complément de réserve, constate : « Nous en profitons un peu pour nous refaire. Nous trouvions du vin à 12 sous le litre, ainsi que de la bière, aussi les couleurs revenaient vite. Chaque jour, on allait passer la soirée au café. » [5]
[5]
Ibid., p. 166. Au printemps de 1915, en section de réserve, à 300 m des premières lignes, il écrit : « Chaque jour, un homme était désigné pour aller dans le premier village chercher du vin, que nous payions 11 sous le litre. Aussi, nous en avions à volonté. » [6]
[6]
Ibid., p. 169. Dans la famille Papillon, Lucien [7]
[7]
« J’ai vu Marcel hier. On a bu un bon canon », Marthe, Joseph,… aussi bien que Marcel [8]
[8]
« Je bois mon litre à chaque repas, je suis devenu soiffard… ont fréquemment recours à la boisson.

6- L’atmosphère de retraite lève encore plus d’interdits quand elle ne débouche pas sur des comportements déviants de la part des soldats par rapport à la discipline des armées. Le 29 août 1914, dans ce contexte de repli, l’aide-major Faleur se fait canarder par trois « Marsouins » saouls lors de la retraite de la Marne [9]
[9]
Journal de Georges Faleur. Le 29 août 1914. Inédit et non…. L’artilleur de la « légère », Delbast, note le 29 mai 1918, à une date où les troupes françaises sont encore en recul face à la poussée allemande, commencée en mars : « J’arrive à Coincy. Là encore, on nous donne du vin en masse mais pas à manger car il n’y avait pas de pain. Je vois monter des renforts de la division marocaine. Un marchand de vin avant de partir avait déboucher (sic) ses tonneaux. Sa cave et sa cour étaient innondées (sic) de vin. J’ai vu des soldats qui perçait (sic) des tonneaux à coups de baïonnettes ou à coups de revolver. » [10]
[10]
Mobilisé en 1916 dans l’artillerie de campagne (batterie…

LES REGARDS DE LA HIÉRARCHIE ET DES SOLDATS

7- Dans un premier temps, la hiérarchie militaire voit d’abord dans le « pinard » un aliment tout court et un aliment du moral plus encore. C’est l’époque où les médecins eux-mêmes considèrent, à l’image du biologiste Pasteur, que le vin est une boisson hygiénique, à condition de ne pas dépasser 1 l par jour. La tolérance sociale est plus grande encore à l’égard des « travailleurs de force » – les soldats n’en sont-ils pas ? –, dont on pense qu’ils peuvent aller jusqu’à 2 l par jour. Il est vrai aussi que les vins courants de l’époque titrent souvent aux alentours de 10o seulement. Il n’empêche. Il y a bien une lecture sociale de tolérance élevée à l’encontre de la consommation de vin, jugée comme la boisson nationale par excellence. La prise de boisson – jusqu’à l’intempérance – s’inscrit donc dans une série de représentations mentales et culturelles qui opposent le bon vin français à l’amère bière allemande – la joie de vivre simple, gauloise, à l’aigreur teutonne.

8- Mais, de plus, une « alcoolisation incitative » est incontestablement maniée par les autorités militaires. Il s’agit de donner du courage aux soldats avant la bataille, de les rendre un peu « gris », au moment de l’assaut notamment. Ces pratiques, qui consistent à se « donner du cœur à l’ouvrage », en même temps qu’elles évoquent le verre du condamné, existent depuis fort longtemps dans de nombreuses armées du monde. Même si son témoignage peut paraître parfois exagéré et rédigé a posteriori, Octave Levavasseur, officier d’artillerie des armées napoléoniennes, écrit, à la veille de la bataille d’Austerlitz : « Le soir du 1er décembre, l’Empereur ordonna qu’il fût distribué des rations d’eau-de-vie et il prescrivit l’attaque pour le matin [...] le 2 décembre, dès 2 heures du matin, on distribue l’eau-de-vie et on donne en même temps l’ordre de mouvement » [11]
[11]
Souvenirs militaires d’Octave Levavasseur, officier…. Cette utilisation « offensive » de l’alcool est reconnue d’ailleurs, même à mots couverts, par la médecine militaire. « Doit-on le dire ? Il semble qu’à plusieurs reprises des distributions de rhum ou d’eau-de-vie aient été faites aux troupes destinées à l’attaque prochaine. » [12]
[12]
Rapport du Dr Briand, Archives du Service de santé des armées…

9- Pourtant, signe d’une ambiguïté certaine dans ses approches de la question de la consommation d’alcool, le commandement regrette, dans le même temps, les consommations excessives qui remettent en question la discipline militaire [13]
[13]
Voir, sur ces dimensions, les p. 241-246 de Guy Pedroncini, Les…. En juin 1915, déjà, une note de service du détachement Carbillet, dans le secteur de Dombasle, alerte les commandants d’unités. « La statistique du greffe du Conseil de guerre de la 29e division d’infanterie fait ressortir que 50 % des militaires condamnés étaient en état d’ivresse quand ils ont commis des fautes qui les ont conduits devant la justice militaire. Cette constatation devra être méditée dans les corps et services de la division. Les gradés et les officiers devront surveiller de près la consommation des boissons au cantonnement surtout, et punir sévèrement tout abus. » [14]
[14]
Cité par André Bach, op. cit., p. 474. Nicolas Offenstadt, étudiant les dossiers de certains fusillés de la guerre, constate combien les « antécédents héréditaires alcooliques » sont avancés pour alourdir le jugement porté sur tel ou tel mutin [15]
[15]
Ici Dossier Pierre Serre, dans Nicolas Offenstadt, Les fusillés….

