Pot et propagande : La Presse peut rendre violent (novembre 2004)
L’autre matin (24 septembre), en sortant La Presse de la boîte aux lettres, qu’est-ce que je lis en Une : « Le pot d’aujourd’hui peut rendre dément ». C’est le genre de propagande prohibitionniste d’extrême droite qui donne le goût de frapper le pauvre d’esprit qui a chié ce titre. J’ai fumé un bon joint. Ça m’a calmé. « Le pot d’aujourd’hui est parfois si concentré en THC et en substances ajoutées qu’il peut pousser le consommateur à tuer son meilleur ami », écrit Christiane Desjardins. Admirez l’affirmation, le pot « peut » pousser au meurtre. On se demande sur quelle preuve scientifique s’est basée le véhicule publicitaire de la rue Saint-Jacques, pour affirmer pareille ânerie. « La Presse d’aujourd’hui est parfois si concentrée en propagande prohibitionniste et en intolérance ajoutée, qu’elle encourage le crime organisé et la violence dans la société », est-on tenté d’écrire.
En lisant l’article, on réalise que cette affirmation est basée sur les déclarations d’un meurtrier polytoxicomane. L’assassin, appuyé par son psychiatre, plaide la folie passagère provoquée par l’usage du cannabis quelques jours avant le crime, pour invoquer des circonstances atténuantes et obtenir une réduction de peine. Y’a toute une marge entre témoignage d’un meurtrier polytoxicomane qui veut sa peau et une preuve formelle. La justice dérape dangereusement quand un magistrat base son jugement sur les fabulations d’un meurtrier poly-intoxiqué racontées en cour par psychiatre interposé. Et que dire de la crédibilité d’un journal qui exploite le témoignage d’un assassin pour soutenir sa propagande prohibitionniste, tout en prétendant à l’objectivité journalistique?
Samedi et dimanche 9 et 10 octobre 2004, La Presse poussait plus loin dans la propagande prohibitionniste, en publiant un Dossier sur Les ravages du pot. L’intention de La Presse est de démontrer que la consommation de cannabis dérègle le comportement de plusieurs jeunes. Pour appuyer ses propos alarmistes, le journal a choisi exclusivement comme exemples, des jeunes qu’on pourrait qualifier de cas psychiatriques. Le dossier de La Presse est aussi objectif que le serait une étude sur le mariage qui prendrait seulement exemple sur des divorcés qui se sont déchirés en cour, ou sur l’automobile par le biais de ses victimes lourdement handicapées. Il est bien mentionné quelque part que seule une petite minorité d’adolescents reste accro après la vingtaine, mais les articles présentent des portraits de jeunes qui sont troublés par autre chose que le cannabis. Ces enfants consomment abusivement parce qu’ils ont des problèmes sociaux-affectifs, et non pas le contraire! Ils cherchent à s’évader, à être reconnus par leurs amis ou à se rebeller contre un ordre établi qu’ils ne comprennent pas. L’abus de cannabis n’est qu’un exemple – parmi d’autres – de comportements autodestructeurs qui sont révélateurs de la détresse psychologique et social des jeunes. Pourquoi La Presse n’a-t-elle pas tenté de comprendre la détresse de ces jeunes, plutôt que d’en profiter pour démoniser encore le cannabis? Une seule statistique de ce dossier est intéressante : aux Pays-Bas, où le cannabis est en vente contrôlée dans des coffe shops interdits aux mineurs, deux fois moins de jeunes fument qu’au Québec. Les Québécois n’ont pas de problème avec le pot, ils ont des problèmes avec la justice et le crime organisé. Les Québécois, comme la majorité des citoyens des pays industrialisés ont un énorme problème de prohibition.
La prohibition engendre le trafic et le terrorisme dans les pays du tiers-monde. Grâce à la prohibition, les organisations criminelles se sont multipliées dans les pays industrialisés, et les prisons sont remplies de pauvres et de minorités raciales. La violence n’est pas causée par la consommation de pot, comme les prohibitionnistes tentent de le faire croire, mais par le commerce illégal engendré par la prohibition. Les ravages de la prohibition sont bien connus. Les médias prohibitionnistes cherchent tellement à tromper la population, que même le mot prohibition est soigneusement occulté. Les lois prohibitionnistes sont immorales et antidémocratiques. La propagande prohibitionniste nourrit l’intolérance et la prohibition engendre la violence. La Presse rend violent!
Jean-Marie Laliberté
Intolérance totale
L’expression « tolérance zéro » est un oxymoron inventé par des spécialistes en novlangue dans le but d’utiliser le mot tolérance pour exprimer son contraire. « Tolérance zéro » signifie « intolérance totale ». Les experts en propagande savent bien que si l’expression « intolérance totale » était prononcée et publiée aussi souvent que l’est « tolérance zéro » : le programme serait massivement rejeté par la population.
Le pot à l’Urgence
Se basant sur un rapport d’étude alarmiste d’un groupe prohibitionniste, John Walters, le tsar de la drogue aux États-Unis, accuse le pot canadien « à haute teneur en THC » d’être responsable de l’augmentation du nombre de patients admis aux urgences des hôpitaux. Walters a comparé le pot canadien au crack. Il a déclaré : « Le nombre de cas reliés à la marijuana augmente de façon alarmante dans les urgences, il dépasse même ceux reliés à l’héroïne. Cette étude contribue à dissiper le mythe largement répandu que la marijuana est inoffensive » (Detroit News 23-8-2003 et La Presse 20-9-2003). Voilà encore un grossier mensonge prohibitionniste. Le DAWN (Drug Abuse Warning Network) a enregistré tous les cas où un patient admis à l’urgence a « mentionné » le mot marijuana. Vous êtes admis pour une appendicite aiguë et vous admettez fumer un joint de temps en temps : cas « relié » à la marijuana. Vous êtes victimes d’un attentat terroriste et vous admettez avoir fumé un joint quelques jours avant : symptômes typiques d’un cas « relié » à la marijuana canadienne super puissante.
Overdose de pot
Le cannabis n’est pas toxique. Un homme de 70 kg devrait manger 5 kg de haschich à haute teneur en THC pour s’empoisonner, soit environ 5000 fois la dose qu’il faut pour être « gelé comme une binne ». Quand on parle d’overdose de cannabis, on décrit en fait l’apparition de réactions inattendues. On devrait parler d’ivresse.
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