Des cultivateurs en herbe, des fournisseurs d’électricité, des policiers, en pétard.

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Zappiste: La police se pose les bonnes questions face à l'hypocrisie.
Donner le droit de fumer sans l'autoproduction c'est continuer à enrichir les terroristes et le crime organisé.

Sur le papier, il est interdit de fumer, d’acheter, de vendre ou de cultiver du cannabis, mais l’interdiction de consommer ne fait l’objet d’aucune sanction depuis 1976 et les coffee shops ont le droit de vendre de petites quantités.

Ce paradoxe laisse même la police perplexe : “On peut en fumer, mais on ne peut pas en cultiver. Où est-ce qu’on est censé s’en procurer alors ?” demande Erik De Borst, numéro un de la lutte anticannabis.

http://www.courrierinternational.com/article/2011/01/13/des-fournisseurs...

Des fournisseurs d’électricité en pétard contre le cannabis
13.01.2011?|?The Wall Street Journal

Les producteurs de cannabis, gros consommateurs de volts, volent des centaines de millions d’euros d’électricité par an. Le problème est tel qu’un opérateur a pété un câble. Stedin Netbeheer BV, qui compte 1,8 million de clients, effectue désormais des raids avec des policiers armés pour repérer les plantations de cannabis en procédant à des analyses de réseau sophistiquées.

Pour cultiver de l’herbe en intérieur, il faut de l’eau, des générateurs de dioxyde de carbone, et une lumière et une chaleur intenses, ce qui provoque des centaines d’incendies accidentels par an. Une forte consommation d’électricité étant un indice clé pour les enquêteurs, les planteurs font des branchements sauvages – qui coûtent à Stedin 11,6 millions d’euros par an.

Dernièrement, la société a donc lancé un numéro d’appel anonyme et envoyé à ses clients 30 000 cartes à gratter parfumées au cannabis frais en leur demandant de contacter les autorités s’ils sentaient cette odeur ou soupçonnaient quelqu’un de cultiver du cannabis. “On ne demande pas aux gens d’espionner”, confie M. Wolter Meijer, qui dirige le service antifraude de Stedin. “Seulement de renifler cette carte et de nous passer un coup de fil s’ils sentent cette odeur dans leur quartier.”

Après autorisation du parquet de Rotterdam, la police a distillé 40 kg de chanvre saisis lors d’une descente pour obtenir 50 cl d’huile, dont le tétrahydrocannabinol, la substance active, a ensuite été retiré. Elle a trouvé un imprimeur en France, qui a fabriqué les cartes et s’est chargé des formalités auprès des douanes françaises et belges pour les expédier aux Pays-Bas. Le numéro vert de Stedin reçoit en moyenne un tuyau par jour. La société a beau savoir qu’“il s’agit sans doute seulement de quelqu’un qui fume du hasch ou de voisins qui se détestent”, chaque appel fait l’objet d’une enquête.

Sur le papier, il est interdit de fumer, d’acheter, de vendre ou de cultiver du cannabis, mais l’interdiction de consommer ne fait l’objet d’aucune sanction depuis 1976 et les coffee shops ont le droit de vendre de petites quantités. Ce paradoxe laisse même la police perplexe : “On peut en fumer, mais on ne peut pas en cultiver. Où est-ce qu’on est censé s’en procurer alors ?” demande Erik De Borst, numéro un de la lutte anticannabis. Dans tous les Pays-Bas, apparemment. Le pays compterait 40 000 plantations de cannabis. Chaque année, 5 000 sont détruites et 5 000 refont surface, selon la police. Les coffee shops n’ayant le droit de stocker que 500 grammes, ils ont besoin de se réapprovisionner fréquemment. D’après la police, l’approvisionnement est en général assuré par des gangs qui morcellent la production : ils paient des habitants aux revenus souvent très modestes pour transformer leur domicile en serre. Deux cents plants peuvent donner cinq récoltes par an, chacune rapportant 23 000 euros. Les producteurs n’alimentent pas que le marché intérieur : sur les 2 milliards d’euros produits chaque année, 90 % sont exportés, selon la police.

On trouve des plantations de cannabis dans des villas, des serres d’horticulteurs et des HLM. On en a même trouvé dans des containers de transport maritime dissimulés sous une piscine. Les gangs protègent fréquemment leurs plantations par des pièges, par exemple des portes électrifiées, des trous recouverts d’un paillasson et des grenades à peinture.

L’équipe de M. Meijer, forte de 32 personnes, guette les surconsommations de 8 heures, qui correspondent au fonctionnement des lampes à chaleur. Elle recherche les filtres à air extérieurs, les enchevêtrements de câbles et les toits sur lesquels la neige fond rapidement. Deux équipes quittent le siège de Stedin à Rotterdam dans des véhicules banalisés. L’inspecteur John Mulder pointe une caméra thermique sur les immeubles suspects. Une concentration de chaleur dans un grenier est un bon indice, “mais ça peut aussi être une machine à laver”, explique-t-il.

