Décriminalisation des drogues : la recette d’un succès
Quels sont les ingrédients de ce succès, aujourd’hui envié dans le monde entier ?
La Presse au Portugal
Décriminalisation des drogues : la recette d’un succès
En 2001, aux prises avec une grave crise de l’héroïne, le Portugal a choisi de décriminaliser toutes les drogues. Vingt-quatre ans plus tard, les résultats sont probants : forte baisse des surdoses, recul du VIH et consommation inférieure à la moyenne européenne. Quels sont les ingrédients de ce succès, aujourd’hui envié dans le monde entier ? Un dossier de notre collaborateur Rafael Miró
Publié hier à 7 h 00
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International
« On ne les juge pas sur leur consommation »
PHOTO NICOLAS ADAMY, COLLABORATION SPÉCIALE
Tiago Praça devant une camionnette de laquelle des travailleurs sociaux distribuent de la méthadone.
Comme tous les matins, Tiago Praça arrive en vélo sous le pont de l’avenue de Ceuta, dans l’est de Lisbonne, et se dirige à pied vers une camionnette blanche. Après avoir chaleureusement salué les travailleurs sociaux et les infirmières, il marche vers la fenêtre du véhicule où on lui tend un verre en carton.
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Rafael Miró
Collaboration spéciale
Il s’agit de méthadone, un opiacé de substitution qui aide à surmonter la dépendance à l’héroïne. « J’ai pris de l’héroïne pendant 20 ans, et maintenant ça fait 10 ans que je n’en prends plus », se félicite le sexagénaire au foulard coloré.
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Tiago Praça reçoit un verre en carton contenant de la méthadone, un opiacé de substitution qui aide à surmonter la dépendance à l’héroïne.
Derrière lui, une dizaine d’habitants du quartier marchent vers la fenêtre de la fourgonnette.
« On traite environ 1200 personnes par jour », explique Hugo Faria, responsable de la fondation Ares do Pinhal, qui détaille l’itinéraire de la fourgonnette à travers Lisbonne. « Le succès du modèle portugais, c’est un peu la décriminalisation, et beaucoup le financement d’associations d’aide aux consommateurs. »
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Hugo Faria, coordonnateur général de la fondation Ares do Pinhal.
En plus de la méthadone, on a un dossier pour chaque patient et on fait des tests pour les maladies transmissibles par injection.
Hugo Faria, coordonnateur général de la fondation Ares do Pinhal
La fondation, comme toutes les associations du genre, est totalement financée par l’État et la municipalité.
La fourgonnette est aujourd’hui stationnée dans le quartier Casal Ventoso qui, dans les années 1990, était le plus gros point de vente de drogues de toute l’Europe.
« Vous n’imaginez pas à quel point Casal Ventoso a changé », s’émeut Tiago Praça.
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Une rue du quartier de Casal Ventoso, qui dans les années 1990 était surnommé le supermercado (supermarché) des drogues de l’Europe.
Tous les intervenants rencontrés par La Presse évoquent les mêmes scènes d’horreur : des bassins d’eau où l’on se passait des aiguilles sans les désinfecter, des gens qui mouraient par surdose ou qui perdaient leurs bras après s’être mal piqués.
« Aujourd’hui, on est beaucoup moins, et surtout, les consommateurs sont en bien meilleure santé. C’est un autre monde », raconte-t-il. Même si Casal Ventoso reste un quartier où l’on consomme beaucoup, on croise beaucoup moins de personnes intoxiquées dans les rues et les méfaits se sont raréfiés, selon les autorités de santé portugaises.
« Je vais devoir partir bientôt, je dois prendre ma dose de crack, je suis en manque », s’excuse Tiago. Comme la plupart des bénéficiaires du programme, l’homme au physique élancé n’a pas complètement cessé de consommer.
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Tiago Praça consommant de la cocaïne épurée (crack), qu’il n’a pas cessé de consommer en même temps que l’héroïne.
« Je ne sais pas si je veux arrêter complètement un jour, mais ma vie va déjà beaucoup mieux qu’avec l’héroïne », dit-il en enfourchant son vélo pour se diriger vers un centre de consommation supervisée.
Hugo Faria n’est pas choqué de cette confession. « On n’insiste pas pour qu’ils arrêtent, c’est leur choix », tranche-t-il.