10- La lutte contre l’alcoolisme permet à la hiérarchie militaire de rappeler quelles sont les contraintes qui pèsent sur le soldat qui s’enivre. Le Grand Quartier général, sous la plume de l’aide-major général Pellé, prend position, le 31 janvier 1915 : « Un militaire qui s’enivre en vue de se mettre dans l’impossibilité d’être maintenu utilement à son poste commet le crime ou le délit d’abandon de poste. Son cas est analogue à celui du mutilé volontaire, dont la situation a fait l’objet de mon instruction no 4872 du 12 septembre 1914. Mais il n’en est pas de même si, en s’enivrant, il n’a pas eu l’intention de se soustraire à son devoir. L’intention coupable est, en effet, en règle générale un des éléments constitutifs du crime ou du délit. » [16]
[16]
Texte cité par André Bach, op. cit., p. 473. L’ambiguïté du discours sur l’intentionnalité peut laisser perplexe et doit être particulièrement difficile à démêler par la hiérarchie de terrain. Cela incite à penser que les vrais seuils de tolérance à l’égard de l’alcool doivent être définis, spontanément, par micro-négociations tacites et spontanées entre les hommes de troupe et leur commandement de contact.

11- Le lieutenant-colonel Bourguet est l’un des rares acteurs à avoir laissé une trace des méthodes qu’il met en œuvre pour lutter contre l’alcoolisme. La thérapie est rude : « La lutte contre les ivrognes. L’idée de les mettre au bivouac. Huit jours de marche dont trois de nuit. Nous ne laissons pas de traînards et l’attitude du 116e est très remarquée. Réussirai-je ? Peut-être non, parce que j’exige beaucoup de tous, officiers et hommes de troupe, et frappe dur. Peut-être oui, parce que je m’occupe beaucoup du soldat et impose à tous le même souci. » [17]
[17]
Lieutenant-colonel Samuel Bourguet, L’Aube sanglante. De la…

12- Les pouvoirs publics civils sont, semble-t-il, plus lents que la hiérarchie militaire à s’émouvoir des dégâts causés par l’alcoolisme dans le pays. Le 18 septembre 1918, Georges Clemenceau déclare : « La consommation d’alcool et de boisons alcoolisées fait courir à l’heure actuelle au pays tout entier des dangers auxquels le gouvernement a le droit de porter remède d’une manière énergique, tant pour la discipline que pour la santé de tous. » [18]
[18]
Cité par Frédéric Rousseau dans La guerre censurée. Une… Gouvernement et commandements militaires dénoncent ensemble l’irresponsabilité des maires des communes de la zone des armées. Il s’agit là d’une incontestable hypocrisie nationale. Le problème de l’alcool ne relève pas seulement du laxisme des édiles. C’est bien l’ensemble d’une chaîne d’appréciation, un regard complet qui construit les attitudes sociales d’alors. Des mesures sont prises, mais, comme souvent dans la culture politique française, il n’est pas certain qu’elles aient été appliquées avec fermeté.

13- En 1915, l’absinthe est interdite. La teneur en alcool des spiritueux proposés à la vente est limitée à 23o. La vente est théoriquement interdite aux femmes et aux militaires de la zone des armées. Une loi du 6 mars 1917 interdit les boissons alcoolisées sur les lieux de travail. Mais, aspect très important de la réception/perception sociale de l’alcool à l’époque, autant qu’hypocrisie publique, le vin, la bière et le cidre ne sont pas concernés par la loi. Une autre loi du 1er octobre 1917 prévoit la répression de l’ivresse publique. Des amendes et même des peines d’emprisonnement sont prévues, mais uniquement en cas de récidive. La suspension des droits de vote et d’éligibilité, l’exclusion de la fonction publique font partie des mesures évoquées par le texte de loi. En 1918, c’est surtout par l’augmentation des taxes sur les spiritueux que l’État lutte contre le phénomène social de l’alcool.

14- Avec le temps, le « pinard » et la « gnôle » deviennent des éléments incontournables de la mémoire des anciens poilus. Armelle Klein-Fontan, interrogeant des anciens de 1914-1918 au début des années 1990, accède à cet horizon mémoriel. Ce dernier n’est pas unanime pour autant, prouvant au passage que, si « culture de guerre » il y a, elle est tout sauf moniste. Les pratiques d’alcoolisation systématiques sont implicitement rejetées sur l’ennemi. C’est là un grand classique du genre mémoriel. C’est toujours l’autre qui boit, de la même manière que, depuis les conflits de l’Antiquité, le barbare est toujours l’autre, celui d’en face, surtout dans le discours médiatisé. « L’histoire des attaques où on nous servait de l’eau-de-vie, vous savez... oui, on en avait, mais on n’était pas dopés [19]
[19]
L’emploi d’un terme venu du monde du sport mis en spectacle est…. Il y a des attaques allemandes où ils étaient vraiment dopés, ça c’est très vrai. » [20]
[20]
Armelle Klein-Fontan, interview de S. C. Histoire orale.… Un autre témoin tardif, dans un langage très elliptique et sans doute partiellement mimé, au cours de l’entretien, rappelle que les mondes du front connaissent bien des ruptures de solidarité. Les unités réellement combattantes sont en bout de chaîne et toujours les plus mal loties en fourniture de « pinard ». L’un des témoins interrogés rappelle les pratiques de détournement de la part des unités de l’arrière-front. « À la fin de la guerre, je me suis occupé de la distribution du vin, on m’y avait collé avec des vieux. Cela se passait drôlement, cela ne devrait pas se dire... “Je te baptise saint jean, je te baptise hein... et je te rebaptise.” » [21]
[21]
Armelle Klein-Fontan, entretien avec J. M., op. cit.,…

