Cannabis : des milliards $ en fumée
Le cannabis est de plus en plus payant pour l’État. Les ventes légales ne cessent d’augmenter. Mais pour les producteurs-promoteurs de pot, c’est la descente aux enfers !
Cannabis : des milliards $ en fumée
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Des installations de production d’Aurora Cannabis. Le titre de l’entreprise canadienne a perdu 94 % de sa valeur entre octobre 2018 et août 2022.
PHOTO TIRÉE DE TWITTER, @AURORA_MMJ
Des installations de production d’Aurora Cannabis. Le titre de l’entreprise canadienne a perdu 94 % de sa valeur entre octobre 2018 et août 2022.
MICHEL GIRARD
Jeudi, 11 août 2022 05:00
MISE À JOUR Jeudi, 11 août 2022 05:00
Le cannabis est de plus en plus payant pour l’État. Les ventes légales ne cessent d’augmenter. Mais pour les producteurs-promoteurs de pot, c’est la descente aux enfers !
Les actions des producteurs de marijuana inscrits en Bourse n’ont jamais été aussi déprimées depuis la légalisation du pot en octobre 2018.
À vrai dire, les titres des compagnies de pot ne sont plus que l’ombre d’eux-mêmes.
D’octobre 2015, lors de la première victoire de Justin Trudeau, jusqu’à la légalisation officielle du cannabis en octobre 2018, laquelle faisait partie des promesses phares de Trudeau en 2015, le cours des actions des sociétés de cannabis a explosé.
À l’époque, bien des investisseurs se demandaient si l’engouement boursier pour les titres des producteurs de cannabis n’était qu’un écran de fumée.
Aujourd’hui, presque quatre années plus tard, les immenses gains accumulés entre octobre 2015 et octobre 2018 sont carrément partis en fumée.
Voici quelques exemples.
La capitalisation boursière de Canopy Growth, la plus grande société de pot au Canada, avait atteint le 15 octobre 2018 la magistrale valeur de 17 milliards de dollars, soit 33 fois sa capitalisation d’octobre 2015. L’action était passée de 2,18 $ à 73,75 $.
Aujourd’hui, l’action de Canopy (symbole boursier : WEED) a toutes les misères du monde à se maintenir au-dessus de la barre des 4 $ pièce. La capitalisation boursière n’est plus que 1,93 milliard $, en chute de 89 % depuis le début de la légalisation du cannabis.
Le numéro 2 à l’époque était la compagnie Aurora Cannabis. L’action était partie de 42 cents (octobre 2015) pour atteindre les 15,07 $ en octobre 2018. La capitalisation boursière de la compagnie avait touché les 14,5 milliards de dollars.
Aujourd’hui, l’action d’Aurora Cannabis peine autour des 2,00 $. Sa valeur boursière n’est plus que 816 millions de dollars, une déconfiture de 94 %.
Les autres sociétés de pot qui étaient également « milliardaires » au moment de la légalisation du cannabis en octobre 2018 ont toutes pris le champ cette année.
De 15,07 $ en octobre 2018, l’action de Cronos Group se négocie présentement à 3,94 $, en recul de 74 %.
Le titre de Hexo ne vaut plus que 27 cents l’action, comparativement à un cours de 8,95 $ en 2018. La capitalisation boursière a fondu de 94 %.
Pour sa part, OganiGram Holdings s’est effondré de 85 %, l’action passant de 10 $ à seulement 1,43 $.
Chez Morningstar, à quels facteurs attribue-t-on la déconfiture des titres de cannabis au Canada ?
Au retour du balancier : le trop-plein d’optimisme en 2018 a fait place aux sombres perspectives des investisseurs face aux producteurs de cannabis.
À une guerre de prix entre les producteurs de pot.
À la ténacité du marché illégal.
ET POURTANT...
Selon un rapport du Centre canadien sur les dépendances et l’usage de substances (CCDUS), le marché légal de la vente au détail de cannabis continue de croître, le public délaissant les sources illégales au profit des sources légales.
« Si le cannabis séché domine toujours les ventes totales, on constate une augmentation de la demande pour d’autres types de produits, comme le cannabis comestible et les extraits », précise-t-on dans ledit rapport.
En 2021, selon les données compilées par Statistique Canada, les ventes au détail des produits du cannabis se sont élevées à 3,8 milliards de dollars, comparativement à des ventes de 2,6 milliards de dollars en 2020 et de 1,2 milliard de dollars en 2019.
Et au cours des cinq premiers mois de l’année 2022, les ventes ont continué de progresser alors qu’elles ont atteint presque 1,8 milliard $, en hausse de 23 % sur 2021.
SQDC
Pendant ce temps-là, les affaires de notre vendeur gouvernemental de pot, soit la Société québécoise du cannabis (SQDC), vont très bien.
Pour l’exercice terminé le 31 mars dernier, la SQDC rapporte des ventes de 601 millions de dollars.
Vendre du pot, ça rapporte gros à l’État ! Sur ces 601 millions $, Québec a récolté 214,5 millions $ en dividendes et taxes de tout acabit et Ottawa, la somme de 56,4 millions de dollars en taxes.
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