Pot à 21 ans, crime organisé content
Pot à 21 ans, crime organisé content
Il n’y a qu’une bonne raison pour imposer un âge légal de consommation du pot à 21 ans au Québec : c’est de l’excellente politique. Et tant pis si c’est de la mauvaise santé publique.
Patrick Lagacé
La Presse
La CAQ était opposée à la légalisation du cannabis, dans l’opposition. Le gouvernement Trudeau a tenu promesse et a légalisé cette substance largement répandue.
La CAQ a donc promis de ne pas permettre aux jeunes de 18 ans de consommer du pot légalement. Ce sera à 21 ans, a décrété le parti de François Legault.
Portée au pouvoir, la CAQ a juré de tenir promesse, envers et contre tous les avis contraires, dont celui de l’Institut national de santé publique (INSPQ).
https://www.lapresse.ca/actualites/sante/201902/13/01-5214646-cannabis-h...
Et depuis hier, c’est fait, le projet de loi 2 a été adopté : à partir du 1er janvier 2020, il faudra avoir 21 ans pour acheter et consommer du pot au Québec.
La plupart des provinces ont synchronisé l’âge légal de consommation de cannabis avec celui de l’alcool : 19 ans, généralement.
Au Québec, on pourra consommer du pot légalement seulement trois ans après avoir commencé à consommer de l’alcool légalement.
Je rappelle ceci : pour l’individu et la société, l’alcool est la drogue — eh oui, l’alcool EST une drogue — la plus dommageable, selon une étude publiée dans The Lancet en 2010.
http://plus.lapresse.ca/screens/4d862c74-3e2d-4f5d-8b76-6f9539d5b938__7C...
J’ai interviewé hier au 98,5 FM le ministre délégué à la Santé et aux Services sociaux, Lionel Carmant.
https://www.985fm.ca/extraits-audios/opinions/260428/il-faudra-avoir-21-...
Les lecteurs peuvent écouter l’entrevue, mais je résume le raisonnement du ministre : si l’âge légal est de 21 ans plutôt que 18 ans, on va limiter le nombre d’adolescents de moins de 18 ans qui sont exposés au pot…
Dans un monde magique où le pot ne serait accessible que dans des magasins qui ont pignon sur rue, l’argument aurait peut-être un semblant de valeur.
Mais dans le monde réel où le pot illégal est accessible un peu partout, c’est un argument qui a la même résistance que le papier à joint devant un briquet.
Avant la légalisation de Justin Trudeau et avant la loi des 21 ans de François Legault, les jeunes comme les vieux n’avaient pas le droit de consommer du pot. Et ils en consommaient quand même, parce que les Mom Boucher de ce monde répondaient à la demande.
Oui, en haussant à 21 ans l’âge légal pour consommer du pot, le gouvernement fait de l’excellente politique. Comme, il y a 49 ans, Richard Nixon faisait de l’excellente politique en déclarant la « guerre à la drogue ».
Guerroyer contre la drogue, ça rassure les gens qui ne consomment pas de drogue, pot ou autre. Ça rassure les parents qui ont des craintes légitimes face à leurs ados qui pourraient consommer. Ou qui consomment déjà. Ça rassure les gens qui font de la consommation de drogue un enjeu moral.
Mais tout comme la guerre à la drogue n’a jamais anéanti la drogue, empêcher les jeunes de moins de 21 ans de consommer du pot légalement ne les empêchera pas de consommer du pot illégalement.
De 18 à 21 ans, les jeunes Québécois qui devraient pouvoir acheter leur pot à la SQDC vont l’acheter où, vous pensez ?
Eh oui, dans la rue. Ou dans la cour de la poly. Ou devant leur station de métro préférée. Ou alors ils vont l’acheter où ils veulent, suffira de convenir du lieu avec Big, le gars qui répond au numéro que tout le monde connaît quand on cherche du weed… 1
Le pire ?
La SQDC, organisme gouvernemental, vend un pot passé aux rayons X par Santé Canada. Un pot dont on connaît la provenance, la production, les producteurs. Un pot dont on peut dire qu’il est plus sain que celui vendu par Big (au numéro que tout le monde connaît).
Traduction : le gouvernement Legault vient de pousser un immense marché de jeunes consommateurs québécois dans les bras du crime organisé, dont les produits ne font évidemment l’objet d’aucun contrôle de qualité reconnu.