15- La réalité du phénomène de consommation massive d’alcool aux armées est, à tout le moins, bien mesurable à l’aide de différents indicateurs convergents. Citant les archives du Services de santé des armées, Pierre Darmon exploite un rapport du Dr Briand au ministre de la Guerre sur le service des psychoses du camp retranché de Paris, du 15 décembre 1915 au 31 décembre 1916. Sur 3 832 soldats soignés entre ces deux dates pour troubles psychiatriques, 653 (20 %) sont considérés comme des alcooliques avancés [22]
[22]
Pierre Darmon, op. cit., Archives du Service de santé des….

LES ERREMENTS DE LA VIE CIVILE : DES PRATIQUES SOCIALES DéJà BIEN ANCRÉES ET UNE OFFRE ABONDANTE

16- Des pratiques venues de la vie civile, notamment du monde du travail, et d’une lecture virile de la société, convergent pour assurer la porosité des comportements à l’égard de l’alcool dans la culture militaire.

17- La société française des débuts du XXe siècle consomme des boissons alcoolisées à doses bien plus élevées qu’aujourd’hui. La France de 1914 compte 480 000 débits de boisson, soit un pour 30 adultes. En 1912, la CGT avait recommandé le boycott de l’alcool, « tueur d’énergies et d’organisations prolétariennes » [23]
[23]
Cité par Pierre Darmon, op. cit., p. 240-241.. En 1905, le Dr Legrain estime à 317 l par habitant (enfants y compris) et par an la consommation moyenne de vin de la banlieue parisienne. Les 6 000 hl d’absinthe produits en 1875 deviennent 200 000 en 1906 [24]
[24]
Jacques-Olivier Boudon, « Le monde ouvrier à la veille de la…. La montée de consommation des alcools forts, notamment, est attestée durant les premières années du XXe siècle. Cela signifie très concrètement que la Grande Guerre ne joue pas, dans ce registre comme dans bien d’autres, le rôle de « matrice » absolue que certains lui accordent aujourd’hui. Dans le domaine des consommations alcooliques, les pratiques de la guerre viennent développer des comportements déjà identifiables avant 1914.

18- Germain Cuzacq, soldat de base tué en 1916, laisse discrètement transparaître cette imprégnation par l’alcool des sociétés rurales et urbaines de la France de l’époque. Dans une lettre non datée, sans doute du 9 juin 1915, il écrit, à sa femme : « Je pense bien que tu as toujours des choses à supporter des ivrognes, mais tu sais comment ils faisaient envers moi, je sais bien ce qu’ils sont. » [25]
[25]
Le Soldat de Lagraulet, lettres de Germain Cuzacq écrites au… Léon Papillon, alors qu’il n’est pas encore mobilisé, rappelle à ses frères qu’après la foire de Vézelay « à présent on peut prendre des bonnes muflées à bon marché [...] hier soir, le père Papillon avait une célèbre cuite, car c’était le jour de foire » [26]
[26]
Si je reviens..., op. cit., p. 100.. Marc Bloch décrit ainsi les soldats bretons qu’il commande un moment : « [...] vieillis avant l’âge, ils semblaient déprimés par la misère et par l’alcool. » [27]
[27]
Marc Bloch, Écrits de guerre, présentés par Étienne Bloch,…

19- En outre, les surconsommations alcooliques sont également le fait des populations de l’arrière, notamment celles qui sont intégrées dans des processus de fabrications industrielles liées à la guerre. Les procédés d’intensification du travail sont caractéristiques de la Grande Guerre. Les industriels, bénéficiant d’ailleurs du regard bienveillant de l’Inspection du travail dans ce registre, au moins au début de la guerre, imposent des rythmes de travail qui ressemblent à ceux de la « deuxième révolution industrielle » des années 1880. Le recours à l’alcool comme moyen d’échapper à l’aliénation du travail est un grand classique du XIXe siècle. La bourgeoisie industrielle invente le dicton : « L’alcool est la plaie des classes qui travaillent. » Cette sur-alcoolisation peut être perçue comme une réponse spontanée à l’intensification du travail. Elle a été mesurée à l’époque déjà. Dans une circulaire du 6 février 1917, Albert Thomas, devenu ministre de l’Armement, déplore « les progrès inquiétants de l’alcoolisme parmi les ouvriers travaillant dans les usines de guerre », quand le Bulletin du ministère du Travail de juillet 1917 constate également un développement de l’alcoolisme chez les ouvrières qui, « transplantées dans un milieu nouveau, soumises à des conditions inaccoutumées, cèdent plus facilement à la tentation » [28]
[28]
Ces deux citations proviennent de Pierre Darmon, op. cit.,….

