Revue de presse: Les drogués font chier le monde Charlie Hebdo - drogues et Réponse du CIRC

Pour légitimer son usage, la drogue est souvent comparée à la drogue

Les drogués font chier le monde
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Charlie Hebdo - drogues
Précaution avant lecture :

Nous avons longtemps hésité avant de vous partager ce morceau de littérature nauséabonde réservé aux abonnés de Charlie Hebdo. Mais, puisqu’il faut bien connaître ses adversaires pour mieux les combattre, nous vous livrons cet article ci-dessous… Accrochez-vous, ça risque de piquer et de faire mal au cul.

Le trafic de drogue en France a pris une ampleur inégalée et, chaque jour, des faits divers, règlements de comptes et assassinats nous en font la démonstration. Les problèmes posés par la drogue sont toujours abordés sous deux aspects : sécuritaire et sanitaire. Sécuritaire, car la fourniture de toute cette dope est assurée par des mafias de plus en plus violentes et puissantes, aujourd’hui installées sur tout le territoire, y compris dans les zones rurales. Sanitaire, car la consommation de produits stupéfiants dégrade la santé et s’apparente souvent à une forme d’autodestruction. Et c’est ensuite à la collectivité de prendre en charge le coût financier de la lutte contre la criminalité comme celui des soins aux personnes dépendantes.

Pour légitimer son usage, la drogue est souvent comparée à l’alcool. Pourtant, l’alcool ne cause pas de dommages uniquement à ceux qui s’en imbibent, mais aussi à leur entourage. L’alcool crée des traumatismes à vie à l’occasion d’accidents de la route ou de violences conjugales qu’il provoque. Sa consommation ne peut donc être considérée comme un exemple à suivre, mais au contraire comme un fléau suffisamment catastrophique pour ne pas en valider un nouveau.

Indifférence et individualisme
Les partisans de la légalisation ont inventé l’expression séduisante de « drogue récréative » pour que le public l’associe aux loisirs, et non plus à la violence. Une pirouette pour cacher une réalité moins flatteuse : celle de l’indifférence des consommateurs quant à l’impact de leur mode de vie sur la collectivité. Leur plaisir personnel passe avant tout. À l’heure où les pouvoirs publics incitent les citoyens à l’altruisme en leur demandant d’être « écoresponsables », en leur conseillant de ne pas gaspiller l’eau, l’électricité, de limiter leurs déplacements en avion pour réduire les effets du réchauffement climatique, personne, curieusement, n’adopte le même discours pour encourager les usagers à consommer moins de drogue, si ce n’est pour leur santé, du moins dans l’intérêt de la collectivité. Visiblement, le drogué se fout complètement de l’intérêt général.

Car les aspects sanitaire et sécuritaire en occultent un troisième, moins évident à discerner. En France, 2 % de la population (1,4 million de personnes) consomme de la drogue au moins 10 fois par mois, et 1,3 % (900 000 personnes) en consomme tous les jours. Un tel usage pose donc aussi un problème démocratique. Pourquoi 98 % de la population devrait-elle supporter les conséquences sanitaires et sécuritaires des agissements de seulement 2 % ? Une fois de plus, on est confrontés à une difficulté récurrente dans les sociétés démocratiques modernes : quelle place et quels droits faut-il accorder aux minorités ? La société doit-elle se réorganiser et réformer tout son appareil juridique pour satisfaire seulement 2 % de ses membres ?

Il ne faut pas rêver : sur le plan sanitaire, la légalisation ne rendra pas la consommation de drogue moins destructrice. De même, elle ne fera pas se ranger du côté de la loi les trafiquants, qui n’accepteront jamais de payer des impôts et les cotisations sociales sur les bénéfices de leur commerce. Car le premier enivrement que procure la consommation de came, c’est de ne pas respecter la loi. Cette ruée vers les produits stupéfiants s’inscrit dans ce mouvement plus vaste constaté partout dans le monde et qui consiste à s’affranchir des règles et des valeurs communes à tous pour ne satisfaire que ses désirs personnels, sans aucun souci des conséquences pour les autres. Un exemple supplémentaire de la dérive ultra-individualiste de nos sociétés modernes. Les truands qui font le commerce de la drogue sont parfaitement en phase avec cette évolution. En se mettant habilement au service de notre individualisme mortifère, la voyoucratie est devenue un pilier de notre société. C’est aussi cela, la trumpisation des esprits.

