Les médecins favorables au cannabis

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La Presse, le dimanche 6 janvier 2008
Par Martin Croteau

Après avoir milité contre l’utilisation de la marijuana à des fins thérapeutiques, les médecins y sont somme toute favorables. C’est la conclusion d’une étude commandée par le gouvernement fédéral, que La Presse a obtenue grâce à la loi sur l’accès à l’information.

Le rapport, remis en décembre à Santé Canada, visait à évaluer l’impact des règlements autorisant les praticiens à prescrire du cannabis. La firme Créatec a recueilli les impressions de 30 médecins – omnipraticiens et spécialistes – de partout au pays. La moitié d’entre eux exercent au Québec.

« La marijuana était perçue comme une option utile et efficace de dernier recours lorsque tous les autres traitements conventionnels ont échoué, ont causé des effets secondaires graves, se sont avérés inefficaces ou lorsque toutes les autres options ont été épuisées », peut-on lire dans le rapport.

Les effets bénéfiques du cannabis ont été documentés pour le traitement de maladies graves comme le sida, le cancer, la sclérose en plaques et l’épilepsie. Il a aussi la propriété de diminuer la pression intraoculaire chez les personnes souffrant de glaucome. Mais les associations médicales – tant au Québec qu’au Canada – se sont toujours opposées à son utilisation comme médicament.

« Je trouve rafraîchissant de voir que les médecins y sont favorables, souligne Marc-Boris St-Maurice, président du Centre Compassion de Montréal et militant de longue date pour la décriminalisation de la mari. Le Collège des médecins est réticent, mais leurs membres sur le terrain semblent plus ouverts. »

Manque d’information

Malgré tout, les médecins interrogés dans l’étude estiment que les connaissances cliniques sur l’inhalation de la fumée de cannabis sont insuffisantes.

« Les connaissances acquises provenaient le plus souvent directement (sous forme anecdotique) de leurs patients et de leur expérience avec la substance, dit le rapport. Ce modèle brouille la frontière entre le médecin et le patient et va à l’encontre de la pratique médicale conventionnelle qui se fie presque exclusivement à des informations scientifiquement prouvées. »

Cette situation dérange les praticiens. En prescrivant le traitement, ils doivent se fier au témoignage des malades plutôt qu’à des données scientifiques.

En somme, les patients sont souvent mieux informés sur l’usage de la marijuana que celui qui la leur prescrit. Résultat : certains ont tenté de manipuler leur médecin afin d’obtenir la drogue.

Autre problème, les médecins ont du mal à déterminer la dose à prescrire. Car la puissance et la qualité du cannabis varient selon la source d’approvisionnement.

« Ce que les gens craignent, c’est de devenir des pushers », reconnaît le Dr Robert Ouellet, porte-parole de l’Association médicale canadienne.

Ce groupe, avec le Collège des médecins et l’Association médicale du Québec, s’était opposé à la légalisation du cannabis à des fins thérapeutiques en 2001, jugeant la décision prématurée.

« On n’est pas contre ce traitement fondamentalement, note le Dr Ouellet, mais on est prudent parce qu’on ne sait pas où on s’en va. » De 2001 à 2006, Ottawa a investi 2 millions de dollars dans un programme de recherche pour étudier l’effet du cannabis sur la douleur.

Mais en septembre 2006, le gouvernement Harper a mis fin au projet.

Poursuivre la recherche

« La balle est dans le camp du gouvernement, dit Robert Ouellet. Pourquoi ont-ils arrêté la recherche de ce côté? Au contraire, il faudrait qu’on poursuive la recherche. Si ça peut être utile pour le patient, il faut qu’on sache comment le faire et le faire de façon scientifique. »

L’étude de la firme Créatec a coûté quelque 30 000 $ aux contribuables.

Le Collège des médecins du Québec n’a pas rappelé La Presse.

Commentaires

prothèse bilatérale des genoux

Je préfère le cannabis aux pilules genre oxicontin. Cependant, je cherche un cannabis très doux qui relaxe et enlève la douleur.

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