20- L’apprentissage de la vie militaire a laissé également des traces tangibles. L’image du sous-officier abusant de son autorité parce que rempli d’alcool ne relève pas uniquement du modèle littéraire de l’adjudant Flick [29]
[29]
Cf. la pièce de Georges Courteline, Le train de 8 h 47, qui…. La convivialité, créée par la consommation partagée d’alcool, s’inscrit aussi dans une société masculine. L’alcool agit alors comme un liant du groupe, rappelle les rites initiatiques à la fois du civil – la « cuite » des apprentis par les plus anciens – comme ceux du temps du service militaire où la « bleusaille » accède à la virilité par quelques bons « canons ». Le soldat sobre dénote d’ailleurs, voire inquiète le groupe masculin. La sobriété revendiquée évoque une manière de féminité suspecte ou d’homosexualité [30]
[30]
Voir Daniel Floris, La vie quotidienne des soldats et les…. Dans ces sociétés du front, l’échange est une donnée importante. Les soldats qui ne boivent pas leurs rations de vin les transmettent amicalement à leurs camarades, et ce, par-delà la hiérarchie des grades. « J’ai aussi quelque bon coup de vin en plus car le lieutenant qui n’est pas un grand buveur me donne l’excédent », constate Germain Cuzacq, un temps ordonnance d’un officier [31]
[31]
Le Soldat de Lagraulet, op. cit., p. 122..

21- Outre des comportements d’ordre sociologique et culturel, les consommations élevées d’alcool durant la Grande Guerre relèvent également d’une simple théorie économique de l’offre. Pierre Barral a identifié, depuis de nombreuses années, cette offre qui provient, en grande partie, des producteurs du Midi viticole. « La ration quotidienne, seulement » éventuelle « avant guerre, a été portée de 25 cl en décembre 1914 à 1 l en novembre 1916. Les producteurs de France et d’Algérie, qui ont poussé à cette mesure, ont ensuite peine à satisfaire les demandes de l’intendance qui doit effectuer des achats complémentaires en Espagne et au Portugal. [...] À ce “pinard de l’intendance”, objet d’innombrables plaisanteries et chansons, s’ajoute celui qui afflue par les divers circuits commerciaux. » Ainsi, pendant la bataille de Verdun, le négociant champenois Damoy est-il autorisé à faire pénétrer dans la zone du front des « camions-bazars » dans lesquels le vin ne manque pas [32]
[32]
Pierre Barral, « L’intendance », Les fronts invisibles.…. Au total, on sait combien les lobbies des distillateurs, des producteurs de vin et des fabricants de liqueur sont puissants.

22Il faut alors tenter de nuancer les types d’alcoolisation que l’on peut constater au front. Toutes les surconsommations – si elles s’appuient sur les mêmes produits, même s’il peut exister des différences énormes de qualité entre le « vin bouché » que peuvent se payer les officiers et certains soldats fortunés et le « pinard » des humbles – ne constituent pas des réponses invariables à d’identiques traumas.

UNE TENTATIVE DE TYPOLOGIE

Une réponse au danger immédiat : l’alcool de compensation des vrais combattants
23- Les effets de désinhibition de la consommation d’alcool, pour les véritables combattants, que nous entendons ici essentiellement au sens des régiments d’infanterie et de ceux de l’artillerie légère, peuvent parfaitement être analysés en les replaçant dans les rythmes que la guerre impose à ces troupes. Rythmes faits d’allers-retours permanents, selon des scansions certes très variables, entre les premières lignes (où ils peuvent connaître les « coups durs » ou les « grands coups ») et les lignes de repos de l’arrière-front.

24- Le temps des premiers combats est un temps de consommation spontanée d’alcool, pour éloigner la peur. Les premières explosions qui se rapprochent alimentent une angoisse que certains combattent à l’aide de « provisions » personnelles. Ainsi lors de son contact avec le feu, le 20 août 1914, Jean Dupouy, un des « soldats de Lagraulet », note-t-il : « Les obus sifflent autour de moi. Mon sac est même traversé par une balle. Je rencontre une connaissance, le sergent Ducourneau de Brocas. Chacun de nous avait une bouteille de Pernod et nous nous gargarisions de temps en temps car il faisait très chaud. » [33]
[33]
Le Soldat de Lagraulet., op. cit., p. 21.

