Le LSD revient, mais chez les psys

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Le Matin, 14 mars 2008

Interdit depuis quarante ans, le plus puissant des hallucinogènes va être testé en Suisse pour atténuer les douleurs et les angoisses de personnes gravement malades

Pourquoi le LSD va-t-il être réutilisé en Suisse?

La Confédération l’a confirmé mardi: elle a donné son feu vert à une étude médicale pilote avec prise de LSD par des «cobayes» humains. Une première dans le monde depuis trente-cinq ans.

Le but est de savoir si cet hallucinogène peut avoir des effets positifs s’il est administré dans le cadre d’une psychothérapie. Et si la drogue peut être prise sans risque.

L’étude sera menée par le psychothérapeute soleurois Peter Gasser, 48 ans, qui traitera douze patients atteints de maladies graves, comme un cancer. Selon lui, le LSD devrait permettre d’apaiser leur peur de la mort comme leurs douleurs.

L’expérience durera deux ans. Accompagné du thérapeute, chaque patient recevra deux doses «moyennes» de LSD durant deux journées. La drogue devrait permettre d’accélérer la thérapie.

Le projet sera présenté et détaillé lors du prochain World Psychedelic Forum, qui se tient du 21 au 24 mars à Pâques.

Qui a inventé cette drogue?

Découverte en 1938, le jeune chimiste bâlois Albert Hofmann effectue des recherches sur les applications médicales de l’ergot de seigle (un champignon) pour le laboratoire Sandoz. Il synthétise alors pour la première fois du LSD.

«Bad trip»

En avril 1943, il se rend compte du puissant hallucinogène qu’il a découvert. Il décide d’en avaler et se retrouve plongé dans un vrai «bad trip»: angoisses, hallucinations cauchemardesques, peur de mourir. Il croit même sortir de son corps.

Selon lui, ces effets sont dus à un surdosage. Par la suite, le savant suisse a toujours mis la population en garde contre les dangers du LSD. Mais a toujours pensé que cette drogue qui «révèle l’âme» pouvait avoir une utilité thérapeutique.

Aujourd’hui, à 102 ans, Albert Hoffmann vit tranquillement non loin de Bâle.

Est-ce un produit à la mode?

Le LSD, illégal en Suisse depuis 1973, se consomme sous forme de capsules ou comprimés. Mais plus fréquemment en liquide, qui est appliqué sur des feuilles de gélatine, du papier buvard ou du carton imprimé, qui peuvent prendre toutes sortes d’aspects.

Le LSD ne court plus les rues. Selon une enquête de 2006, 1% des écoliers suisses de 15 ans disent en avoir déjà pris. Une faible consommation confirmée par les statistiques policières: en 2006, 131 dénonciations pour consommation de LSD ont été recensées, contre près de 34 000 pour le cannabis.

Le LSD entraîne peu d’accoutumance mais provoque des modifications des perceptions du temps et de l’espace, des visions. Il peut aussi engendrer palpitations, vomissements ou même l’arrêt du cœur. Ou encore des troubles psychiques durables et des dépressions. De nombreux suicides ont été constatés, par exemple des personnes sautant par la fenêtre car elles se croyaient capables de voler.

Le LSD permettrait d’élargir son champ de conscience, de mieux se connaître ou de provoquer des expériences mystiques. Pour ces propriétés, il est adopté par les hippies et les Américains se réclamant de la Beat Generation ou du psychédélisme dès le début des années soixante.

Porté et prôné par son pape, Timothy Leary, un psychologue qui en distribuait à ses étudiants, le LSD a marqué son époque. On trouve des adeptes de cet hallucinogène parmi les écrivains: Jack Kerouac, Allen Ginsberg, William S. Burroughs ou Aldous Huxley («Le meilleur des mondes»), qui en aurait pris sur
son lit de mort. Parmi les musiciens: Jim Morrison, des Doors, les Beatles, Jimi Hendrix ou Bob Dylan. Ou des acteurs comme Cary Grant.

En 1966, le LSD a été interdit en Californie par Ronald Reagan, le gouverneur de l’époque. Puis il a été prohibé dans tout le pays.

http://premiereligne.ch/blog/2008/03/14/le-lsd-revient-mais-chez-les-psys/
http://www.psychedelic.info/

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