Alcool. « La plus dangereuse des drogues » licites ou illicites devant l'héroïne ou la cocaïne

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Alcool. « La plus dangereuse des drogues »
10 octobre 2013 à 15h19

Dans le cadre du Défi brestois qui se déroule jusqu'au 16 octobre, les Lundis de la santé accueilleront, le 14 octobre, une conférence du docteur Pierre Bodénez, chef du service d'addictologie à l'hôpital de Bohars. Thème retenu : « L'alcool, une drogue comme les autres ? ». Explications.

Pierre Bodénez, pourquoi avoir choisi de lier le thème de l'alcool avec celui des drogues pour cette conférence qui s'inscrit dans le cadre du Défi brestois, dont vous êtes l'instigateur ?

Ce qui fait qu'un produit devient une drogue, c'est son effet psycho actif : toutes les drogues sont utilisées pour leurs effets positifs. D'ailleurs, tant qu'ils restent supérieurs aux effets négatifs, on ne cherche pas à se soigner.

L'Organisation mondiale de la santé (OMS) ne fait pas de distinction entre les produits licites ou illicites. Or, plusieurs études placent l'alcool au premier rang de ces produits en terme de dangerosité, devant l'héroïne ou la cocaïne. Poser cette question amène à faire défiler un certain nombre de points de vue : épidémiologique, juridique, clinique, etc. Par ailleurs, le fait de travailler sur l'ensemble des produits fait que, par exemple, des concepts venus de l'addictologie infiltrent le champ des toxicomanies, et vice-versa.

À quel moment peut-on commencer à s'inquiéter au sujet de sa dépendance ? Je dirais que dès qu'on commence à s'appuyer sur un produit pour continuer à avancer, il y a un risque de dépendance.

Un des critères fondamentaux est la perte de contrôle. Par exemple, on peut commencer à s'inquiéter si on décide de ne pas s'enivrer et qu'on fait quand même la fermeture du bistrot, ou qu'on roule un joint dès le matin alors qu'on ne voulait pas fumer avant 18 h. Au sujet de l'alcool, il faut cependant différencier la dépendance physique de la dépendance psychique. La première n'est pas très compliquée à traiter. Le Défi brestois (lire ci-dessous) permet d'ailleurs de faire le point à ce niveau, car si on est capable de ne pas boire d'alcool pendant trois jours, on peut considérer qu'il n'y a pas de dépendance physique. Pour la seconde en revanche, il s'agit de définir ce que l'on recherche dans le produit, que ce soit l'alcool ou toute autre forme d'addiction. Car chaque utilisateur trouve ce qu'il cherche dans son produit.

Comment réagir face à un proche qu'on pense dépendant ?

Il faut s'inquiéter, et le dire. Souvent l'entourage fait culpabiliser ou recherche l'aveu, alors qu'il est préférable de se demander à quoi lui sert le produit. Une fois qu'on a compris ça, on a déjà fait une grosse partie du travail. La première personne vers laquelle se tourner, c'est son médecin généraliste qui vous orientera vers toutes sortes de dispositifs en addictologie, dont le Finistère est plutôt bien doté.

Comment peut-on soigner son alcoolo-dépendance ?

De nos jours, on est bien plus attentif aux objectifs du patient : réduire sa consommation, la contrôler ou la supprimer, en sachant que cet objectif peut varier au cours du temps. Le sevrage consiste à travailler sur la fonction positive du produit, afin de repérer à quoi il sert pour le patient, et de travailler sur les difficultés que ce dernier cherche à surmonter : phobie sociale, angoisses, etc.

Pratique
« L'alcool, une drogue comme une autre ? » dans le cadre des Lundis de la santé, le 14 octobre à 18 h 30, à la faculté de droit, d'économie et de gestion (amphi 500 et 600) de Brest. Entrée libre. Tél. 02.98.00.84.80

> Mêmes causes, mêmes effets, même défi à Morlaix.

Propos recueillis par Jean-Marc Le Droff
Défi brestois : trois jours pour tester sa dépendance
Pour sa 16e édition, le Défi brestois propose de tester, jusqu'au 16 octobre, sa dépendance à l'alcool. Derrière cette rencontre, une sensibilisation à la consommation excessive.

Les chiffres sont explicites. D'après un récent sondage de l'OFDT, l'Observatoire français des drogues et des toxicomanies, un Français boit en moyenne 12 litres d'alcool pur par an, soit l'équivalent de 96 bouteilles de vin. Cette année, la consommation d'alcool a, par ailleurs, causé la mort de 49.000 personnes. De quoi faire froid dans le dos. Depuis le début des années 1990, il y a une véritable prise de conscience de la dangerosité et de la toxicité de l'alcool. Agissant directement sur le fonctionnement neurologique des consommateurs, l'alcool est une drogue qualifiée de dure par les organismes de santé, à l'instar de l'héroïne et de la cocaïne.

Une drogue légale mais dangereuse

Un cadre légal s'articule aujourd'hui autour de la consommation de l'alcool : limitation de sa concentration, réglementation sur la vente, répréhension de l'ivresse sur la voie publique. Mais nocivité et évolution de la législation ne vont pas toujours forcément de pair.
« On ne peut pas dire qu'un seul verre de vin est dangereux pour la santé. Pour autant, l'alcool en tant que tel l'est », souligne le docteur Pierre Bodénez, chef du service intersectoriel d'addictologie de l'hôpital de Bohars (CHRU de Brest). Des mesures vont d'ailleurs être prises pour passer de la mention « la consommation d'alcool excessive est dangereuse pour la santé » à « l'alcool est dangereux pour la santé ».

Un défi envers soi-même

C'est dans ce contexte que le Défi brestois a débuté hier. Différentes animations seront ainsi proposées cette semaine : un Lundi de la santé sur le thème « L'alcool, une drogue comme les autres ? » (lire ci-dessus), des stands d'informations dans les discothèques, des défis sportifs, etc. Ce moment est surtout l'occasion pour chacun de réfléchir sur son éventuelle dépendance à l'alcool. Le principe est simple : ne pas ingérer une goutte d'alcool pendant trois jours, durée suffisante pour ressentir la notion de dépendance physique. « Cette dépendance est en effet moins bien repérable, peut-être contrairement au tabac ou à d'autres drogues », précise le Dr Bodénez. Rappelons que le Finistère est l'un des départements le plus touché par l'alcoolisme massif.

Angelo Brodu
Le « Défi » en pratique

Le Défi brestois est organisé jusqu'au mercredi 16 octobre.
- Dans les entreprises : stands d'information, animations et distribution de cocktail sans alcool (centre hospitalier, Brest Métropole Océane...).
- Dans les discothèques : stands d'information et d'animation « Capitaine de soirée » avec un simulateur d'alcoolémie. Les boissons sans alcool seront gratuites pour tous, toute la nuit, ce soir à la Chamade (Brest) et samedi à la Villa (Guipavas).
- Projection-débat au cinéma L'Image (Plougastel), mercredi, à 20 h 30.
- Des contrôles d'alcoolémie seront proposés aux passants, samedi et dimanche, au port de plaisance du Moulin-Blanc.
- Par ailleurs, un concours vidéo à destination des jeunes Brestois est organisé en partenariat avec l'association Ti Zef (tél. 02.98.44.15.47).
Renseignements sur le site www.brestois.pagespro-orange.fr/cadresdef.htm

« Le critère fondamental de la dépendance est la perte de contrôle »

Dr Pierre Bodénez, chef du service intersectoriel d'addictologie de l'hôpital de Bohars (CHRU de Brest).

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