Expogrow se tient pour la 4e année à Irun, à la frontière franco-espagnole. Quelque 20 000 visiteurs, essentiellement français

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Espagne : bienvenue au Salon français du cannabis
Expogrow se tient pour la 4e année à Irun, à la frontière franco-espagnole. Dans les travées du salon, quelque 20 000 visiteurs, essentiellement français.

Source AFP
Publié le 13/09/2015 à 12:02 | Le Point.fr

Un parfum de marijuana flotte sur Irun, une ville frontalière du Pays basque espagnol où se tient la foire Expogrow, un salon entièrement dédié au cannabis : dans les allées, quelque 20 000 visiteurs découvrent les vendeurs de graines de chanvre, d'équipements pour cultiver sous serre, d'engrais et d'accessoires dédiés aux fumeurs. Parmi ces curieux, on compte surtout des Français. Qu'on ne s'en étonne pas : le directeur d'Expogrow est français justement. « Ce n'est pas un hasard si ce salon est organisé à la frontière », explique-t-il à l'AFP. « Je voulais faire parler de la réalité de la France, mais en Espagne. » Au-delà des Pyrénées, la consommation et la culture sont autorisées dans un cadre privé.

Cette foire professionnelle, ouverte au public, durant laquelle se tient un Forum social international avec des experts, se défend de toute « apologie du cannabis ». Ses organisateurs souhaitent simplement « mettre sur la table la réalité du nombre de fumeurs en France », en abordant les thèmes de la prévention des risques, des différentes politiques publiques dans le monde ou de l'usage médicinal de la plante, dont les différents principes actifs ne sont pas uniquement psychotropes.

La France championne de la répression et de la consommation
On le sait, la détention et la consommation de cannabis sont pénalement réprimées dans l'Hexagone. Las ! L'Observatoire français des drogues et des toxicomanies (OFDT) a établi à dix-sept millions le nombre de Français âgés de 11 à 75 ans qui l'ont déjà expérimenté. Et à cinq millions ceux qui en ont consommé en 2014, un tiers d'entre eux se déclarant consommateurs réguliers. Une « réalité » qui place le pays parmi les champions de la consommation en Europe.

Reste que cette foire - qui existe depuis quatre ans - ne pourrait avoir lieu en France où, selon Thomas Duchêne, règne « des tabous », des entraves à l'information sur le cannabis. Selon lui, pourtant, règne « un vide juridique » sur la vente de graines de marijuana. D'après plusieurs vendeurs de graines présents, des magasins commenceraient à apparaître sous le couvert de vente à des « collectionneurs », ce qui ne tomberait pas sous le coup de la loi. Mais les 50 à 100 000 autoproducteurs estimés sur le territoire national, qui achètent leurs lampes et engrais en toute légalité dans les quelque 300 « growshops », savent qu'Internet et une adresse postale suffisent pour recevoir des graines de sociétés basées dans les trois plus gros pays producteurs : États-Unis, Pays-Bas et Espagne.

Alain, consommateur français venu de Roanne (Loire), déclare à l'AFP, sans ambages : « C'est tout simplement une politique hypocrite. Ils ont fait un rapport il y a peu, où ils se sont aperçus que s'ils légalisaient ça leur rapporterait au minimum quatre milliards d'euros par an, c'est pas mal quand même, et ils ont déjà calculé le prix de vente : 8,40 euros ! Donc dans mon pays, dans deux ans, c'est légal j'en suis sûr, je le parie ! »

« Cannabis social club »
Parmi les activistes pro-cannabis, l'association Chanvre et libertés entend « être une voix qui réunit les savoirs des experts et des profanes » pour travailler « à la réforme des politiques prohibitionnistes », notamment en soutenant l'idée, déjà concrétisée en Espagne, de « Cannabis social club », des groupes associatifs de vingt personnes maximum qui se déclareraient en préfecture et cultiveraient pour leur consommation personnelle. Mais leur message entend également « réduire les dommages liés à l'usage du chanvre », notamment en incitant à l'abandon de l'inhalation du cannabis dans des cigarettes roulées ou dans des pipes, ce qui renforce l'addiction au tabac. Ils militent pour l'usage de vaporisateurs dans lesquels un système de chauffage génère une vapeur riche en cannabinoïdes et en partie débarrassée des produits toxiques nés de la combustion des plantes.

« Demain, si on a quatre millions de fumeurs qui consomment mieux, ça fera autant de cancer, d'infarctus ou d'AVC en moins » et « moins d'addiction », clame le Dr Olivier Bertrand, médecin généraliste spécialisé en addictologie, responsable de la commission santé et prévention de Chanvre et libertés. Vendus par huit exposants, ces vaporisateurs suscitent l'engouement du public et sont, selon Thomas Duchêne, « la révolution de ces quatre dernières années dans le monde du cannabis ». « Il y a des consommateurs dans toutes les classes et catégories sociales », souligne Thomas Duchêne. Alors à quand la légalisation ? « Chaque pays évolue à son rythme, celui de la France est plus lent que celui de ses voisins », se contente-t-il de constater.

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