La consommation d’alcool a-t-elle un impact sur l’efficacité du vaccin?

« Est-ce qu’il y a des études fermes qui disent que c’est certain que ça va avoir un effet sur le vaccin ? Non », a dit la docteure Julie Bruneau, une experte de la toxicomanie au CHUM qui est membre depuis peu du conseil scientifique d’Éduc’Alcool.

Jean-Benoit Legault - La Presse canadienne
29 janvier 2021

Santé

La consommation d’alcool pourrait avoir un impact sur l’efficacité du vaccin contre la COVID-19, mais on ne dispose pas pour le moment des données qui permettraient de l’affirmer avec certitude.

Dans un communiqué publié plus tôt cette semaine, l’organisme Éduc’Alcool affirme que les bienfaits de la vaccination peuvent être « amoindris » chez les buveurs excessifs.

En revanche, poursuit l’organisme, la réaction immunitaire « pourrait être encore meilleure » chez les consommateurs modérés.

« Est-ce qu’il y a des études fermes qui disent que c’est certain que ça va avoir un effet sur le vaccin ? Non », a dit la docteure Julie Bruneau, une experte de la toxicomanie au CHUM qui est membre depuis peu du conseil scientifique d’Éduc’Alcool.

« Personne ne le sait. Peut-être que si on prend une grosse brosse, que notre vaccin va marcher, et peut-être que si on ne boit pas, il ne va pas marcher. Au niveau individuel, on ne le sait pas. »

On peut supposer qu’une forte consommation d’alcool aurait différents effets sur le système immunitaire et des études observationnelles précédentes ont montré que les grands consommateurs d’alcool répondent moins bien à des vaccins connus, comme celui contre l’hépatite B.

Il est toutefois impossible de dire si cette réponse amoindrie est attribuable à la consommation d’alcool, à d’autres composantes du mode de vie ou même à d’autres problèmes de santé dont pourraient souffrir les buveurs. Tous ces éléments sont indissociables, a dit la docteure Bruneau.

Il en va de même pour les buveurs modérés chez qui une réponse immunitaire bénéfique aurait été observée.

« Les femmes qui buvaient un verre d’alcool et les hommes qui en buvaient deux avaient toutes sortes de réponses qui semblaient être de bonnes réponses du système immunitaire, a dit la docteure Bruneau. Mais c’est toujours embêtant, parce que quand on parle de personnes qui boivent un verre ou qui n’en boivent pas, on rentre dans toutes sortes de considérations socio-économiques qui peuvent aussi avoir une grosse influence sur la santé en général et sur l’immunité. »

Éduc’Alcool précise d’ailleurs que le but n’est évidemment pas d’inciter les Québécois à commencer à boire pour améliorer leur réaction immunitaire au coronavirus.

On ne peut pas non plus automatiquement transposer les résultats obtenus avec d’autres vaccins à celui contre le coronavirus, qui est issu d’une nouvelle technologie et qui combat un virus différent.

« Il faut être prudent, a renchéri la docteure Bruneau. On ne peut pas faire de corrélation entre un comportement, un verre d’alcool, et l’efficacité d’un vaccin qu’on ne connaît à peu près pas. »

Cela étant dit, poursuit-elle, « ça fait tout le sens du monde de dire aux gens,’ne prenez pas une grosse brosse avant d’aller vous faire vacciner’».

Dans l’état actuel des connaissances, la meilleure stratégie est de se fier à ce qui semble le plus probable et de se rabattre sur les données disponibles.

« Ce qu’on connaît sur les vieux vaccins nous incite à être prudents et à dire que peut-être que les personnes qui boivent énormément d’alcool sont à risque de moins bien répondre, particulièrement s’ils boivent beaucoup de manière courante, a conclu la docteure Bruneau.

« Certainement, la consommation abusive et importante d’alcool n’est pas une bonne idée avant d’aller se faire vacciner. Ce n’est pas une bonne idée, point. »

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