Cannabis en Tunisie : « Nul ne veut remonter les filières de la drogue, on se contente du menu fretin »

En réalité, nul ne veut remonter les filières de la drogue. Avant la révolution, on savait qui était aux commandes, mais ces gens étaient proches du sérail et donc intouchables.

04 février 2021 à 15h28 | Par Frida Dahmani

Fumer un joint peut valoir une peine de trente ans de prison en Tunisie. Ce qui est arrivé à trois jeunes, condamnés le 20 janvier. Un verdict qui relance le débat sur la répression de la consommation de cannabis.

Trente ans de prison pour consommation de cannabis. C’est le verdict rendu par le tribunal de première instance du Kef (Nord-Ouest) le 20 janvier contre trois jeunes Tunisiens. Une décision qui a provoqué l’indignation générale dans le pays, même si elle est en conformité avec la loi, que les magistrats se sont contentés d’appliquer.

Chacun des trois individus a écopé de cinq ans pour détention de cannabis, de cinq ans pour l’intention de le consommer et de vingt ans pour avoir utilisé un local public à cette fin – ici le vestiaire d’un stade de football. Ce sont les peines que prévoit le Code pénal tunisien.

À LIRE Cannabis : ruée africaine vers l’or vert

Circonstances aggravantes
Depuis de nombreuses années, la loi sur les stupéfiants pose problème tant elle semble inique et obsolète. Une loi de 1992, plus connue sous le nom de « loi 52 » et qui avait été amendée en 2017. Au lieu d’infliger systématiquement une peine d’un an de prison aux consommateurs arrêtés pour la première fois, les juges peuvent prendre en compte des circonstances atténuantes et ne pas requérir de peine de prison, sauf récidive. À l’époque, le ministre de la Justice, Ghazi Jeribi, avait précisé que l’amendement était une « mesure provisoire en attendant une révision globale de la loi ».

LE PROBLÈME DES SANCTIONS, QUI BRISENT LA VIE DES JEUNES, N’A PAS ÉTÉ RÉSOLU

Effectivement, le dispositif judiciaire pour les primo-consommateurs a été assoupli, mais les autres articles de la loi 52 sont restés inchangés. Près de quatre ans plus tard, le verdict prononcé au Kef provoque un brutal retour à la réalité. Si le nombre d’incarcérations et de poursuites pour consommation de cannabis a diminué, le problème des sanctions, qui brisent la vie des jeunes, n’a pas été résolu.

Les condamnés du Kef sont non seulement récidivistes mais ils s’étaient installés dans un lieu public pour commettre leur délit. Des faits considérés comme des circonstances aggravantes selon l’article 52 que les magistrats ont appliqué. Ils écopent ainsi du maximum : trente ans de prison.

À LIRE [Tribune] Maroc : la prohibition du cannabis en question

La sanction met en exergue les excès et les inadéquations des dispositions légales. Ce coup d’aiguillon semble avoir réveillé le monde politique, puisque en quelques jours, plusieurs dirigeants se sont indignés. « Ensemble, sauvons ces jeunes et rappelons-nous qu’ils ne sont pas des criminels, mais des cibles et des victimes de criminels qui, eux, doivent être traduits en justice », a lancé le député et ancien ministre Hichem Ben Ahmed à ses pairs, tandis que l’élue de Aïch Tounsi, Olfa Terras Rambourg, a présenté un projet de révision de la loi à l’Assemblée.

Atterré par la situation des familles qu’il a rencontrées au Kef, Farès Blel, député de Qalb Tounes, veut promouvoir des peines de substitution et des travaux d’utilité publique tout en appelant à une distinction entre les drogues. « Ils auraient consommé de la cocaïne cela aurait était pareil », s’afflige le jeune député. Ennahdha, premier parti de Tunisie, n’a lui pas réagi.

Menu fretin
« Ensemble, sauvons ces jeunes et rappelons-nous qu’ils ne sont pas des criminels, mais des cibles et des victimes de criminels qui, eux, doivent être traduits en justice », a lancé le député et ancien ministre Hichem Ben Ahmed
La société civile est au diapason d’une majorité de formations politiques, ce qui laisse supposer que la loi pourrait être rapidement revue. « Ce serait l’occasion d’examiner le corpus des libertés individuelles », rebondit Farès Blel.

