Le premier rasta, film documentaire réalisé par la française Hélène Lee, co-produit par Percy Yip Tong.

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Hélène Lee
03/14/11

Des images qui blessent. Jah bless. Du noir et blanc d’époque. Des décalages voulus entre images et son. Une voix off, celle d’Hélène Lee, réalisatrice du Premier rasta, qui grimpe parfois dans l’aigu. Sur un sujet grinçant. Difficile et controversé.
Le premier rasta, film documentaire réalisé par la française Hélène Lee, co-produit par Percy Yip Tong, a été projeté en avant-première, jeudi soir, à l’Institut français de Maurice. Institut qui au nom du soutien à la création, de la liberté d’expression, a assumé la diffusion d’un film perturbant.

Première réaction au fil de l’heure et demie d’images : un malaise grandissant. Car pour suivre les pas du premier rasta, Leonard Percival Howell, l’un des premiers prêcheurs du mouvement rastafari en Jamaïque dans les années 1930, il faut passer la «ganja». Gros plans sur une série de «ton» et «matante» qui chantent et crachent leur pauvreté, leurs convictions, leur révolte avec un pétard coincé entre deux doigts. Il est si présent qu’on finit, durant certaines séquences, par ne voir que cela.

Ce qui ajoute au trouble du spectateur, qui va croissant, quand il voit des gens faire sur grand écran (c’est un documentaire pas une fiction), ce qui est illégal dans la vie. Un trouble qui devient carrément début de crise quand le spectateur, orienté par les parallèles historiques entre Jamaïque et Maurice (esclavage, arrivée des travailleurs engagés), fait le lien avec des événements de notre histoire contemporaine, liés à la «ganja».

Et un chanteur qui s’appelait Kaya. Traumatisme visuel qui atteint son apogée quand plus tard dans le fi lm, on voit une main préparer l’herbe et la rouler en cigarette. L’incompréhension du spectateur grandira encore – c’est possible – quand Hélène Lee expliquera, après la diffusion, que pour la version télévisée du film, elle a justement coupé cette séance «ganja», jugeant que, «ce n’était pas essentiel».

Alors pourquoi tant insister ? Surtout que – elle le répètera – l’essence même du mouvement rasta ce n’est pas la «ganja». Ce n’est qu’une composante d’un mode de vie qui par choix s’éloigne de la consommation à outrance. Bannit la consommation d’alcool. Prône le retour à la Nature, avec sa dose de mysticisme. Rejette le colonialisme. Et est frappé par la pauvreté.

Un mouvement qui n’est ni totalement philosophie, ni entièrement religion. Mais qui s’appuie sur ces deux disciplines pour tenter de trouver un équilibre différent de ce que prescrit la pensée unique. Par trop enfumé, le message essentiel a du mal à passer.

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