Étude sur les effets du cannabis: abuser des recherches sur le cannabis

Il s’agit d’une seule étude et il faut se garder de tirer des conclusions sur la base d’une seule étude.
Tout chercheur sait que la réplication des études est essentielle à l’établissement de connaissances probantes.

JEAN-SÉBASTIEN FALLU
Samedi, 13 octobre 2018 05:00MISE À JOUR Samedi, 13 octobre 2018 05:00

J’ai pris connaissance de la toute récente étude de Morin et coll. 2018 sur les impacts potentiels et comparatifs de la consommation d’alcool et/ou de cannabis chez les adolescents de 12 à 17 ans, qui a fait le tour du monde et des manchettes. Le Téléjournal de Radio-Canada en a notamment fait un reportage alarmiste où Patricia Conrod, coauteure principale de l’étude, emploie malheureusement un langage abusif pour en décrire les conclusions et implications. Elle y affirme entre autres que l’étude démontre que le cannabis a davantage d’impacts que l’alcool sur le cerveau et que ces impacts du cannabis pourraient avoir des effets sur la réussite scolaire.

Corrélation, causalité et explication

Mais comme on le rappelle à l’occasion, on ne peut pas parler d’impacts, ou utiliser tout type de langage causal, dans les conclusions de ce type d’études corrélationnelles. C’est un abus de langage et un manque de rigueur scientifique dans un sujet déjà empreint de biais et de désinformation.

Certaines nouvelles ont même été titrées en faisant référence aux impacts sur le cerveau, mais les effets potentiellement nocifs du cannabis pourraient s’expliquer par d’autres mécanismes que par un impact direct sur le cerveau. Par une sous-scolarisation ou de mauvaises habitudes de vie associées à l’usage de cannabis et d’alcool, par exemple. Ce qui n’a d’ailleurs pas été pris en compte dans l’étude, ainsi que plusieurs autres facteurs potentiellement liés à la consommation et à d’éventuels déficits cognitifs.

Réplication des études

Autre élément important, il s’agit d’une seule étude et il faut se garder de tirer des conclusions sur la base d’une seule étude. En effet, les résultats de recherches en sciences humaines et sociales peinent à être répliqués et tout chercheur sait que la réplication des études est essentielle à l’établissement de connaissances probantes.

Cannabis ou... cannabis et alcool ?

Mais la principale critique et limite de l’étude, qui n’est d’ailleurs même pas reconnue dans l’article original et qui en mine largement les conclusions, est que la très grande majorité des consommateurs de cannabis consomme aussi de l’alcool, en consomme plus lourdement et consomme davantage d’autres drogues.

Et malgré les contrôles statistiques, l’étude ne peut pas corriger ça ; je l’ai moi-même déjà expérimenté dans mes propres études. Il devient ainsi pratiquement impossible de départager les « effets » du cannabis de ceux de l’alcool, d’une consommation lourde d’alcool, d’une consommation d’autres drogues et/ou d’une combinaison de deux ou plusieurs de ces substances.

Crédibilité des médias et de la science

Tout cela mine la crédibilité des médias, de la science et des chercheurs en plus d’alimenter de manière démesurée et souvent infondée les craintes de la population. Les médias et journalistes qui relaient ces informations sans nuance et critique ont d’ailleurs un examen de conscience à faire. Encore plus, les médias universitaires qui utilisent ces résultats pour la mise en marché de leur institution, et ce, au détriment de sa mission fondamentale.

Il sera difficile de combattre ces idées reçues qui confirment les biais de plusieurs et deviennent des vérités incontestables même si fondées sur rien de solide.

Jean-Sébastien Fallu est professeur agrégé à l’École de psychoéducation de l’Université de Montréal

Commentaires

Tout chercheur sait que la réplication des études...

Une seule étude ! Non répétée !
La controverse les informations partielles et partiales non scientifiques attirent plus de click !

Tout cela mine la crédibilité des médias, de la science et des chercheurs !

Tout chercheur sait que la réplication des études est essentielle à l’établissement de connaissances probantes.
C'est ce que je répètes depuis des années sans être un chercheur mais amateur de cannabis.

(Les participants ne doivent pas consommer d'autres drogues légales pendant la durée de la recherche.)
Pas de drogues dures comme l'alcool, le tabac, des médicaments !
Avec 82% de Québécois de 12 ans et plus qui consomment de l'alcool ce serait difficile.

(Par une sous-scolarisation ou de mauvaises habitudes de vie associées à l’usage de cannabis et d’alcool, par exemple. Ce qui n’a d’ailleurs pas été pris en compte dans l’étude, ainsi que plusieurs autres facteurs potentiellement liés à la consommation et à d’éventuels déficits cognitifs.)