Source Charlie Hebdo

Note du CIRC : Les drogués font chier le monde ? Non, ce sont les éditorialistes ignorant les conséquences de la prohibition qui font chier le monde !

Une fois de plus, les usager(e)s de drogues se voient caricaturé(e)s et stigmatisé(e)s dans un article pétri de raccourcis simplistes et de méconnaissance sur les réalités du trafic et de la consommation de stupéfiants en France. En amalgamant les consommateurs à la criminalité et en occultant les causes réelles de cette violence, ce type de discours alimente les préjugés au lieu de proposer des solutions efficaces.

Le CIRC, collectif engagé depuis des décennies pour une politique des drogues juste et éclairée, usera de son droit de réponse pour rétablir quelques vérités et rappeler que l’échec des politiques prohibitionnistes ne devrait pas être mis sur le dos de ceux qu’elles prétendent protéger. Ces articles, qui diabolisent systématiquement les usager(e)s, passent sous silence les conséquences désastreuses de la prohibition elle-même : surenchère répressive, explosion du trafic de stupéfiants et stigmatisation des consommateurs.

Nous appelons les médias à faire preuve de plus de rigueur et de responsabilité dans leur traitement des questions de drogues, et à ne plus réduire les usager(e)s à de simples boucs émissaires pour des politiques défaillantes.

Nous vous invitons à lire et à partager notre réponse pour rétablir une réalité trop souvent déformée par ce genre de tribunes. Ensemble, déconstruisons les préjugés et ouvrons enfin un vrai débat de société sur la question des drogues.

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Le CIRC répond à l’article de Riss, éditorialiste de Charlie Hebdo

https://www.circ-asso.net/le-circ-repond-a-larticle-de-riss-editorialist...

Nous avons longtemps hésité avant de répondre à ce morceau de littérature nauséabonde signé par le directeur de rédaction de Charlie Hebdo, torchon autrefois subversif mais désormais devenu une machine à reproduire les pires poncifs réac.

Le CIRC répond à l’article de Riss, éditorialiste de Charlie Hebdo
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Droit de réponse du CIRC
Encore une fois, les usager(e)s de drogues sont désignés comme les boucs émissaires idéaux dans un article signé par Riss, directeur de rédaction de Charlie Hebdo, truffé de raccourcis paresseux et de clichés éculés sur les réalités du trafic et de la consommation en France.

Nous avons longtemps hésité avant de répondre à ce morceau de littérature nauséabonde signé par le directeur de rédaction de Charlie Hebdo, torchon autrefois subversif mais désormais devenu une machine à reproduire les pires poncifs réac. Oui, ce même Charlie post-attentat (et même avant, sous Philippe Val) qui a nettoyé France Inter de ses trublions rouges, avant de virer à droite toute. Méritaient-ils un droit de réponse ? Nous avons eu un doute. Ça pourrait presque cautionner leur prose acide et mal informée. Mais les usager(e)s de drogues, une nouvelle fois stigmatisé(e)s sans nuance, méritent d’être défendu(e)s face à cette diatribe paresseuse. Et, curieusement, pas une seule fois Riss ne mentionne le mot « prohibition ». Peut-être ignore-t-il l’existence de ce terme, pourtant central dans tout débat sérieux sur les politiques des drogues ? Ou préfère-t-il l’éviter, de peur que ses lecteurs ne commencent à comprendre les véritables causes des problèmes qu’il dénonce si mal. Quoi qu’il en soit, il est grand temps de corriger cette vision biaisée.