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Une infirmière à l’intérieur de la camionnette de distribution de méthadone de la fondation Ares do Pinhal. En plus de distribuer l’opiacé de substitution, les équipes font un suivi médical et social pour chaque consommateur, effectuant notamment des tests pour détecter des maladies transmissibles par injection.
La « réduction des méfaits »
Sur les lèvres d’Hugo Faria et des autres intervenants, une expression revient sans cesse : harm reduction, une approche de santé publique connue sous le nom de réduction des méfaits au Québec. « C’est d’être auprès des consommateurs quand ils risquent le plus de détériorer leur santé », résume la Dre Amelia Trombossa. « On ne les juge pas sur leur consommation. »
Cette médecin travaille au centre d’accueil GAT de la Mouraria, un quartier très défavorisé du vieux Lisbonne où l’on peut se faire accoster par des vendeurs. Chaque jour, elle voit passer dans le petit local une centaine de consommateurs, dont la majorité est dans la rue. Elle leur fait passer des examens, leur montre comment se piquer de façon sûre et comment éviter les surdoses.
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La Dre Amelia Trombossa, de l’association GAT de la Mouraria. Situé dans un quartier populaire, à quelques rues de points de vente illicite, le local accueille chaque jour une centaine de personnes qui viennent pour se reposer ou recevoir des soins.
Oui, certains de mes patients ne vont jamais arrêter, et vont rester en marge de la société. Est-ce que ça veut dire qu’on ne doit pas s’occuper d’eux ? À long terme, la plupart vont mieux, et certains arrêtent de consommer.
La Dre Amelia Trombossa, de l’association GAT de la Mouraria
C’est ce qui est arrivé à Sawn Tosh Bistcha, l’un des habitués du local. Arrivé en 2018 au Portugal, cet immigré népalais s’est retrouvé dans les rues sinueuses de la Mouraria, où il s’est mis à consommer du crack et de l’héroïne. Il a repris pied le jour où il a franchi la porte du local de GAT : des psychiatres et des travailleurs sociaux l’ont pris en charge, lui trouvant même un logement subventionné. « C’est tellement plus tentant de consommer quand on est à la rue », plaide-t-il.
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Sawn Tosh Bistcha, ancien consommateur de drogues à la rue et maintenant travailleur-pair à l’association GAT de la Mouraria
Aujourd’hui, il ne consomme plus de drogues et porte le dossard rouge de l’association, qui l’a embauché. « Avec mon vécu, je communique plus facilement avec les consommateurs », explique-t-il. « Si je n’avais pas trouvé cette association, je n’aurais probablement pas arrêté de consommer », raconte-t-il, les yeux pleins de gratitude. « Ça prend du temps, mais il faut le faire petit à petit. »
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« Ce n’est pas permis, mais ce n’est pas un crime »
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« Voulez-vous tester vos drogues ? Laissez vos échantillons d’héroïne ou de cocaïne et recevez vos résultats immédiatement. Service gratuit et confidentiel », peut-on lire notamment sur cette affiche d’un organisme à Lisbonne.
La mine nerveuse, Carles pousse la porte de la Comissões para a Dissuasão da Toxicodependência, la Commission pour la dissuasion de la toxicodépendance, installée dans un banal immeuble de bureaux. La veille, la police lui a remis une convocation pour qu’il soit « jugé » ici – c’est la procédure pour tous les Lisboètes attrapés à consommer de la drogue, qu’il s’agisse de cannabis, de cocaïne ou d’héroïne.
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Rafael Miró
Collaboration spéciale
Au Portugal, consommer ou posséder en petites quantités de la drogue n’est pas un crime, mais une infraction, peu importe la substance.
« C’est comme conduire sans ceinture. Ce n’est pas permis, mais vous n’aurez pas un procès ou un casier criminel », explique Nuno Capaz, le responsable des lieux, qui s’apprête à mener l’audience de Carles. Les contrevenants reçoivent plutôt une amende et une convocation à cette « commission de dissuasion », qui dépend conjointement des ministères de la Santé et de la Justice.
« Quand ils arrivent ici, on leur fait passer un questionnaire pour évaluer leur niveau de dépendance, puis ils rencontrent un psychologue », énumère Nuno Capaz. « Ensuite, il y a une audience, pendant laquelle on propose des pistes d’amélioration et à l’issue de laquelle on peut suspendre l’amende de la police. »
Pas d’obligation
Carles, un homme d’affaires qui a préféré ne donner que son prénom, a laissé La Presse assister à son audience. La veille, le quinquagénaire à la carrure tassée a été surpris en train d’allumer un joint dans sa voiture – un geste qui, comme au Canada, aurait mené à des accusations criminelles si la police avait constaté qu’il avait conduit avec des facultés affaiblies.