25- L’alcoolisation du temps de repos est, pour ce qui la concerne, attestée par un nombre considérable de témoins. Les carnets inédits de l’artilleur Delbast l’attestent, par exemple. La « bombe » avec force recours à l’alcool est souvent le premier réflexe du combattant qui retrouve des parages moins dangereux que les premières lignes. Le 4 juin 1918, il écrit : « Nous arrivons dans une espèce de patelin nommé Moutils (?). Là on fait bien la bombe car on commence à s’éloigner du front. » [34]
[34]
Carnet Delbast, le 4 juin 1918. Le capitaine Delvert note, le 14 juillet 1916, après de très durs combats : « Le soir, on avait un peu fêté le 14 Juillet à la compagnie. Pas mal de pochards. Enfin ! Pauvres gens ! C’est leur seule distraction. » [35]
[35]
Charles Delvert, Carnets d’un fantassin. Massiges 1916, Verdun,… Delvert, en bon officier, même s’il est « de complément », a parfaitement compris la nécessité d’échapper à la quotidienneté de la « biffe ». Il décrypte parfaitement le stress que subissent les combattants et anticipe largement les analyses de la « culture de guerre » pour identifier certains comportements. « J’ai rencontré, ce soir que j’étais sorti à cheval, le père S... Ce brave homme était encore ivre. Voilà un pauvre homme qui jusqu’ici, certainement, a été un père de famille et un mari exemplaires et dont la guerre aura fait un ivrogne. Celui-là avait besoin de sa “bourgeoise” pour le surveiller. Il ne l’a plus auprès de lui, il se débauche. » [36]
[36]
Charles Delvert, op. cit., le lundi 12 juin 1916, p. 185. Le sergent Granger avance, le 5 août 1917 : « Le soir, c’est une saoulographie presque générale et déconcertante. J’en suis écœuré et je me demande s’il est possible que des hommes s’abaissent aussi bas. » [37]
[37]
Carnets de guerre du sergent Granger, présentés par Roger… Marc Bloch, au repos dans les Ardennes, fin août 1914, note, pudiquement : « Trop d’eau de vie en vente. » [38]
[38]
Marc Bloch, Écrits de guerre, op. cit., le 30 août 1914, p. 42.

26- Marcel Papillon résume assez bien les pratiques quotidiennes du temps de « repos » durant lequel la joie de se savoir encore vivant passe, le plus souvent, par la consommation d’alcool. « Nous remontons ce soir aux tranchées pour une nouvelle période de douze jours. Nos six jours de repos se sont bien passés ; le patelin est très agréable et nous avons eu vite fait de dénicher les bons coins. Tous les soirs, nous nous réunissions sept à huit copains, y compris Moreau, et en buvant un bon canon, nous dégustions une vieille salade aux choux. » [39]
[39]
Si je reviens..., op. cit., le 13 octobre 1916, secteur de… Un ancien des corps francs témoigne de cette phase de décompensation qui suit les combats. « La dernière fois que nous avons été au repos dans ce sale secteur, nous sommes venus à Sainte-Menehould. Là on s’est délassé un peu et comme nous avions presque tous du “pognon”, on a bu du champagne et du bon, du “Mouetté-Chandong” (sic), on s’en privait pas. » [40]
[40]
Guillaume Fournis, cité par Roger Laouenan. Nous les poilus.…

27- Les retours de permission induisent incontestablement des alcoolisations importantes. Elles sont mesurables par la convergence d’indicateurs bien différents. Ce sont les rapports des inspecteurs de police chargés de la surveillance des gares. Le 28 juin 1917, le commissaire de police de Limoges fait état de troubles qui ont eu lieu dans la gare de cette ville. « Vers 10 heures et demie, un soldat en état d’ivresse se présenta à la grille. » Il profère des menaces contre les agents de police présents, entraîne une partie des présents dans une bousculade contre les sentinelles [41]
[41]
Archives départementales de la Haute-Vienne, R. 263.. Ce sont aussi les indicateurs fournis par la hiérarchie militaire. Selon le Dr Briand, du Val-de-Grâce, parmi ses patients en attente d’un conseil de guerre pour désertion, la moitié doit cette situation à l’alcool [42]
[42]
Archives du Service de santé des armées, carton A 73, Rapport…. Dépit à l’égard des « embusqués », hantise de retourner au « casse-pipe », toutes ces manifestations de compensation nous projettent à des années-lumière du « patriotisme ardent » décrit çà et là.

28- La remontée aux lignes, après plusieurs jours de « repos » consacrés quasi exclusivement aux travaux et exercices, suscite aussi un recours massif à l’alcool. « On apprend qu’on repart aux tranchées. Quel coup ! Si on s’attendait à ça ! 3 heures du matin : la compagnie arrive en partie, des hommes en file, car dégoûtés, beaucoup ont bu plus qu’il ne fallait, on est à 50 m des Boches. » [43]
[43]
Souvenirs du sergent Louis Larché, dimanche 30 avril 1916…

29- Ainsi, à chaque moment clé de la vie quotidienne des « Pauvres couillons du front », l’alcool vient compenser partiellement, par ses effets, les angoisses multiples et de nature variée des « bonshommes ». La célébration de la victoire passe, bien sûr, également, en novembre 1918, par un recours à l’élément festif qu’est le vin, en particulier le champagne. Même si l’on tient compte d’une part de reconstruction mémorielle, le témoignage du sergent puis aspirant D. N. est éloquent : « À la popote officiers, on a bu le champagne pendant une quinzaine de jours, matin et soir. » [44]
[44]
Armelle Klein-Fontan, op. cit., p. 120.

