Cannabis : le profit se trouve dans le médical

Cannabis : le profit se trouve dans le médical
04 septembre 2019

Force est de constater qu’un an après la légalisation du marché récréatif, c’est la production du cannabis médical qui demeure la plus profitable. Nicolas Ste-Marie en sait quelque chose, puisqu’il a déjà mis trois entreprises de cannabis médical sur pied au Québec et entame un quatrième chantier.

Line Beauchesne

« Quand tu vends en vrac, tu vends entre 3 et 4 $/g au Canada et quand tu vends médical, tu vends entre 6 et 9 $/g au Canada. Donc c’est fois deux », explique-t-il simplement.

Les perspectives de marché sont très intéressantes, reconnaît la professeure titulaire en criminologie à l’Université d’Ottawa Line Beauchesne. « Ce qu’on sait clairement, c’est que le marché du cannabis prescrit à des fins thérapeutiques se maintient, depuis trois ans, à 10 000 nouveaux clients par mois au Canada. Ça, c’est payant », affirme-t-elle.

Les producteurs de cannabis médical auront aussi une longueur d’avance quand le marché récréatif canadien arrivera à saturation, croit-elle, puisque les entreprises de cannabis médical sont souvent les mêmes que celles qui produisent du cannabis récréatif. « Elles renverront les produits récréatifs sur le marché thérapeutique et sur le marché mondial », souligne
Mme Beauchesne.

L’objectif premier d’un producteur qui reçoit sa licence de culture de Santé Canada est donc d’obtenir une production de grande qualité afin de pouvoir d’abord la vendre en vrac à d’autres producteurs pour avoir une entrée d’argent, indique M. Ste-Marie.

Lorsque les employés maîtrisent la production, la ventilation et les procédures sanitaires, il suffit de demander sa licence de production médicale pour aller dans le marché convoité.

La mise en marché décortiquée

Production :

Qu’un producteur vise le marché du cannabis médical ou récréatif, il doit d’abord obtenir une licence de culture auprès de Santé Canada.

Le processus comporte sept étapes.

La dernière consiste à faire produire une vidéo de 20 heures par un vidéaste professionnel afin de présenter tous les systèmes : sécurité, ventilation, protocole de la CNESST pour les employés, etc. Santé Canada le visionne et fait apporter des ajustements.

Si l’organisme donne son aval, la production peut commencer.

Une fois que le producteur est autorisé à produire du cannabis, il peut décider de faire d’autres démarches auprès de Santé Canada pour obtenir une licence de vente ou encore vendre sa marchandise à un autre producteur détenant cette licence.

La licence de vente est celle qui donne l’autorisation au producteur de produire et de vendre du cannabis médical. L’obtention de la licence de vente est conditionnelle à l’analyse de deux lots de cannabis produits en répondant aux exigences de la production médicale.

Vente :

Médical : Un producteur de cannabis médical peut vendre directement sa marchandise à un patient qui a obtenu la prescription d’un médecin. La vente s’effectue en ligne et le colis est acheminé par Postes Canada. Un gramme se vend entre 6 et 9 $ au Canada.

Récréatif : La licence de vente permet d’approvisionner la Société québécoise du cannabis (SQDC) au Québec et tous les détaillants autorisés dans les autres provinces ou territoires. Un gramme en vrac se vend entre 3 et 4 $ au Canada. Comme la SQDC n’a pas de centre de distribution, les producteurs doivent faire livrer leurs marchandises plusieurs fois par semaine à chacune des succursales par des transporteurs sécurisés.

Pour vendre à la SQDC, un producteur licencié doit aussi recevoir une autorisation de l’Autorité des marchés financiers afin de valider la légitimité des fonds qui circulent dans son entreprise.

Pas un marché pour les petits joueurs

Qui fera de l’argent sur le marché du cannabis?

Une quarantaine de grosses compagnies « qui sont en train de se dévorer entre elles », estime la professeure titulaire en criminologie à l’Université d’Ottawa, Line Beauchesne.

Elle souligne que le marché n’appartient pas aux petits joueurs, mais à des multinationales qui sont maintenant établies sur les cinq continents. Par exemple, Hexo de Gatineau développe actuellement une filiale de cannabis médical en Grèce.

Pour l’instant, les gros producteurs ont encore besoin des petits pour satisfaire à la demande dopée par l’effet de nouveauté de la légalisation, croit Mme Beauchesne, mais quand cette dernière s’essoufflera, les petits producteurs disparaîtront. « On le voit avec les gens qui sont dans la procédure de Santé Canada pour aller se chercher une licence quelconque, que ce soit pour des accessoires ou des produits nichés.

Si une des grandes compagnies se rend compte que ce qu’ils sont en train de monter est intéressant, ils sont achetés en cours de processus », explique-t-elle.

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