FUMER EST DANS NOS HABITUDES DEPUIS DES SIÈCLES

Mais le sujet implique aussi un choix de société que les Tunisiens n’ont pas fait. « Il n’y a pas d’âge pour fumer, pourquoi s’en prend-on aux jeunes uniquement ? Fumer est dans nos habitudes depuis des siècles », s’exaspère, Ali un homme désœuvré de la cité Ettadhamen, dans l’agglomération de Tunis, qui pointe l’hypocrisie du dispositif législatif sur le sujet.

À LIRE Le cannabis, nouvel or vert du Liban ?

« En réalité, nul ne veut remonter les filières de la drogue. Avant la révolution, on savait qui était aux commandes, mais ces gens étaient proches du sérail et donc intouchables. Depuis 2011, les réseaux ont changé mais sont encore plus intouchables. Alors on se contente du menu fretin pour démontrer que l’on s’occupe du problème », révèle un ancien sécuritaire.

AVANT LA RÉVOLUTION, ON SAVAIT QUI ÉTAIT AUX COMMANDES MAIS CES GENS ÉTAIENT PROCHES DU SÉRAIL ET DONC INTOUCHABLES

En attendant, l’issue de l’affaire du Kef sera un indicateur précieux de la volonté réelle de changer les lois et d’intégrer un peu plus d’humanité dans la justice. Mais pour le trio de Keffois, les recours sont maigres. À part une révision de peine qui est en cours d’examen, une éventuelle grâce présidentielle ne peut être prononcée qu’après que toutes les instances, l’appel et la cassation, se sont définitivement prononcées.

Commentaires

Fumer depuis des siècles mais pas d'acceptation culturelle ?

Souvenez-vous que ce sont des prohibitionnistes dealmakers racistes, sexistes, misogynes, homophobes qui sont à l'origine de la prohibition mondiale du cannabis avec leurs campagnes de peurs, de terreur, de mensonges de stigmatisation ségrégation ! Parce que le cannabis avec ses nombreux bienfaits et usages , thérapeutique, industriel, récréatif, leur enlevait d'énormes profits.

Les prohibitionnistes étaient:
Les pharmaceutiques qui offraient des pots-de-vin aux médecins complices pour rendre accro et plus rapidement.
Produits de pharmaceutiques prescrits à pocheté et répétition devenus des fléaux mondiaux !

Les pétrolières avec l'invention des plastiques qui sont devenus des fléaux environnementaux planétaire.
Le chanvre servait entre autre à la fabrication de cordages de voiliers et d'étoupe*.

Leur but était aussi d'exterminer de la surface de la terre
cette plante sans dose mortelle aux multiples usages et bienfaits !

Le choix de la criminalisation des moins de 21 ans par la CAQ et leurs "experts" sans preuve scientifique qui ne repose que sur des sondages d'opinion peu fiables non scientifiques a-t-il été choisi pour exclure de la criminalisation les flots d'un auto proclamé dealmaker qui ne savent pas ce qu'est un "fax" ?
Humour du premier pour faire oublier les milliers de COVIDÉCÈS le confinement ?

Aller jusqu'à sacrifier les adolescents de moins de 21 ans aux mains et produits des organisations criminelles ne protège en rien la santé physique et mentale des adultes légaux de 18 ans, ni la santé publique.

Le fait d'avoir "déjà été jeune" ne doit pas être un critère pour choisir un Responsable des dossiers jeunesse !
Ou parce qu'il ne veux pas être connu comme le premier ministre du Québec à envoyer le signal que c’est banal de consommer du cannabis avant 21 ans et laisser les jeunes de 18 à 21 ans aller sur le marché illicite.

Les Responsables doivent rendre compte de leur politique,
et doivent réparer les dommages qu'il ont causés !

Personnellement je préfèrerais faire le party avec Madona qui a 62 ans qu'avec le vieux mononc de 62 ans !
«Madonna fête ses 62 ans : cocktails, danses sexy et marijuana en Jamaïque»

Science

“il n’y a aucune preuve scientifique que de consommer du cannabis présente quelque risque que ce soit pour le développement cognitif après l’âge de 17 ans.”