30- En fonction de cet alcoolisme de compensation, il peut se développer des formes d’accoutumance que les soldats ne reconnaissent pas forcément. Peu semblent atteindre cependant le stade de la dipsomanie qui signifie l’impossibilité de se passer de quantités massives d’alcool, comme ce soldat cité par Louis Barthas : « Le lendemain à l’aube, il arriva, et dans quel état ! Il s’était roulé dans des fondrières de boue, puis s’était endormi d’après les lois naturelles de l’ivresse et protégé contre le froid par Bacchus, le dieu des ivrognes. » [45]
[45]
Les carnets de Louis Barthas, tonnelier, 1914-1918, présentés…

31- De ces processus de désinhibition, il peut également ressortir des transgressions évidentes qui peuvent prendre une multitude de visages et choisir des cibles très variées. Le recours au pillage des populations civiles françaises en constitue une des dimensions les plus intéressantes. Elle remet en question la supposition que les soldats sont des « civils en uniforme ». Civils, ils n’envisageraient même pas de s’attaquer aux biens d’autres civils. Les attitudes de pillage, accentuées par l’ingestion d’alcool, s’insèrent dans un système tacite de compensation par rapport au sort enduré et dans une culture spécifiquement militaire qui inclut de possibles exactions. Ce système de représentations vient, une fois de plus, de fort loin. Il remonte, sans doute, à l’époque où les armées devaient « vivre sur le pays », qu’il soit ami ou ennemi [46]
[46]
Une fois encore, le témoignage d’Octave Levavasseur peut….

32- Dans tous les cas de figure, chez les véritables combattants la consommation de décompensation semble largement l’emporter sur la consommation « incitative », c’est-à-dire celle destinée à soutenir le courage des soldats au moment des attaques. Celles-ci, au demeurant, ne sont, fort heureusement, pas aussi nombreuses que l’ont affirmé certains témoignages et ne constituent pas, en tout cas, le quotidien habituel des soldats, même ceux des premières lignes.

33- « Alcool pour tenir, alcool pour agir, alcool pour viser et tirer, alcool ensuite pour oublier. » [47]
[47]
Frédéric Rousseau, op. cit., p. 175. Si l’essentiel de cette phrase de Frédéric Rousseau est parfaitement valide, la partie centrale pose cependant problème. « Alcool pour agir, alcool pour viser et tirer. » N’importe quel chasseur ou tireur sait combien la consommation d’alcool réduit considérablement l’aptitude au tir en provoquant une difficulté à se concentrer et une rupture de la prise de visée. Même si des soldats ont pu effectivement utiliser l’alcool comme recours à une angoisse avant l’assaut, afin de se retrouver en quelque sorte dans une « bulle » déconnectée de la réalité environnante, cet usage encore une fois « incitatif » n’a sans doute pas été la manière la plus fréquente de recourir à l’alcool. Elle est, en outre, assez contradictoire avec la professionnalisation spontanée et croissante des fantassins du front qui savent que leur survie – outre la capacité à subir les obus de l’adversaire – tient aussi à la qualité de leurs réflexes.

L’éthylisme d’ennui de l’arrière-front
34- En s’éloignant de la condition la pire qui soit, celle de la « biffe », on rencontre d’autres formes d’alcoolisme au sein des troupes de l’arrière-front et a fortiori parmi les troupes non combattantes.

35- Le témoignage de l’aide-major Faleur, en poste dans différentes ambulances de la « Montagne de Reims », est, de ce point de vue, extrêmement éclairant et édifiant. Les médecins militaires sont visiblement touchés par une alcoolisation qui n’est pas identique à celle des vrais « poilus ». En octobre 1914, Georges Faleur rapporte le cas d’un de ses amis sanctionné pour ébriété répétée. « À la suite du rapport fourni à la division par le médecin-chef et surtout à la suite du rapport du capitaine de gendarmerie, notre camarade L... vient d’être frappé disciplinairement de trente jours d’arrêt de rigueur. C’est payer bien cher la passion de l’alcool. » [48]
[48]
Journal de Georges Faleur, op. cit., le 3 octobre 1914.

36- Le même aide-major relate un « incident pénible », au début de 1915, qui en dit long sur les pratiques d’imprégnation alcoolique systématique de certains soldats de l’arrière-front. « Mon ordonnance qui avait bu trop, a refusé l’obéissance à Q... et est sorti malgré sa défense pour venir me faire constater qu’il n’était pas ivre. J’ai eu toutes les peines du monde à l’empêcher d’aller faire du scandale à la gendarmerie. » [49]
[49]
Ibid., le 24 février 1915. Ce soldat écope finalement de quinze jours de salle de police et de la perte de son statut d’ordonnance.

37- On ressent fortement, à la lecture du manuscrit de Georges Faleur, que des pratiques régulières et non négligeables d’éthylisation, par le biais des apéritifs biquotidiens par exemple, des bonnes bouteilles que l’on s’offre, etc., s’installent sur l’arrière-front. Il ne s’agit pas là de boire pour décompenser la peur, l’angoisse des bombardements et les affres du combat. Il s’agit de boire comme une routine de lutte contre la monotonie des jours de guerre. Le terme d’ « ennui » revient très fréquemment dans le manuscrit de Faleur. Mis à part quelques épisodes tragiques, dont les conséquences d’un bombardement par obus à gaz en 1915, à une dizaine de kilomètres de l’ambulance, qui lui fait soigner plusieurs centaines de blessés en quelques jours et lui vaut d’ailleurs la croix de guerre, Georges Faleur passe son temps à chercher comment se désennuyer. Il ne mentionne jamais d’ivresse chez lui, mais la description de ses menus, toujours bien arrosés, certaines allusions aux pratiques de ses camarades, attestent à l’envi l’installation de comportements d’éthylisation.