(Il sera difficile de combattre ces idées reçues qui confirment les biais de plusieurs et deviennent des vérités incontestables même si fondées sur rien de solide.) *

Les affirmations gratuites des Associations de médecins et psychiatres du Québec qui ont participé à la criminalisation des adultes de 18 ans pour le cannabis seulement, connaissant les méfaits reconnus scientifiquement sur la santé physique et mentale pour l'alcool à consommation légale aux enfant (12-17 ans)..., ont non seulement participé à la criminalisation des 18-21 ans. Mais aussi à les sacrifier au marché organisé illicite, ne reposent sur aucune recherche sur des humains répétée par des chercheurs indépendants.

Pour protéger leur santé physique et mentale ?

Que des sondages et compilations de sondages d'opinions (méta-analyse) peu fiables, non scientifiques et même celui sur le site non indépendant de la CAQ prohibitionniste, ont servi à la criminalisation ségrégationniste, sans étude répété, des adultes de 18 ans mis en contact avec les dealmakers des organisations criminelles et leurs nombreux produits de pharmaceutiques dangereux pour la santé physique et mentale, fléaux à doses mortelles.

Ils ne mentionnent jamais les résultats des recherches sur des humains suivi de tests cognitifs en Israël ?

Recherches thérapeutiques sur le CBD de cannabis seul et en mélange avec du THC.
Recherches pour le cannabis récréatif qui démontrent qu'un mélange égal en THC et CBD, peu importe son taux, évite les effets indésirables qu'une minorité de néo-consommateurs pourraient ressentir.
Un taux élevé en THC n'est pas plus addictif. C'est la vulnérabilité personnelle le problème !

Ils cherchent à procurer une expérience agréable peu importe l'usage, thérapeutique ou récréatif !
Pas à criminaliser arbitrairement les adultes sans aucune preuve scientifique comme au Québec.
Pour tenir une promesse électoraliste !
Pour satisfaire les hystériques du mouvement prohibitionniste comme en 1908 !
Pour démontrer son pouvoir et son arrogance ?
Pour protéger les industries du tabac et de l'alcool qui tuent, rendent malade légalement et les inciter à leur consommation sans risque de criminalisation pour les adultes de 18 ans et moins.

*«Isaac Asimov considérait qu'il suffit que la population générale adhère avec émotion à une conception contredisant la science pour que cette conception soit presque certainement fausse. Inversement, si une hérésie scientifique est ignorée ou dénoncée par le population, elle a une chance d'être correcte.»

L'ignorance, c'est la force !
1984 (Nineteen Eighty-Four) est le plus célèbre roman de George Orwell, publié en 1949.

Le monde a été divisé en trois classes. La classe supérieure, la classe moyenne, la classe inférieure. [. .. ] Les buts de ces trois groupes sont absolument inconciliables. Le but du groupe supérieur est de rester en place. Celui du groupe moyen, de changer de place avec le groupe supérieur. Le but du groupe inférieur, quand il a un but[. .. ] est d'abolir toute distinction et de créer une société dans laquelle tous les hommes seraient égaux.

La liberté d'expression n’existe plus. Toutes les pensées sont minutieusement surveillées et d’immenses affiches sont placardées dans les rues, indiquant à tous que « Big Brother vous regarde » (Big Brother is watching you).

Le Parti a la mainmise sur les archives et fait accepter sa propre vérité historique en la truquant ; il pratique la désinformation et le lavage de cerveau pour asseoir sa domination. Il fait aussi disparaître des personnes qui lui deviennent trop encombrantes et modifie leur passé, ou les fait passer, faux témoignages des intéressés à l'appui, pour des traîtres, des espions ou des saboteurs. C'est le principe de la « mutabilité du passé » car « qui détient le passé détient l’avenir ».

Au domicile et sur les lieux de travail des membres du Parti, ainsi que dans les lieux publics, sont disposés des « télécrans », système de vidéosurveillance et simultanément de télévision, qui diffusent en permanence les messages du Parti. Les télécrans permettent à la police de la Pensée d’entendre et de voir ce qui se fait dans chaque pièce où se trouve quelqu'un. Seuls les membres du Parti intérieur peuvent arrêter le télécran qui se trouve à leur domicile pendant une courte période. On peut rapprocher le télécran des écrans géants de télévision interactive qui peuplent les murs des maisons dans Fahrenheit 451 de Ray Bradbury (1953). Allumés en permanence, ils abrutissent la population par des émissions en faveur du Parti (information, chants…). Les pompiers pyromanes sont d'ailleurs chargés de brûler les livres allant à l'encontre des idées du Parti et de pourchasser les asociaux.

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