Si consommer du cannabis présente quelque risque que ce soit pour le développement cognitif après l’âge de 17 ans.
Qu'en est-il du développement cognitif avant l'âge de 17 ans ?
Avec des médecins psychiatres, pédiatres qui prescrivent du cannabis thérapeutique efficace sans dose mortelle depuis près de 20 ans à des moins de 17 ans ?

Médecins qui ont déjà prescrit la thalidomide au Canada.
Le laxisme des lois canadiennes de l’époque a d’abord permis à Richardson-Merrell, sans aucune autorisation ni vérification de la part des autorités canadiennes, de distribuer des échantillons de la thalidomide à des médecins reconnus comme ‘investigateurs cliniques’.

Pourquoi avoir imposé sans preuve scientifique le 21 ans pour le cannabis seulement aux adultes légaux de 18 ans ?
Alors que l'alcool rend accro malade cause des psychoses et tue chaque jour par acceptation culturelle !

La professeure Natalie Castellanos-Ryan,
de l’École de psychoéducation de l’Université de Montréal
et chercheuse spécialisée en prévention de la dépendance au Centre de recherche du CHU Sainte-Justine:
Elle s’en prend aussi à un mythe persistant, qui est directement dans son champ d’expertise, en l’occurrence le développement cognitif : « C’est vrai que le cerveau se développe jusqu’à 25 ans, mais il n’y a aucune preuve scientifique que de consommer du cannabis présente quelque risque que ce soit pour le développement cognitif après l’âge de 17 ans.»
C’est très clair dans la littérature scientifique et les études longitudinales dans lesquelles nous contrôlons le développement cognitif préalable.

C’est un des premiers messages avec lesquels je commencerais, que le cannabis rend stupide (en affectant le développement cognitif) ; c’est faux », tranche-t-elle.

* L'étoupe (du latin stuppa,-ae (f)) est un sous-produit fibreux non tissé issu essentiellement du travail du chanvre ou du lin.

Ce sous-produit est depuis longtemps utilisé :
Dans la construction des bateaux en bois, l'étoupe sert depuis longtemps à colmater les interstices entre les planches pour rendre l'embarcation étanche, ce que l'on appelle calfatage. Le nom de presse-étoupe est resté à toute une variété de systèmes destinés à assurer l'étanchéité ainsi qu'un minimum de tenue mécanique à tout câble, tube, traversant une cloison étanche ou non;

Elle était utilisée pour la fabrication de mèches de fusil, d'où l'origine probable du nom « d'étoupille » donné à l'artifice moderne destiné à mettre le feu aux munitions d'artillerie, aux articles pyrotechniques ou aux fusées à combustible solide;

Elle semble servir dans les techniques de production de feu en fixant les étincelles produites par divers techniques (friction, percussion, silex, briquets à percussion, ...) pour allumer le combustible. Elle est une alternative à l'amadou;

On brûle un morceau d'étoupe en prononçant ces mots lors du couronnement du pape :
Sic transit gloria mundi. «Ainsi passe la gloire du monde»

Elle sert toujours comme joint en plomberie et en mécanique dans les presse-étoupe.

Cordages de fibres naturelles
La plupart des cordages en fibres naturelles sont toronnés, seuls les cordages de coton sont parfois tressés. Les cordages de fibres naturelles doivent être gardés propres et secs car la pourriture et la moisissure sont leurs principales ennemies.

Leur résistance à la chaleur est supérieure à celle des cordages synthétiques. Malgré leur omniprésence dans le passé, les cordages de fibres naturelles se font de plus en plus rares dans l'industrie.

Le chanvre utilisé pour les cordages provient de la tige de la plante qui produit aussi le lin, utilisé dans la confection de toiles. Non traitées, les fibres de chanvre sont beiges. Leur finesse et leur texture soyeuse expliquent leur grande flexibilité. La plupart des cordes de chanvre sont traitées à la fabrication (goudronnage), ce qui les rend rudes au toucher.

La résistance des cordages de chanvre dépend principalement du lieu de fabrication. Les cordes de chanvre d'Italie sont encore considérées comme les meilleures. Mouillés, les cordages de chanvre ne gonflent pas. Au froid, ils peuvent geler et devenir difficiles à manier.

Pages

Ajouter un commentaire

Plain text

  • Aucune balise HTML autorisée.
  • Les adresses de pages web et de courriels sont transformées en liens automatiquement.
  • Les lignes et les paragraphes vont à la ligne automatiquement.