Thibeault victime de discrimination

Journal l'Express, le vendredi 23 mars 2007
Par Claude Hébert

Le candidat du Bloc pot, Dominic Thibeault, comprend mal pourquoi il n'a pas été invité à la rencontre électorale organisée par la Corporation de développement communautaire de la Haute-Yamaska et le Groupe actions solutions pauvreté (GASP).

«Les cinq autres candidats de Shefford ont été invités... et pas moi! C'est un cas flagrant de discrimination», soutient-il.

L'animateur de cette rencontre, Sylvain Dupont, affirme pour sa part que le candidat du Bloc pot a plutôt été victime des circonstances.

«Quand M.Thibeault a annoncé sa candidature, tout était déjà booké. La rencontre a duré près de quatre heures, soit de 8 heures à midi. Il aurait été difficile de commencer plus tôt ou de terminer plus tard. Après tout, on ne peut par retenir les gens éternellement», plaide M.Dupont.

Dominic Thibeault prétend également avoir été boudé par certains médias.

«Un hebdo de la région invite les cinq autres candidats à se prononcer, chaque semaine, sur un thème bien précis. Cette fois encore, on m'ignore totalement...», ajoute le principal intéressé.

Le candidat du Bloc pot reproche par ailleurs à ses adversaires d'avoir ignoré son invitation à prendre part à un débat électoral. La rencontre était prévue pour le 21 mars.

«Deux candidats ont accepté l'invitation mais le candidat Brodeur a refusé. Les autres ont refusé à leur tour en prétextant l'absence du député sortant», résume-t-il.

Visibilité

Dominic Thibeault a pris les grands moyen, cette semaine, pour sortir de l'ombre.

Le candidat a notamment profité d'un point de presse, lundi matin au restaurant Leblanc Charbon, pour réclamer la fin de la prohibition à l'endroit du cannabis.

Le surlendemain, celui-ci a par ailleurs présenté un spectacle bénéfice au Pub du village. Le chef du Bloc pot, Hugo St-Onge, était de la fête.

M.Thibeault devait également faire une déclaration de désobéissance civile, le même jour, au centre-ville de Granby.

«La vente des magazines spécialisés sur la culture du cannabis est interdite à Granby depuis quatre ans en vertu de l'article 462.2 du Code criminel. Cet article a pourtant été invalidé en Ontario parce qu'il contrevenait à la Charte des droits et libertés», indique M.Thibeault.

Prohibition

Le Bloc pot accorde une place importante dans sa plate-forme électorale à la fameuse question de la prohibition.

«Le cannabis a été ajouté à la liste des drogues illicites en 1923, non pas pour des raisons scientifiques mais pour des motifs d'ordre moral. Quinze ans plus tard, une première arrestation était effectuée. Notre parti a vu le jour en 1998 pour faire lever cette interdiction», précise M.Thibeault.

Le candidat du Bloc pot soutient que l'Opération Cisaille est loin d'être concluante et ne fait que déplacer le problème.

«Les policiers saisissent à peine 10 % de la production de cannabis. Quand on sait que la majeure partie des plants est maintenant cultivée dans des serres hydroponiques, cela se comprend aisément», explique-t-il.

Celui-ci ajoute qu'il est «pratiquement impossible» d'éradiquer la culture du cannabis.

«Si l'État réussit à chasser les producteurs d'une région, ils vont aller s'installer ailleurs. Ce sera un éternel recommencement. Autant légiférer intelligemment...», résume-t-il.

Ce dernier rappelle qu'il y a eu 40 000 comparutions en 1999 au Canada pour possession simple de cannabis. Une véritable «perte de temps» à ses yeux.

Autres thèmes

À l'instar des autres candidats, Dominic Thibeault déplore également les problèmes de dégradation de nos lacs et les problèmes de pollution visuelle en campagne électorale.

«Les agissements d'une personne cohérente devraient normalement refléter son discours. Mes adversaires sont unanimes à dire qu'il y a trop de pancartes électorales mais aucun d'entre eux ne s'abstient d'afficher pour autant. Je suis le seul à avoir mis de côté les pancartes. C'est mon choix!», insiste M.Thibeault.

Le candidat du Bloc pot laisse entendre que les «vieux» partis se renvoient continuellement la balle lorsque vient le temps de procéder à une réforme du mode de scrutin.

«Le PQ et le PLQ ont tous déjà songé à introduire une forme de représentation proportionnelle mais aucun d'entre eux n'a eu le courage de ses convictions», déplore-t-il.

Ce dernier estime qu'une telle réforme avantagerait les tiers partis et contribuerait à augmenter le taux de participation aux élections provinciales. «En 1994, 82 % des électeurs de Shefford s'étaient présentés aux urnes. Le taux de participation a chuté à 69,9 % à l'élection de 2003. Ça présage mal pour l'avenir», ajoute-t-il.