Dans une ambiance étonnamment détendue, Nuno Capaz le sermonne sur les risques de la consommation au volant, puis lui recommande quelques changements d’habitudes pour essayer de moins consommer. Au bout d’une dizaine de minutes, il le laisse partir, rassuré. « C’est moins intimidant qu’un tribunal », expose le commissaire, en désignant du doigt les salles vitrées décorées de plantes vertes.
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Nuno Capaz, responsable de la Commission pour la dissuasion de la toxicodépendance de Lisbonne
Dans 90 % des cas, ce sont des usagers récréatifs comme celui-ci, alors on s’assure juste que leur consommation n’échappe pas à leur contrôle. Évidemment, on a aussi des usagers de drogues dures, ou des consommateurs très dépendants.
Nuno Capaz, responsable de la Commission pour la dissuasion de la toxicodépendance de Lisbonne
Ces derniers ont droit à un accompagnement plus exhaustif, mais toujours sans obligation : il les dirige vers des associations, leur arrange des rendez-vous médicaux ou les aide à réserver des séjours de désintoxication.
Un succès statistique
C’est en 2001 que le Portugal choisit de décriminaliser les drogues, sous la gouverne du premier ministre António Guterres, qui est aujourd’hui le secrétaire général de l’ONU. Le pays des Œillets traverse alors une très grave crise de l’héroïne, doublée d’une épidémie de VIH chez les consommateurs. En même temps qu’il décriminalise, le gouvernement investit massivement dans la santé et la sensibilisation.
« Notre approche était de considérer les toxicomanes comme des malades, et non plus comme des criminels », explique le Dr João Goulão, directeur de l’agence de lutte contre la toxicomanie du pays. Ce médecin au sourire sérieux, dont le bureau est décoré de photos avec des politiciens du monde entier, est l’un des architectes du « modèle portugais ».
Les résultats des premières années sont spectaculaires : dans les cinq ans qui suivent la décriminalisation, le nombre de décès liés à la consommation est divisé par cinq. Aujourd’hui, le pays est l’un des pays d’Europe où l’on meurt le moins à cause des drogues, et les Portugais consomment moins que la moyenne des Européens.
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Le Dr João Goulão, l’un des architectes du « modèle portugais » de décriminalisation des drogues, et aujourd’hui directeur de la SICAD, l’agence gouvernementale portugaise chargée des questions de drogues et de dépendances.
La décriminalisation n’est que la partie la plus visible du modèle portugais. L’amélioration vient aussi d’investissements massifs dans la santé publique et dans la sensibilisation aux drogues.
Le Dr João Goulão, directeur de l’agence de lutte contre la toxicomanie du Portugal
Selon le Dr Goulão, décriminaliser était toutefois « nécessaire » pour permettre un changement d’attitude des professionnels de la santé, et pour éviter la stigmatisation des consommateurs.
Paradoxalement, la décriminalisation a permis au Portugal de faire certaines économies, en réduisant le nombre de procès, d’emprisonnements et d’hospitalisations. Le trafic, qui est resté illégal, a aussi fait l’objet d’une lutte accrue. « Après la décriminalisation, la police portugaise a eu plus de moyens pour lutter contre le trafic », explique le commandant Rui Costa, responsable des investigations criminelles à la police lisboète. « Les consommateurs collaborent aussi plus facilement aux enquêtes. »
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Vue de la ville de Lisbonne, capitale du Portugal. Dans les années 2010, la consommation de drogues est repartie à la hausse dans le pays, mais reste inférieure aux niveaux d’avant la réforme.
Un modèle exportable ?
Contestée durant ses premières années, la décriminalisation est aujourd’hui un sujet de consensus dans la société portugaise. Le parti d’extrême droite Chega, qui n’a pas répondu aux sollicitations de La Presse, est la seule force politique qui propose de la révoquer.
