L’urine du loup à crinière sent la marijuana

L’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) classe l’espèce en « quais-menacé » (NT)

Par Jennifer Matas | Publié le 05.07.2021 à 8h56 | Modifié le 05.07.2021 à 8h56 |

Si vous vous promenez dans les prairies et petites forêts d’Amérique du Sud, entre le sud du Brésil, le Paraguay, l’Argentine ou la Bolivie et que vous sentez une forte odeur de cannabis, vous n’êtes pas forcément tombés sur un groupe de fumeurs de joints. Peut-être vous baladez-vous simplement sur le territoire du loup à crinière…

Une odeur forte, entre houblon et marijuana
Si le binturong a une urine qui sent le pop-corn, celle de Chrysocyon brachyurus a une odeur beaucoup plus piquante et forte, entre le houblon et la marijuana. Pourquoi ?

En analysant les différents composants de l’urine du loup à crinière, les scientifiques ont découvert la présence de pyrazines (source : étude de décembre 2012). Ces molécules sont notamment sécrétées par des insectes ou des plantes toxiques, qui s’en servent comme signal pour avertir leurs éventuels prédateurs de leur toxicité.

L’urine du loup à crinière contient également « des hémiterpénoïdes contenant du soufre qui sont principalement responsables de l’odeur urinaire distinctive, des alcools hémiterpénoïdes qui sont connus comme des phéromones de scolytes », indique l’étude.

L’urine, un marqueur essentiel
Comme pour tout autre canidé, le loup à crinière utilise l’urine à d’autres fins qu’uniquement celle de soulager sa vessie : il s’agit d’un marqueur olfactif.

L'urine du loup à crinière sert de marquage olfactif
L’urine du loup à crinière sert de marquage olfactif pour son territoire et la reproduction.

En urinant à divers endroits, il délimite son territoire et communique avec ses congénères. C’est par exemple essentiel au moment de se reproduire pour trouver un partenaire à l’accouplement, mais aussi pour dire aux autres loups de déguerpir s’ils s’aventurent sur le territoire d’un autre.

Certains pourraient se montrer septiques : l’odeur du pipi du loup à crinière est-elle vraiment similaire à celle de la marijuana ? Il semblerait que oui. Et la ressemblance est telle qu’elle en a piégé plus d’un !

Le zoo de Rotterdam, aux Pays-Bas, en a fait les frais. Des visiteurs auraient en effet été si troublés par cette odeur de marijuana, qu’ils étaient persuadés que des fumeurs de cannabis se cachaient dans le parc ! Contactée, la police s’est rendue sur place pour finalement découvrir… que l’odeur de marijuana venait en fait de l’enclos des loups à crinière !

Le loup à crinière, un canidé à part
En plus de ses pattes hautes, de sa marche à l’amble – comme chez les girafes et les hyènes – et de son pelage couleur renard, le loup à crinière est bel et bien un canidé à part dans le monde sauvage.

Il se distingue aussi par son régime alimentaire composé de proies de petite taille comme des rongeurs, des oiseaux, des reptiles mais aussi de fruits. Le loup à crinière est en effet omnivore et non strictement carnivore comme d’autres canidés.

Dans la nature, il subit de nombreuses pressions et notamment la disparition de son habitat naturel au profit de l’expansion des terres agricoles, des pâtures et des villes. Malgré tout, il n’est pas officiellement considéré comme une espèce menacée. L’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) classe l’espèce en « quais-menacé » (NT)

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