La consommation de cannabis « peut causer des dommages potentiellement mortels au cœur et aux artères »

– World Federation Against Drugs (Voir note)

Le cannabis ne cause pas de dommages mortels au coeur

Utiliser des preuves pour parler du cannabis

  1. Les affirmations voulant que l’usage de cannabis cause des « dommages mortels » au cœur exagèrent la recherche scientifique existante. Étant données les grandes lacunes dans les preuves, il faudra plus de recherche pour comprendre les méfaits cardiovasculaires potentiels de l’usage de cannabis.
  1. L’impact de l’usage de cannabis sur la santé cardiaque n’est pas présentement bien compris (Volkow et autres, 2014). Il a été conclu que l’usage de cannabis est associé à des effets aigus qui peuvent déclencher des événements comme des crises cardiaques ou des ACV (Jouanjus, Lapeyre-Mestre et Micallef, 2014; Thomas, Kloner et Rezkalla, 2014), particulièrement chez les adultes plus âgés (W. Hall, 2014). Toutefois, des liens de causalité évidents n’ont pas été établis.
  1. En ce qui concerne l’impact plus vaste de la consommation de cannabis sur la santé physique, les études ont observé qu’une faible consommation occasionnelle de cannabis n’a pas d’effet néfaste sur les poumons (Pletcher et autres, 2012). L’impact du cannabis fumé à long terme sur la fonction respiratoire est moins net (W. Hall, 2014). Certaines études ont conclu que fumer du cannabis est associé à divers problèmes respiratoires (Gordon, Conley et Gordon, 2013; Tashkin, 2013; Tashkin, Baldwin, Sarafian, Dubinett et Roth, 2002), alors que d’autres n’ont observé aucune association solide avec plusieurs conditions pulmonaires (Tashkin, 2013). On ne sait pas grand-chose de l’impact qu’a le cannabis fumé sur le cancer du poumon, en particulier (Hashibe et autres, 2006).
  1. Il est à noter que les risques de maladie et de décès associés à l’usage du tabac et de l’alcool sont beaucoup plus élevés que ceux qui sont associés au cannabis. Par exemple, les preuves démontrent un bien plus grand risque de problèmes pulmonaires chez les utilisateurs de tabac que chez les consommateurs réguliers de cannabis (Tashkin, 2013). Le statut licite d’une drogue ne devrait donc pas être interprété comme signifiant que celle-ci comporte moins de risque pour la santé qu’une drogue illicite. Il est bon de se le rappeler, car les appels à la poursuite de la prohibition des drogues illicites comme le cannabis s’accompagnent souvent d’affirmations quant à leurs méfaits sur la santé.
  1. Les stratégies de réduction des méfaits qui substituent d’autres modes d’administration du cannabis au fait de le fumer peuvent être efficaces pour diminuer les conséquences négatives pour la santé de l’usage de cannabis, en particulier pour les poumons. Comparativement à ce qui est possible sous la prohibition, un marché réglementé dans lequel le cannabis est acheté auprès de fournisseurs autorisés pourrait permettre une plus vaste gamme de stratégies de réduction des méfaits, comme l’usage de vaporisateurs ou la consommation d’aliments.

État de la preuve

Il existe peu d’études sur l’impact de l’usage de cannabis sur le cœur et la fonction cardiovasculaire. Une synthèse récente a rapporté que les mécanismes qui sous-tendent les effets du cannabis sur le système cardiovasculaire sont « complexes et pas entièrement compris » (Volkow et autres, 2014). Même s’il a été conclu que l’usage de cannabis est associé à des effets aigus qui peuvent déclencher des événements comme des crises cardiaques ou des ACV (Jouanjus et autres, 2014; Thomas et autres, 2014), des liens évidents de cause à effet n’ont pas été établis. La recherche a aussi eu tendance à suggérer que les effets cardiovasculaires potentiellement risqués du cannabis fumé sont plus probables chez les adultes plus âgés (Hall, 2014). En somme, il faudra de la recherche continue sur ces effets sur la santé, mais les affirmations qui prétendent que des « dommages mortels » sont reliés au cannabis exagèrent les conclusions scientifiques.

