Québec. Cannabis: la Santé publique déconseille aux villes de sévir
Cannabis: la Santé publique déconseille aux villes de sévir
Isabelle Porterà Québec
28 septembre 2018
Politique
La multiplication de règlements municipaux sur le cannabis préoccupe des directeurs de santé publique, qui plaident que la ligne dure pourrait avoir des effets néfastes sur la santé.
Jeudi, le directeur de santé publique (DSP) de Québec a diffusé un communiqué dans lequel il soutient que de tels règlements sont « non nécessaires » et pourraient avoir des effets « néfastes ».
« Plusieurs enjeux sont à considérer avant d’adopter des mesures plus restrictives que ce que prévoit déjà la Loi », écrit le DSP.
La loi québécoise sur le cannabis, qui doit entrer en vigueur le 17 octobre, prévoit les mêmes interdictions que celles qui s’appliquent au tabac (interdiction de fumer près des établissements de santé, des écoles, etc.).
Or, ces dernières semaines, des dizaines de municipalités ont présenté des réglementations interdisant aussi qu’on fume dans tous les lieux publics, comme les parcs et les trottoirs, comme c’est le cas pour l’alcool.
Dans la région de Québec, la Ville de Lévis a fait savoir qu’elle adopterait cette approche, mais on ignore encore ce que compte faire la Ville de Québec, le maire Régis Labeaume ayant reporté l’annonce au lendemain du scrutin du 1er octobre.
Sa voisine, la Ville de L’Ancienne-Lorette, a quant à elle présenté mardi un projet de règlement allant encore plus loin que Lévis et d’autres, puisqu’elle interdit aussi d’« exhiber » de la drogue dans les lieux publics.
Fumée secondaire et inégalités
Or en confinant les fumeurs à leur domicile, dans des lieux fermés, les règlements municipaux exposent davantage les proches des consommateurs (enfants, personnes vulnérables, voisins) à la fumée secondaire, fait notamment valoir le DSP du Centre intégré universitaire de santé et de services sociaux (CIUSSS) de la Capitale-Nationale dans un communiqué publié jeudi.
Cela pose aussi un problème « d’équité sociale », selon lui. « Les jeunes sont plus nombreux à être locataires et à fumer. » Ils auraient « moins accès à un lieu légal pour fumer, contrairement aux propriétaires ».
Quant aux personnes qui vivent et dorment dans la rue, elles seront « plus à risque de se mettre dans des situations d’illégalité ».
Le DSP ajoute qu’une Ville ne peut pas appliquer une « logique de maintien de l’ordre public » au cannabis comme on le fait pour l’alcool puisque leurs impacts sur la sécurité publique ne sont pas « comparables ».
Le cannabis, écrit-il, n’« induit » pas de « comportement violent » comme l’alcool peut le faire et « tend » plutôt à « le supprimer ».
À l’inverse, le cannabis a des impacts nuisibles sur « la qualité de l’air » que l’alcool n’a pas lorsqu’il est consommé à l’intérieur.
Inquiétudes
Cette intervention fait suite à celle du DSP de la Montérégie, deux jours plus tôt, concernant le règlement de la Ville de Saint-Jean-sur-Richelieu.
Cette municipalité projette, elle aussi, d’appliquer les mêmes règles au cannabis qu’à l’alcool. Le maire Alain Laplante a notamment déclaré qu’il souhaitait que les gens « fument en cachette », selon ce qu’a rapporté le journal local Le Canada français.
« Cette position va à l’encontre des recommandations du réseau de santé publique », a dénoncé la DSP de la Montérégie, la Dre Julie Loslier, dans un communiqué.
Se disant « déçue », la Dre Loslier s’appuie essentiellement sur les mêmes arguments que son collègue de Québec. Elle rappelle en outre que l’« un des buts de la légalisation est de diminuer la judiciarisation excessive ». Le 18 septembre, la DSP de l’Estrie avait également dénoncé le projet de règlement de la Ville de Sherbrooke, lequel interdirait lui aussi qu’on en consomme dans les lieux publics.
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