38- L’alcool rythme donc bel et bien tous les instants de la vie des soldats de la Grande Guerre, qu’ils soient de réels combattants ou non. Chez les combattants, l’alcool apporte un soutien mental de façade qui leur permet de tenir en refoulant leur quotidien. En cela, l’alcool joue un rôle de « béquille » pour le soldat [50]
[50]
C’est l’expression que je retiens dans mon ouvrage, Survivre au…. La dimension échappatoire et exutoire existe chez le « peuple des tranchées ». Il s’agit d’un moyen de se soustraire à la réalité immédiate, faite de dangerosité. Elle peut être également un moyen de se mettre dans une bulle, de rompre avec la réalité du quotidien et de la hiérarchie militaire. En cela, l’ivresse est une soupape de sûreté. Il s’agit de se reconstruire sa part de liberté.

39- Le recours massif à l’alcool sur le front recouvre pourtant des pratiques et des buts différents. Des formes d’alcoolisation différentes attestent la complexité des mondes du front. En tout cas, les deux mythes fondateurs du recours à l’alcool durant la Grande Guerre – le mythe véhiculé par les poilus eux-mêmes et la hiérarchie militaire, d’une part ; celui des milieux pacifistes d’après guerre, d’autre part – paraissent devoir être singulièrement remis en question, ne serait-ce que parce que, comme tout système d’images simplifiées, ils ont complètement sous-estimé l’alcoolisme d’ennui des arrière-fronts.

40- Si la part de convivialité induite par l’alcool ne doit pas être minorée, dans la mesure où la société masculine du front reproduit des comportements festifs et compensatoires hérités du monde du travail et d’intériorisation de la culture du service militaire, c’est surtout la diversité des conditions de vie chez les soldats de la Grande Guerre qui ressort de notre proposition de typologie.

