Cannabis en Espagne: Dinafem, la chute d’un géant
Le 16 septembre dernier, l’entreprise mère de Dinafem, Pot Sistemak, qui héberge aussi La Mota, a été perquisitionnée et placée sous contrôle judiciaire.
Publié Il y a 5 heures le
8 octobre 2020Par
Aurélien BERNARD
Le 16 septembre dernier, l’entreprise mère de Dinafem, Pot Sistemak, qui héberge aussi La Mota, a été perquisitionnée et placée sous contrôle judiciaire. Une quinzaine de personnes a été immédiatement arrêtée par la Garde civile dans le cadre d’une « opération anti-drogue » et l’entreprise placée sous contrôle judiciaire, forçant la fermeture de leurs canaux de distribution, notamment leurs sites Internet.
L’entreprise créée en 2005, et aujourd’hui la plus grosse banque de graines espagnole, était soupçonnée de « crimes contre la santé publique », « organisation criminelle » et de « blanchiment d’argent », jetant le froid sur l’avenir de nombreuses entreprises du cannabis dans la péninsule.
Quel est le statut des banques de graines en Espagne ?
Si l’Espagne tolère depuis de nombreuses années le cannabis, que ce soit par l’implantation de nombreuses entreprises dédiées ou la plus ou moins grande flexibilité en fonction des provinces autour des Cannabis Social Clubs, le pays n’autorise pas la culture de cannabis à +0,2% de THC à but professionnel, que ce soit pour les fleurs ou pour les graines, et à l’exception de quelques rares licences médicales ou scientifiques.
Les banques de graines sont donc légales en Espagne pour peu qu’elles ne sélectionnent et ne cultivent pas elles-mêmes les plantes d’où elles tirent les graines, et qu’aucune activité illégale n’est pratiquée par les employés ou les dirigeants de l’entreprise.
Les derniers éléments de l’affaire Dinafem
Un récent communiqué de la Guardia Civile donne plus d’informations sur cette opération qui a débuté en 2018.
« Plus de 2 100 plantes de différentes variétés de cannabis et une multitude de graines ont été saisies qui auraient rapporté plusieurs millions d’euros à l’Organisation, 11 grandes plantations de cannabis ont aussi été démantelées.
Dans l’un des sites, un laboratoire parfaitement équipé par une technologie de pointe pour la manipulation et le contrôle génétique des variétés mises en circulation a été localisé. Dans ce laboratoire, un programme exhaustif d’évolution génétique a été réalisé sur la graine, qui une fois achevé, a donné lieu à sa production massive. Quelque 20 000 000 de graines de différentes variétés de cannabis dont la commercialisation n’est pas autorisée dans l’Union européenne ont été crées à l’intérieur, avec une valeur marchande estimée à plus de 100 000 000€.
Plusieurs sites avec des branchements illégaux d’électricité ont également été localisés, augmentant encore les bénéfices de l’Organisation en cultivant les graines sans frais. »
Est reproché aussi le contenu produit par l’entreprise ou les conseils prodigués par les équipes :
« L’activité commerciale de l’organisation, en plus de fournir ce qui est nécessaire pour les cultures, comprenait toutes sortes d’enseignements (consultations par courrier ou tutoriels) sur la culture du cannabis à travers les réseaux sociaux, y compris à travers des conseils personnels, favorisant la consommation de ce type de produits sans aucune approbation facultative. Le marketing utilisé par l’organisation comprenait des vidéos qui ont ensuite été téléchargées sur les réseaux sociaux dans le but de faire la publicité des variétés de cannabis précédemment développées dans ses installations. »
Le modèle d’approvisionnement a aussi été passé à la loupe et « a réussi à déterminer comment l’Organisation utilisait des cultivateurs rémunérés situés à Guipúzcoa et en Navarre pour obtenir des cultures des variétés de cannabis […], en payant ces personnes pour leur travail, mais avec des prix bien inférieurs à ceux qu’ils ont obtenus plus tard sur le marché et rendant également difficile la localisation des cultures. »
Des envois internationaux de graines auraient aussi été constatés et plus de 20 millions € saisies en comptes bancaires et en biens.
Pot Sistemak a brièvement communiqué fin septembre et précisé que leur équipe juridique travaillait « d’arrache-pied pour nous permettre de reprendre nos activités dans les plus brefs délais ».
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