Risques de se faire arrêter pour un trafiquant: crack 9,3 %, cocaïne 5,2 %, cannabis 2,1 %.

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Gangs de rue
Les petits trafiquants se font 1 800$ par semaine

Agence QMI
Éric Thibault
17/01/2011 05h59
Les trafiquants de drogue associés aux gangs de rue soutirent en moyenne 300 $ de profits par jour de leur commerce illicite, ce qui représente un pactole annuel de plus de 90 000 $.

C'est du moins ce qui émane des témoignages d'une quinzaine de membres de gangs de rue montréalais relatés dans le mémoire de maîtrise de Jonathan Pigeon, un étudiant à l'École de criminologie de l'Université de Montréal.

Âgés de 16 à 32 ans, ces trafiquants de diverses allégeances -interrogés pendant qu'ils étaient sous garde en centre jeunesse ou en détention -ont rapporté qu'ils réalisaient des profits hebdomadaires variant entre 700 $ et 4 000 $. Une moyenne de 300 $ par jour et de 1 800 $ par semaine.

C'est trois fois plus que le salaire moyen -et imposable -au Québec. Et on parle ici de vendeurs situés à l'échelon inférieur de ces organisations criminalisées...

Le crack : dévastateur et payant

«Tous les membres de gangs de notre échantillon ont identifié le cannabis et le crack comme étant les deux principales drogues vendues par eux ou par leur gang», écrit l'auteur, ajoutant qu'un des répondants distribuait même ses cartes d'affaires à sa clientèle.

Les vendeurs récoltent généralement 50 % du montant total de chaque transaction et remettent l'autre moitié à leur fournisseur, appelé le «vétéran» dans le milieu. Toutefois, la vente de crack, - un marché sur lequel les gangs ont la mainmise au Québec, selon un rapport d'analyse du Service de police de Montréal produit en 2010, -leur permet de réaliser des profits de deux à trois fois plus élevés que la marijuana.

Ainsi, l'appât du gain en incite plusieurs à privilégier la vente de crack, «malgré les lourdes peines imposées [...] dans les cas où le trafic est découvert». Cette drogue dure aux effets dévastateurs, vendue 20 $ l'unité (0,2 gramme), est surtout prisée «par les plus démunis».

Certains vendeurs n'ont aucun scrupule à en écouler dans les écoles; «le crack est inodore, alors que le cannabis dégage de fortes odeurs, surtout s'il est laissé dans le casier [...] durant les heures de classes, ce qui augmente les probabilités de se faire prendre».

Armes à volonté

Les trafiquants à la solde des gangs de rue ayant accepté de se confier au criminologue ont affirmé, «sans exception», avoir facilement accès à des armes en cas de besoin ou en avoir eu une panoplie en leur possession. Armes à feu, gilets pare-balles, pistolets Taser, vaporisateur de poivre de Cayenne, couteaux, machettes... Ils auraient la directive de ne «jamais toucher les armes à feu à mains nues, ni les munitions, pour ne pas laisser de traces».

Les attentats armés entre gangs de rue ont été moins fréquents à Montréal au cours de la dernière année, cédant le pas à la guerre de clans au sein de la mafia italienne. D'après les entrevues menées par Jonathan Pigeon, les gangs de rue transigent souvent ensemble dans le contexte du trafic de stupéfiants. «La relation d'affaires transcenderait la rivalité qui existe entre les différents gangs de rue, telle qu'elle est décrite dans les médias.»

Le trafic de stupéfiants est «rarement l'unique source de revenus du gang ou d'un membre, pouvant même arriver deuxième en importance» après d'autres activités lucratives comme la fraude et le proxénétisme.

«Prêts à tout» pour leur dose

«C'est incroyable les objets de valeur que les clients peuvent offrir pour une roche de crack de 20 $...»

Selon les trafiquants qui ont collaboré avec le criminologue Jonathan Pigeon, «les consommateurs dépendants sont prêts à tout pour assurer leur consommation».

Lorsqu'ils sont à court d'argent, ces derniers offrent téléviseurs, caméras, ordinateurs portables, consoles de jeux vidéo, manteaux et autres vêtements, bijoux. Des objets souvent volés. Mais aussi des voitures, des armes et... des chèques d'aide sociale. Sans oublier celles qui offrent de «payer en nature».

Ce n'est pas le cas des clients «avec de l'éducation, qui viennent en Porsche, en gros Hummer». D'après les répondants, «les Québécois de couleur blanche seraient consommateurs de cannabis, de crack et de speed, alors que ceux de couleur noire consommeraient peu de crack». Le cannabis serait prisé «par les personnes de toutes nationalités».

Moins de 10 % de chances d'arrestation

Les clients qui ne comptent pas parmi les réguliers du trafiquant ne savent vraiment pas ce qu'ils achètent. Pour augmenter leur part de profit aux dépens des «touristes» ou des «pétés», certains vendeurs n'hésitent pas à leur re-filer de la drogue «coupée» avec différentes substances écrasées comme de l'aspirine, du Tylenol, de la farine, de la poudre de protéines et même de l'ammoniac («pour donner l'impression que c'est plus fort»).

Selon une évaluation statistique incluse dans le rapport Lecture de l'environnement du Service de police de la Ville de Montréal 2010, réalisé par le SPVM, les trafiquants de crack ont 9,3 % de risques de se faire arrêter, comparativement à 5,2 % pour les vendeurs de cocaïne et de 2,1 % pour les trafiquants de cannabis.

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