Les consommateurs ne sont pas les criminels que l’on caricature
Dans son pamphlet, Riss déclare que « les drogués font chier le monde », réduisant des millions de citoyen(ne)s à de simples perturbateurs sociaux, responsables de tous les maux associés à la drogue. Cette simplification grotesque ignore que les consommateurs sont souvent les premières victimes d’un système répressif qui, sous prétexte de protection, alimente les profits mafieux et plonge des millions de citoyens dans l’insécurité juridique et sanitaire. Blâmer les usager(e)s pour la violence du trafic revient à ignorer l’évidence : la prohibition elle-même est le principal carburant des réseaux criminels.

Le mythe de l’usage récréatif comme camouflage de la violence
Riss accuse également les défenseurs de la légalisation d’avoir inventé le concept de « drogue récréative » comme une « pirouette » pour masquer les conséquences de la consommation. Ce genre de sophisme est non seulement malhonnête, mais aussi révélateur d’une ignorance profonde des réalités des politiques des drogues. L’usage récréatif, loin d’être une simple invention marketing, est une réalité culturelle et historique que même les législations les plus répressives n’ont jamais réussi à éradiquer. Refuser de le reconnaître, c’est nier l’existence de millions de consommateurs responsables.

La prohibition : racine des violences que l’on déplore
Riss évoque les « truands » comme s’ils étaient une fatalité, oubliant commodément que ces mêmes criminels sont le produit direct des politiques prohibitionnistes. Le trafic n’est pas une conséquence inévitable de la consommation, mais bien de la répression elle-même. Là où la vente est légale et régulée, les mafias perdent du terrain, les quartiers se stabilisent et la violence recule. La répression n’a pas réduit la consommation ; elle l’a simplement reléguée dans les mains des mafias. Les consommateurs, loin d’être les complices des truands, sont les otages d’une politique obsolète et contre-productive.

Le coût social réel : la prohibition, pas les consommateurs
Les auteurs de ce type d’article oublient commodément que les vrais coûts sociaux de la drogue ne viennent pas de la consommation en elle-même, mais des conséquences de la prohibition : criminalisation des usager(e)s, surpopulation carcérale, rupture sociale et marginalisation. La légalisation, au contraire, permettrait de réduire ces dommages en réorientant les ressources vers la prévention, la réduction des risques et les soins. Ce sont les États qui choisissent de criminaliser leurs citoyens, et non les consommateurs qui choisissent d’entretenir les mafias.

Pour un débat informé et une politique des drogues rationnelle
Nous exigeons donc un vrai débat, loin des caricatures et des fantasmes, pour sortir enfin de ce cercle vicieux et construire une politique des drogues fondée sur les faits, le respect des libertés individuelles et la protection de la santé publique. Nous refusons de voir les usager(e)s de drogues constamment stigmatisé(e)s et désigné(e)s comme les responsables des maux que la prohibition elle-même engendre.

Nous invitons les éditorialistes à cesser de tirer à vue sur les usager(e)s sans prendre le temps de comprendre les réalités de leur quotidien et les enjeux de cette question complexe. Pour cela, qu’ils prennent le temps de s’informer auprès des véritables spécialistes de la question, comme le Collectif d’Information et de Recherche Cannabique (CIRC), qui se bat depuis des décennies pour une politique des drogues rationnelle, humaine et respectueuse des libertés individuelles.

Nous invitons tous ceux qui refusent ces raccourcis simplistes à nous rejoindre pour déconstruire ces mythes et ouvrir une nouvelle ère de justice sociale et de pragmatisme politique.

Lire aussi :

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La prohibition: un échec criminogène et un déni politique

Retailleau veut ton silence ? Réponds avec ton adhésion au CIRC.

Vers un monde sans prohibition ?

Voir l’article biaisé sur le site de Charlie Hebdo (réservé aux abonnés)

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