En ce qui concerne l’impact du cannabis sur la santé physique, des études ont conclu que fumer du cannabis est associé à divers problèmes respiratoires, y compris à des dommages aux grandes voies respiratoires et des symptômes de bronchite chronique (Gordon, et autres, 2013; Tashkin, 2013; Tashkin et autres, 2002). Cependant, Tashkin n’a observé aucune preuve d’association forte entre l’usage de cannabis fumé et la maladie pulmonaire obstructive chronique ni plusieurs autres conditions pulmonaires (Tashkin, 2013). Il est intéressant de noter qu’une étude sur 20 ans auprès d’une cohorte de 5 115 participants a conclu qu’un usage faible et occasionnel de cannabis était en fait associé à une fonction pulmonaire accrue et non diminuée (Pletcher et autres, 2012). Dans une synthèse récente, Hall a résumé les preuves actuelles sur les effets du cannabis fumé à long terme sur la fonction respiratoire comme étant « peu claires » (W. Hall, 2014).

La mesure des risques respiratoires associés à l’usage de cannabis est substantiellement compliquée par la pratique routinière de mélanger le cannabis à du tabac. Les méfaits respiratoires et les risques carcinogènes du tabac sont incontestés, et demeurent sans contredit lorsqu’on le combine au cannabis. Il est important de noter que les méfaits respiratoires potentiels du cannabis peuvent être mitigés ou éliminés par d’autres modes de consommation. On croit que la vaporisation, par exemple, réduit ces risques de manière importante, et que l’ingestion de cannabis (dans des aliments) les élimine entièrement (Abrams et autres, 2007; Earlywine et Barnwell, 2007; Hazekamp et autres, 2006).

L’impact qu’a le cannabis fumé sur le développement du cancer du poumon demeure également incertain. Bien que Hashibe et ses collègues (2006) aient observé une association entre le cannabis fumé à long terme et le cancer du poumon, cette association était non importante une fois les résultats ajustés pour l’impact de la cigarette fumée et de plusieurs autres facteurs de confusion (Hashibe et autres, 2006).

Il est à noter que les risques de morbidité et de mortalité associés à l’usage du tabac et de l’alcool sont beaucoup plus élevés que ceux qui sont associés au cannabis. Par exemple, les preuves démontrent un bien plus grand risque de problèmes pulmonaires chez les utilisateurs de tabac que chez les consommateurs réguliers de cannabis (Tashkin, 2013).


[NOTE] Du titre d’un billet sur le site Web de la World Federation Against Drugs website, contenant un lien à une étude sur le cannabis fumé et les problèmes cardiovasculaires. Visité le 8 mars 2015 en ligne : http://wfad.se/latest-news/1-articles/4724-smoking-cannabis-can-cause-le...
Références
  1. Gordon, A.J., Conley, J.W., Gordon, J.M., 2013. Medical consequences of marijuana use: A review of current literature. Current Psychiatry Reports 15.
  1. Hall, W., 2014. What has research over the past two decades revealed about the adverse health effects of recreational cannabis use? Addiction 110, 19-35.
  1. Hashibe, M., Morgenstern, H., Cui, Y., Tashkin, D.P., Zhang, Z.F., Cozen, W., Mack, T.M., Greenland, S., 2006. Marijuana use and the risk of lung and upper aerodigestive tract cancers: Results of a population-based case-control study. Cancer Epidemiology Biomarkers and Prevention 15, 1829-1834.
  1. Jouanjus, E., Lapeyre-Mestre, M., Micallef, J., 2014. Cannabis use: Signal of increasing risk of serious cardiovascular disorders. Journal of the American Heart Association 3.
  1. Pletcher, M.J., Vittinghoff, E., Kalhan, R., Richman, J., Safford, M., Sidney, S., Lin, F., Kertesz, S., 2012. Association between marijuana exposure and pulmonary function over 20 years. Journal of the American Medical Association 307, 173-181.
  1. Tashkin, D.P., 2013. Effects of marijuana smoking on the lung. Annals of the American Thoracic Society 10, 239-247.
  1. Tashkin, D.P., Baldwin, G.C., Sarafian, T., Dubinett, S., Roth, M.D., 2002. Respiratory and immunologic consequences of marijuana smoking. pp. 71S-81S.
  1. Thomas, G., Kloner, R.A., Rezkalla, S., 2014. Adverse cardiovascular, cerebrovascular, and peripheral vascular effects of marijuana inhalation: What cardiologists need to know. American Journal of Cardiology 113, 187-190.
  1. Volkow, N.D., Baler, R.D., Compton, W.M., Weiss, S.R.B., 2014. Adverse effects of marijuana use. New England Journal of Medicine 370, 2219-2227.
  1. World Federation Against Drugs, 2015. Smoking cannabis can cause lethal damage to heart. http://wfad.se/latest-news/1-articles/4724-smoking-cannabis-can-cause-le... visité le 12 juillet 2015.