Acceptation Culturelle: La culture du pavot est une tradition ancestrale chez les paysans afghans et sa transformation en opium

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En Afghanistan, l'OTAN a perdu la guerre de l'opium
LE MONDE | 07.01.2014 à 19h02 | Par Henri Froment-Meurice (Ambassadeur de France)

Fin 2014, les forces combattantes de l'OTAN devraient avoir quitté l'Afghanistan où ne seraient maintenus que des éléments chargés, les uns, de former l'armée afghane, les autres, de lutter contre le terrorisme. Aux Etats-Unis ainsi que dans les pays européens qui participaient aux opérations, les opinions publiques ont tendance à s'en féliciter tant elles voyaient dans l'Afghanistan un bourbier. En revanche, à Moscou, l'on s'en inquiète pour au moins deux raisons. D'une part, doutant de la capacité du gouvernement de Kaboul à vaincre les talibans, l'on craint que ceux-ci, et avec eux l'islam radical, ne gagnent en influence sur les musulmans des Républiques ex-soviétiques d'Asie centrale et du Caucase russe. D'autre part, l'on anticipe avec angoisse un afflux de drogue en provenance des champs de pavot d'Afghanistan.
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La culture du pavot est une tradition ancestrale chez les paysans afghans et sa transformation en opium est dans la nature des choses. D'ailleurs, chez nous, aurait-on dit à Charles Baudelaire ou à Pierre Loti qu'ils se droguaient parce qu'ils tiraient quelques bouffées d'une pipe bourrée d'opium ? Non ! Ils s'évadaient ! Quant au passage de l'opium à la morphine, il n'a pu qu'être salué comme un grand progrès pour la médecine, à condition que l'usage de cet analgésique demeure lié à de strictes prescriptions. Elle n'en demeure pas moins sur la liste internationale des stupéfiants. L'héroïne, extraite de la morphine, l'est aussi, mais il s'agit là d'un produit infiniment plus dangereux.

Cependant, en Afghanistan, l'on n'en a eu cure, et notamment depuis l'arrivée des troupes de l'OTAN en 2001. La surface cultivée consacrée au pavot est passée de 131 000 à 154 000 hectares en 2012 et a fait un bond en 2013 avec 209 000 hectares, principalement dans le Sud et dans l'Est. On estime à environ 5 500 tonnes la récolte d'opium en 2013 et de 300 à 500 le nombre de laboratoires, la plupart clandestins, producteurs d'héroïne, la production annuelle étant estimée à environ 380-400 tonnes (rapport de Lord John Tomlinson à l'Assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe, le 24 septembre 2013). A l'exportation, la plus grande partie s'en va vers l'Europe et la Russie.

UNE MASSE DE CITOYENS AFGHANS S'ADONNENT À L'OPIUM

Jusqu'à présent, le pouvoir en place à Kaboul, sous l'autorité du président Hamid Karzaï, demain de son successeur, ne s'est guère engagé dans une lutte énergique contre ce trafic, d'autant que certains, dit-on, en profitent, sans compter qu'une masse de citoyens afghans s'adonnent à l'opium. Du côté des talibans, certes le mollah Omar, leur chef spirituel, avait déclaré : « A long terme, notre objectif est de nettoyer complètement l'Afghanistan de la drogue, mais on ne peut demander à ceux dont l'existence dépend entièrement de cette récolte de passer du jour au lendemain à d'autres cultures. » A bon entendeur salut, puisque dans le court terme les talibans se financent largement en participant au narcotrafic !

L'on peut certes espérer que les unités de l'OTAN qui resteront en Afghanistan ne ménageront pas leurs efforts pour détruire les laboratoires où se prépare l'héroïne. Cependant, ils risqueraient de n'être que marginaux si, de son côté, le gouvernement afghan n'engageait pas ses propres forces dans la lutte pour le démantèlement des filières. C'est pourquoi toute assistance à ce gouvernement devrait être étroitement liée à cet engagement. En rendant de plus en plus difficile l'écoulement de la drogue, l'on contribuerait en effet à faire baisser le prix de l'opium, actuellement à 250 dollars le kilo, et à rendre ainsi moins attractive la culture du pavot pour le paysan afghan. Car le véritable objectif doit demeurer l'éradication d'une grande partie des surfaces consacrées au pavot.

Il y a là pour la communauté internationale une véritable priorité. A l'initiative de la France, l'Union européenne s'honorerait en la faisant sienne

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