Notes
[1]
Voir la mise au point de Claude Dubois, « Pinard », 14-18. Le Magazine de la Grande Guerre, no 9, août-septembre 2002, p. 5.
[2]
Étienne Tanty, cité par André Bach, Fusillés pour l’exemple, 1914-1915, Paris, Tallandier, 2003, p. 87.
[3]
Cité par André Bach, op. cit., p. 87-88.
[4]
Eckart Birnstiel et Rémy Cazals (sous la dir. de), Ennemis fraternels. 1914-1915. Hans Rodewald, Antoine Bieisse, Fernand Tailhades. Carnets de guerre et de captivité, Toulouse, Presses universitaires du Mirail, 2002, p. 160.
[5]
Ibid., p. 166.
[6]
Ibid., p. 169.
[7]
« J’ai vu Marcel hier. On a bu un bon canon », Marthe, Joseph, Lucien, Marcel Papillon. « Si je reviens comme je l’espère ». Lettres du front et de l’Arrière, 1914-1918, recueillis par Madeleine et Antoine Bosshard, postface et notes de Rémy Cazals et Nicolas Offenstadt, Paris, Grasset, 2003, p. 156.
[8]
« Je bois mon litre à chaque repas, je suis devenu soiffard depuis la guerre » (ibid., p. 85).
[9]
Journal de Georges Faleur. Le 29 août 1914. Inédit et non retouché. Il couvre la guerre jusqu’à l’affectation de Georges à la direction d’un sanatorium fin 1916. Ce journal décrit par le menu l’ennui des troupes non combattantes de l’arrière-front. Journal confié à l’auteur par la famille Faleur.
[10]
Mobilisé en 1916 dans l’artillerie de campagne (batterie de 75), Delbast tient son journal sur la seconde moitié de la guerre. Ce témoignage inédit et non retouché m’a été confié par sa famille.
[11]
Souvenirs militaires d’Octave Levavasseur, officier d’artillerie. Aide de camp du maréchal Ney (1802-1815), publiés par le commandant Beslay, son arrière-petit-fils, 2e éd., Paris, Plon, 1914, p. 59.
[12]
Rapport du Dr Briand, Archives du Service de santé des armées (Val de Grâce), A 73, cité par Pierre Darmon, Vivre à Paris pendant la Grande Guerre, Paris, Fayard, 2002, p. 244.
[13]
Voir, sur ces dimensions, les p. 241-246 de Guy Pedroncini, Les mutineries de 1917, Paris, 1967.
[14]
Cité par André Bach, op. cit., p. 474.
[15]
Ici Dossier Pierre Serre, dans Nicolas Offenstadt, Les fusillés de la Grande Guerre et la mémoire collective, 1914-1999, Paris, Odile Jacob, 1999, p. 30.
[16]
Texte cité par André Bach, op. cit., p. 473.
[17]
Lieutenant-colonel Samuel Bourguet, L’Aube sanglante. De la Boisselle (octobre 1914) à Tahure (septembre 1915), Paris-Nancy, Berger-Levrault, 1917, p. 135.
[18]
Cité par Frédéric Rousseau dans La guerre censurée. Une histoire des combattants européens de 14-18, Paris, Le Seuil, 1999, p. 172.
[19]
L’emploi d’un terme venu du monde du sport mis en spectacle est tout à fait intéressant, ici, comme élément de choc spatio-temporel.
[20]
Armelle Klein-Fontan, interview de S. C. Histoire orale. Témoignages sur la Grande Guerre dans les régions de Nancy et Toul, doctorat d’histoire sous la direction de Pierre Ayçoberry, Université de Strasbourg II, 1992, p. 332.
[21]
Armelle Klein-Fontan, entretien avec J. M., op. cit., « Transcription des interviews », t. 3, p. 26.
[22]
Pierre Darmon, op. cit., Archives du Service de santé des Armées, carton A 73.
[23]
Cité par Pierre Darmon, op. cit., p. 240-241.
[24]
Jacques-Olivier Boudon, « Le monde ouvrier à la veille de la guerre ”, 14-18. Le Magazine de la Grande Guerre, no 4, octobre-novembre 2001, p. 57.
[25]
Le Soldat de Lagraulet, lettres de Germain Cuzacq écrites au front entre août 1914 et septembre 1916, Toulouse, 1985, p. 57.
[26]
Si je reviens..., op. cit., p. 100.
[27]
Marc Bloch, Écrits de guerre, présentés par Étienne Bloch, préface de Stéphane Audoin-Rouzeau, Paris, Armand Colin, 1997, p. 146.
[28]
Ces deux citations proviennent de Pierre Darmon, op. cit., p. 241 et 242.
[29]
Cf. la pièce de Georges Courteline, Le train de 8 h 47, qui date de 1888.
[30]
Voir Daniel Floris, La vie quotidienne des soldats et les troubles mentaux de la Grande Guerre, mémoire de DEA, Université de Reims, 1993, p. 294 sq.
[31]
Le Soldat de Lagraulet, op. cit., p. 122.
[32]
Pierre Barral, « L’intendance », Les fronts invisibles. Nourrir, fournir, soigner, Comité national du souvenir de Verdun/Nancy II, Presses universitaires de Nancy, 1984, p. 77 et 73.
[33]
Le Soldat de Lagraulet., op. cit., p. 21.
[34]
Carnet Delbast, le 4 juin 1918.
[35]
Charles Delvert, Carnets d’un fantassin. Massiges 1916, Verdun, présentation et édition nouvelle par Gérard Canini, Verdun, Éditions du Mémorial, 1981, p. 211.
[36]
Charles Delvert, op. cit., le lundi 12 juin 1916, p. 185.
[37]
Carnets de guerre du sergent Granger, présentés par Roger Girard, UMR 5609 du CNRS, Université Paul-Valéry - Montpellier III, 1997, p. 179 ; cité par Frédéric Rousseau, op. cit.
[38]
Marc Bloch, Écrits de guerre, op. cit., le 30 août 1914, p. 42.
[39]
Si je reviens..., op. cit., le 13 octobre 1916, secteur de Verdun, p. 315.
[40]
Guillaume Fournis, cité par Roger Laouenan. Nous les poilus. Témoignages. Les Bretons dans la Grande Guerre, Spèzet, Coop Breizh, 1998, p. 105.
[41]
Archives départementales de la Haute-Vienne, R. 263.
[42]
Archives du Service de santé des armées, carton A 73, Rapport du 19 décembre 1915, p. 7, cité par Pierre Darmon, op. cit., p. 243.
[43]
Souvenirs du sergent Louis Larché, dimanche 30 avril 1916 (Somme), cité par André Bach, op. cit., p. 294.
[44]
Armelle Klein-Fontan, op. cit., p. 120.
[45]
Les carnets de Louis Barthas, tonnelier, 1914-1918, présentés par Rémy Cazals, Paris, Maspero, 1978, 1984 ; rééd. Paris, La Découverte, 2003, p. 520.
[46]
Une fois encore, le témoignage d’Octave Levavasseur peut fournir un contrepoint intéressant. En 1807, il note : « La ville était dévastée (Guttstadt) ; trois passages d’armées victorieuses et vaincues ne lui avaient laissé ni vivres, ni fourrages, ni approvisionnements d’aucune espèce. On découvrait parfois dans les églises, dans les caves, dans les champs, dans les bois, des silos contenant quelques pommes de terre et du lard ; il fallait enfin trouver des ressources de vive force. Ney ordonna une razzia en avant sur un village occupé par les Russes : 3 000 ou 4 000 hommes suivis de 6 000 fourrageurs, avec des voitures, des cordes et tous les moyens de transport possibles se mirent donc en marche dès le point du jour » (op. cit., p. 92).
[47]
Frédéric Rousseau, op. cit., p. 175.
[48]
Journal de Georges Faleur, op. cit., le 3 octobre 1914.
[49]
Ibid., le 24 février 1915.
[50]
C’est l’expression que je retiens dans mon ouvrage, Survivre au front. 1914-1918. Les poilus entre contrainte et consentement, Saint-Cloud - Paris, 14/18 Éditions (diffusion - Belin), 2005. Voir notamment mon chap. X, p. 195.
Mis en ligne sur Cairn.info le 01/12/2008
https://doi.org/10.3917/gmcc.222.0019

Guerre du Vietnam des jeunes soldats des États-Unis qui à 18 ans étaient forcés d'aller faire la guerre
devaient avoir 21 ans pour acheter, posséder et consommer légalement de l'alcool au pays.

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