Ailleurs dans le monde, d’autres États ont tenté la décriminalisation, mais sans obtenir le même succès. L’Oregon a été le premier État nord-américain à décriminaliser toutes les drogues en 2020, avant de faire marche arrière après une hausse des surdoses en 2024. Au Canada, la Colombie-Britannique a partiellement décriminalisé l’usage des drogues en 2023, mais la consommation dans l’espace public est redevenue un crime en 2024.
Le Dr João Goulão, qui a suivi de près ces réformes, attribue leur échec à un manque d’investissement en santé. Selon lui, l’augmentation du nombre de surdoses qui a sonné le glas de ces expérimentations s’explique aussi par d’autres facteurs, notamment l’arrivée massive du fentanyl.
« Il aurait fallu laisser plus de temps au système pour s’adapter », estime le médecin portugais, qui considère toujours la dépénalisation comme pertinente en ce qui concerne le fentanyl. « Si ça a marché ici, il n’y a pas de raison que ça ne marche pas ailleurs ! »
Et au Québec ?
Le 23 avril 2023, une directive du ministère de la Justice a recommandé aux procureurs de n’engager des poursuites pour possession simple de drogues que dans une série de circonstances où la consommation représenterait un risque ou un trouble à l’ordre public, dans la foulée d’une loi du fédéral recommandant une « déjudiciarisation » partielle.
« Dans les faits, il y a encore des procès criminels pour possession simple, et même des peines d’emprisonnement », relève Danièle Roy, représentante de l’Association québécoise des avocats et avocates de la défense, pour qui les critères de poursuite sont encore très larges. Elle ajoute que la possession simple de drogue mène encore à l’obtention d’un casier criminel, qui peut être un obstacle pour travailler au pays ou sortir du pays.
Réduction des méfaits au Québec ? Lamentable !
Réduction des méfaits au Québec ? Lamentable !
La Loi sur le cannabis crée un cadre juridique strict pour contrôler la production,
la distribution, la vente et la possession de cannabis « partout au Canada ».
La Loi vise à atteindre trois objectifs :
- garder le cannabis hors de la portée des jeunes de moins de 18-19 ans ;
- empêcher les profits d’aller dans les poches des criminels;
- protéger la santé et la sécurité publiques
en permettant aux adultes de 18-19 ans et plus d'avoir accès à du cannabis légal.
Québec parce que chaque vie compte. Citation Lionel Carmant caq.
58 MILLION$ pour les caribous
20 MILLION$ trimestre non taxés pour les organisations criminelles/terroristes
15 MILLION$ contre la toxicomanie pour toute les 17 régions du Québec ?
Québec réduction des méfaits un échec total !
Parce qu'à l'impossible nul n'est tenu !
La phrase que la femme de Legault lui répète souvent.
Impossible seulement pour Legault et ses caq
alors que les 9 provinces et 3 territoires ont réalisé l'impossible Légalisation Harmonisation !
La réduction des méfaits québécoise
pour les caq et les associations de médecins/psychiatres du Québec
c'est d'avoir criminalisé en 2018 les 200,000 adultes légaux à 18 ans
les laissant ou les retournant aux mains des organisations criminelles/terroristes
et enlever de nos poches pour mettre dans les leurs plus de 20 MILLION$ trimestre non taxés
eux aux nombreux médicaments de pharmaceutiques dangereux, addictif et mortels
comme le fentanyl, le tabac et l'alcool légaux mais toujours disponible illégalement.
Pour Dubé qui n'aime pas les menaces :
Ces alcoalisés coalisés qui ont criminalisé un père de famille
à jusqu'à 14 ans d'emprisonnement si il consomme du cannabis légal
avec son adulte légal à 18 ans.
Alors que ce père de famille ou parent a le droit de consommer de l'alcool
un fléau mondial, un dépresseur psychoactif, cancérigène addictif et mortel
qui tue 4,000 Québécois et nous coute 3,2 MILLIARD$ en méfaits annuels évitable/acceptable
avec son enfant de 6-12 ans et moins : Dont le cerveau ne sera complété qu'à 23-25 ans !
Rappelons que ni : les politiciens du Canada, du Québec, les Associations de parents, la DPJ, Éduc'alcool, l'INSPQ,
n'exige d'âge minimum de consommation par des enfants en 2025 !
Qui parmi organismes et politiques "à attitude de laisser faire pour l'alcool" déchireraient leurs chemises et bobettes :
Si on demandaient le même droit à la consommation de cannabis et concentrés pour les 6-12 ans et moins ?
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