Les enquêteurs frappent aux portes pour vérifier les informations communiquées par des voisins qui pensent avoir senti quelque chose. “Je fume des pétards”, leur déclare simplement un habitant, Younes Kamel. Les enquêteurs s’inclinent et repartent.

Juste avant midi, bingo ! La police enfonce la porte d’un bâtiment inoccupé. Les pièces du premier et du deuxième étages contiennent plus de cent pots de fleurs remplis d’une terre noire. La récolte vient d’avoir lieu. Un sac-poubelle bourré de branches se trouve près de la porte d’entrée. Des transformateurs et des câbles permettant d’alimenter les lampes sont fixés sur un panneau dans un couloir. Les techniciens de Stedin le démontent.

Le nouveau gouvernement conservateur souhaite fermer plusieurs des 700 coffee shops et des 400 growshops du pays, qui vendent en toute légalité du matériel nécessaire à la culture du chanvre. “Les coffee shops, c’est un bon créneau”, confie Myriam Kobus, la gérante du Game, à La Haye. Selon elle, l’établissement rapporte plusieurs centaines d’euros par jour. Le cannabis n’est pas près de disparaître.

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http://www.courrierinternational.com/chronique/2010/03/11/les-cultivateu...

Les cultivateurs en herbe sont en pétard

Traqués par la police, les petits producteurs de cannabis sont en voie de disparition aux Pays-Bas. Résultat : la qualité de l’herbe baisse et les coffee shops sont obligés de s’approvisionner auprès des réseaux criminels.
11.03.2010

On ne les voit ou on ne les entend presque plus, mais ils existent toujours, ces petits cultivateurs qui chouchoutent leurs petits pieds de cannabis à domicile. Ils le font pour leur propre consommation, pour approvisionner leurs proches en cannabis médicinal ou pour le vendre aux coffee shops. Et ils se sentent de plus en plus menacés.

Depuis 2004, la police et la justice néerlandaises leur font une chasse assidue. “Ce sont surtout eux qui se font prendre”, explique Nicole Maalsté, sociologue à l’université de Tilburg. “Pour la police, il est plus facile d’organiser une descente dans un quartier populaire. Mais les grands truands restent généralement hors d’atteinte. Pour les ­arrêter, il faudrait enquêter plus longuement.” D’après elle, la criminalité organisée profite de ces interventions policières plus vigoureuses. “Au fur et à mesure que les petits cultivateurs sont chassés du marché, les durs remplissent ce vide. Les coffee shops sont poussés vers des individus avec lesquels ils n’auraient jamais voulu travailler.”

Un fonctionnaire municipal de 36 ans (souhaitant rester anonyme) qui réside dans le quartier populaire de Woensel-West, à Eindhoven, et qui cultive du cannabis dans son grenier, ne se considère pas du tout comme un criminel : “Mon amie et moi cultivons pour notre propre consommation. Ce qu’ils vendent dans les coffee shops est cher et de qualité de plus en plus médiocre. Ils y ajoutent des produits chimiques ou l’alourdissent avec de la poudre de verre ou de métaux.”

Dans son grenier, deux armoires contiennent chacune cinq pieds de cannabis éclairés par de fortes lampes. Le fonctionnaire affirme qu’il respecte les règles de la politique dite “de tolérance” : sa copine et lui possèdent chacun cinq pieds de cannabis [la culture est interdite mais pénalisée seulement à partir de six pieds]. Mais, lorsqu’on cultive à partir de semences, il faut en semer au moins le double, car seules les graines femelles fleurissent. Il y a un an et demi, il a eu la visite de deux agents de police tuyautés par un voisin. Les policiers se sont montrés compréhensifs. Un autre cultivateur, Kees (40 ans), habitant la ville de Huizen, a été moins chanceux : “Je n’ai pas réussi à faire comprendre au policier que pour avoir cinq plantes il en fallait dans un premier temps bien plus. Ils ont tout détruit.” Kees cultive du “cannabis de qualité, 100 % biologique”. Ce qu’il ne consomme pas, il le vend au coffee shop – entre 270 et 340 euros les 100 grammes, selon la qualité et le coffee shop. Nicole Maalsté, comme de nombreux maires, souhaite que l’approvisionnement des coffee shops auprès de petits cultivateurs contrôlés soit dépénalisé [les coffee shops peuvent vendre jusqu’à 5 grammes de cannabis par client, mais n’ont pas le droit de s’approvisionner, pas même auprès des petits cultivateurs]. Elle voudrait que la police fasse surtout la chasse aux réseaux criminels : “Les petits cultivateurs, qui sont le socle de la politique néerlandaise de tolérance, devraient être choyés. Ils cultivent de la bonne herbe, généralement dépourvue d’additifs. La qualité est clairement supérieure à ce que les grands produisent en gros et qui envahit de plus en plus les rayons.”

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