Du cannabis aux drogues dures, il n’y a qu’un pas
Ils ont le droit d’acheter, car ils sont majeurs. Ils ont plus de 18 ans. Ont-ils commencé à consommer à minuit une, le jour de leur majorité?
Samedi, 13 mars 2021 05:00MISE À JOUR Samedi, 13 mars 2021 05:00
Marie Claire Akamendo Bita
Ils sont alignés dans le froid, à deux mètres les uns des autres, trépignant pour se réchauffer, attendant patiemment leur tour de se procurer le précieux produit de cannabis. Ils portent un masque.
Jadis, ils rasaient le mur, lorgnant à gauche et à droite, à la merci d’individus impitoyables.
Aujourd’hui, ils peuvent se procurer cet élixir qui les détend, les soigne, les arme pour affronter la dure réalité d’une existence que d’autres, ailleurs, leur envient.
Cette fois, ils n’enfreignent aucune loi! Car c’est l’État qui vend, et en plus avec l’objectif de faire des profits.
Ici aussi, la règle est la même: plus tu fournis, plus tu engranges.
Enrichir l’État pour se payer des services
Mais l'État, lui, ne s’enrichit pas pour un intérêt personnel, il cherche des recettes pour subventionner les organismes qui accompagnent les personnes souffrant de santé mentale. Non il n’y a pas de lien, ou alors un si petit que l’on ne saurait le considérer.
Ils ont le droit d’acheter, car ils sont majeurs. Ils ont plus de 18 ans. Ont-ils commencé à consommer à minuit une, le jour de leur majorité? Mais non! Ils consommaient déjà la veille, et la veille de la veille, un mois avant, un an avant, plusieurs années avant.
Au secondaire, qu’ils soient dans des écoles publiques ou privées, ils consommaient. La drogue était proposée par leurs camarades. Pas dans l’enceinte scolaire, mais pas très loin.
Les enseignants, en passant, les voyaient. Le directeur de l’établissement, en ouvrant le rideau de son bureau, les apercevait. Les parents, en déposant leurs héritiers - non ils n’en prenaient pas eux - détournaient le regard. La police communautaire, dans ses rondes, les observait.
Puis viendra le jour, où ne se satisfaisant plus de cette version banale, ils essaieront autre chose, car il y a toujours un autre marché, qui cette fois vend du fort, le vrai produit qui donne de véritables sensations.
Et pas d'inquiétude. En cas de surdose, une ambulance est garée pas très loin, qui les conduira à l'hôpital, pour une prise en charge complète par une équipe payée, entre autres, par les recettes d’un produit de la même famille.
Et pour se la procurer, le plus simple est de vendre, mais les règles du jeu peuvent être fatales.
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