Et si on veut se plaindre de la mauvaise qualité du produit, le boss de Big — connu sous le nom de Big Yo — est bien prêt à écouter vos griefs… Mais Big Yo a tendance à les écouter avec son fidèle bâton de baseball à la main.
Bref, sous prétexte de protéger-les-jeunes-des-méfaits-de-la-drogue, on va pousser les jeunes Québécois de 18 à 21 ans à acheter du pot plus dangereux que ce qu’on retrouve à la SQDC.
Une implantation courageuse du pot suivant la légalisation décrétée par Ottawa aurait généralisé les points de vente, où on trouverait du pot légal de bonne qualité à un prix battant toute concurrence. Ça, ça aurait sérieusement nui au marché du pot illégal. Ça aurait limité la quantité de pot de mauvaise qualité sur le marché.
Le pot est désormais légal, mais partout au Canada, cette légalisation s’est faite dans un climat de malaise, sur le bout de la palette, pour parler en langage de hockey. Sans conviction. Et le Québec ne fait pas exception.
Là où notre gouvernement fait exception, c’est qu’il a choisi de livrer le plus gros marché au crime organisé : les moins de 21 ans. Ailleurs, les bandits doivent se contenter des moins de 19 ans.
Interdire le pot aux moins de 21 ans est politiquement payant : les gens qui pensent qu’une loi peut empêcher leurs enfants de fumer un joint vont se sentir protégés. Ces gens-là, de bonne foi, sont nombreux. Ceux-là vont liker la page Facebook du premier ministre avec enthousiasme.
Comme m’a dit le ministre Carmant en entrevue, en guise d’argument : 60 % des Québécois nous appuient…
C’est un bon argument politique, mais encore là, c’est un mauvais argument de santé publique.
Le plus déprimant est que l’homme qui m’a dit ça, Lionel Carmant, est à la base un homme de science, un médecin qui dans son autre vie, accordait sans doute plus de foi à ce qui était publié dans The Lancet qu’à ce qu’on pouvait lire dans n’importe quel programme de parti politique.
1. Note de bas de page préventive : je ne consomme pas de pot, je déteste le pot, ne m’écrivez pas pour me dire que je suis un poteux, ma drogue préférée est le vin (nature de préférence). Après le vin ? Le travail…
Un peu de respect le "Sac à Vin", qui déteste le cannabis !
Un peu de respect le * "Sac à Vin", qui déteste le cannabis !
Détester les cannabis c'est détester ses consommateurs !
Par préférence de produit intoxicant ou non !
«Guerroyer contre la drogue, ça rassure les gens qui ne consomment pas de drogue, pot ou autre»
Gens qui ne considèrent pas l'alcool comme une drogue
dû à la propagande haineuse toujours présente
qui séparent l'alcool des autres drogues en licites et illicites.
Genre: pas de drogue, pot ou autre
Pas d'alcools, pas de cannabis, pas de médicaments d'ordonnance
et autres: tous les autres produits consommés illégalement licites et illicites?
*Un sac à vin est un ivrogne.
Il s'agit d'un terme familier pour désigner une personne alcoolique
ou ayant un penchant prononcé pour la boisson
Vous et vos moins de 21 ans deviendrez des criminels !
Au Québec. Vous et vos moins de 21 ans deviendrez des criminels !
Les majorité des adultes de moins de 21 ans qui consommaient occasionnellement
et de façon responsable entre amis avec leurs parents, famille, lors d'occasions spéciales
deviendront des criminels !
Heureusement ça ne changera rien à leur droit
de posséder et acheter des armes à feu même à l'étranger à 18 ans !
Ni obtenir un permis de chasse à 12 ans.
Sanctions pénales
Certaines infractions ciblent expressément les personnes qui fournissent du cannabis aux jeunes.
Donner ou vendre du cannabis à une personne de moins de 18 ans (21 ans à partir du 1 janvier)
•Emprisonnement maximal de 14 ans
Emprisonner des Québécois ça coute cher.
Séparer des familles, donner un dossier criminel pour une plante légalisé, aussi.
https://www.journaldemontreal.com/2018/07/31/les-detenus-coutent-plus-cher
Prison provinciale: les détenus nous coûtent plus cher que jamais
Les frais pour incarcérer un contrevenant atteignent près de 95 000 $ par année.
Si on payait les contrevenants 45 000 $ par année pour se tenir tranquille chez-eux
on sauverait 40 000 $ par année par détenu.
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