Quand le vapotage se transforme en drogue
Benoît Lallemand confirme qu’il voit de plus en plus de jeunes vapoter. Il est en poste depuis cinq ans. Son devoir est de les renseigner sur les dangers reliés à cette pratique, sans toutefois les en empêcher.
Tanya Neveu
Publié le 14 octobre 2020
Un nouveau phénomène lié au vapotage fait son apparition au pays et même dans la région de l’Abitibi-Témiscamingue. Le « dosing » consiste à vapoter une forte quantité de nicotine en peu de temps afin d’obtenir un effet euphorisant.
Même si plusieurs jeunes sont seulement à la recherche d’un buzz, les risques de dépendance à la nicotine et les impacts sur leur santé sont réels.
Moi mon jeune a vomi quand il a essayé ça.
Nancy Labrecque, mère d’un garçon de 12 ans
Vomissements, maux de tête, incapacité de se concentrer, ce sont quelques-uns des effets associés au nouveau phénomène appelé le dosing.
Nancy Labrecque l’a appris à ses dépens quand elle a dû reconduire son fils à l’hôpital. Ce qui est inquiétant aussi, c’est le buzz qu’ils font avec ça. Il faut que tu aies 35 milligrammes en montant. Les jeunes puffent ça et ils retiennent ça, raconte-t-elle.
Le pédiatre Nicholas Chadi confirme que de plus en plus de jeunes utilisent une grande concentration de nicotine comme substance euphorisante.
Le dosing, c’est des ados qui vont décider de prendre tant de nicotine en tant de temps. Une vapoteuse, ça nous permet de faire ça. On peut quand même assez facilement utiliser l’équivalent de 5 ou 10 cigarettes en nicotine avec une vapoteuse en l’espace de quelques minutes. C’est un effet stimulant, explique Dr Chadi.
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Dr Chadi est aussi le chercheur responsable d’une étude canadienne sur toutes les blessures sévères liées au vapotage.
En 2019, on a trouvé 88 cas de jeunes de 0-18 ans qui s’étaient présentés à l’urgence et même aux soins intensifs en raison d’une consommation de produits de vapotage. Plusieurs de ces cas-là étaient liés à la toxicité à la nicotine , a-t-il constaté.
Réalité présente dans la région
Le travailleur de rue de Rouyn-Noranda Benoît Lallemand confirme qu’il voit de plus en plus de jeunes vapoter. Il est en poste depuis cinq ans. Son devoir est de les renseigner sur les dangers reliés à cette pratique, sans toutefois les en empêcher.
Oui, il y a des jeunes qui m’en parlent, qu’ils ont essayé, que c’est impressionnant. À la limite, ils aiment ça. Je leur conseille tout de même de ne pas prendre de la nicotine, car ils vont rester accrochés à ça. Si tu veux le faire, moi je suis en réduction des méfaits, je ne peux pas t’empêcher de le faire, mais je peux te recommander un jus avec aucune nicotine dedans, dit-il.
L’étude menée par des pédiatres canadiens démontre aussi que près d’un tiers des jeunes qui vapotent utilisent également du cannabis à haute concentration.
Tanya Neveu
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