Moralistics Shitheads: Les centre d'injections «d'un point de vue moral est inacceptable et tout à fait condamnable...»

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concernant les centres d'injections supervisés:
"Salles de conso", "piqueries", "drogatoriums" ou encore "salles de shoot".

"d'un point de vue moral est inacceptable et tout à fait condamnable.."

"compromis fataliste et immoral"

Au nom de quelle morale parlent-ils ?
La leur ?

Par : Line BEAUCHESNE
Professeure agrégée
Département de criminologie
Université d'Ottawa

1.1 Le moralisme juridique :
l'imposition de valeurs de certains groupes par la force du droit.

Un premier rapport minoritaire a été présenté à la Commission Le Dain par Ian Campbell. Celui-ci, s’appuyant sur la philosophie politique du baron Devlin (1968 ã 1965), demande non seulement que soit maintenue la prohibition actuelle du cannabis, mais que la répression des usagers de cette drogue en soit accrue: rafles policières, traitement médical sous tutelle, suivi à long avec tests d’urine, contrôle des fréquentations, etc. Il faut, explique Campbell, stopper la «contamination» par certains milieux criminogènes des jeunes de bonne famille dont les parents vivent le drame de perdre tout espoir d’un avenir productif pour leur progéniture à cause de l’usage de drogues, incluant le cannabis.

Campbell explique que l’État a non seulement la responsabilité dans ses politiques publiques d’être le gardien de l’ordre public et le protecteur des personnes non autonomes, mais également celle de maintenir une morale commune au sein de la société. Aussi l’État peut-il avoir recours au droit pénal contre les comportements qui menacent la «morale établie», indépendamment des dangers de l’acte posé, pour l’individu ou la société. L’enjeu est d’empêcher la désintégration de la société actuelle par la perte d’une «morale commune», élément essentiel de cohésion sociale et de prospérité économique.

Campbell, même s’il reconnaît le peu de nocivité du cannabis, demande donc le maintien de sa criminalisation car il s’agit de rendre visible le refus moral de son usage:

Il me semble indéniable que la majorité des citoyens ont le droit d’interdire par voie légale toute conduite qu’ils jugent inconvenante ou alarmante, que cette conduite cause ou non un préjudice à autrui. Ce principe est reconnu dans nos lois contre le nudisme public. Or, tout porte à croire que l’usage public du cannabis est offensant et alarmant pour la grande majorité des Canadiens, surtout lorsqu’il est le fait d’adolescents. Il ne paraît donc pas abusif que la loi l’interdise.

[...] Indépendamment de la mesure dans laquelle cette intoxication des jeunes prédispose à une intoxication chronique à l’âge adulte ou entrave le développement complet et normal des facultés humaines, elle réduit l’aptitude de l’individu à mener une vie équilibrée, riche et créatrice, tout en limitant ses possibilités de contribution à la société. ...

[…]on ne s’est pas assez préoccupé ces derniers temps des conséquences que peut avoir pour les jeunes un excès de libertés et de droits. (Le Dain, 1972:313-314)

Dans cette perspective dite du moralisme juridique, l’État intervient en matière de drogues au nom de sa responsabilité dans la préservation des «valeurs communes», vitales pour le bien-être social. Il devient ainsi légitime de maintenir, même par la force, une lutte contre les «contaminants» qui viennent pourrir le corps social; l’État peut appliquer des contrôles et des interdits en matière de drogues, et même cibler certains groupes minoritaires, sans susciter de hauts cris dans certains fragments de la population si ceux-ci les jugent hors de la <>. De plus, tant les politiques que les pratiques judiciaires sont colorées par cette vision moraliste car les usagers, qu’ils sachent ou non bien gérer leur consommation, demeurent condamnables par leur choix du «vice» contre la «vertu». Les interdits en matière de drogues sont ici affaire de morale bien avant d’être une question de santé publique.

Ce moralisme juridique est ce qui domine les discours actuels soutenant le maintien de la prohibition en matière de drogues. Il a des racines profondes dans l’histoire de la culture protestante telle qu’elle s’est développée en Amérique du Nord et, à ce titre, il n’est pas étonnant que les États-Unis soient à l’origine de la guerre à la drogue et les principaux porte-parole du discours qui la maintient.

Le présupposé à la base de cette perspective est qu’il existerait une morale commune dont les pouvoirs en place devraient être les garants. Pourtant, la science de la morale, depuis des siècles, recherche des communs dénominateurs sur lesquels fonder une morale universelle:

Ainsi, dans le domaine des normes universelles, bien que quasi toutes les doctrines philosophiques affichent le même objectif : le bonheur de l’homme, il existe une grande disparité en ce qui concerne les moyens d’y parvenir, le choix des valeurs à préserver : leur hiérarchie est variable d’une doctrine à l’autre, d’une culture à l’autre, d’un individu à l’autre et souvent chez un même individu d’un moment à un autre suivant les circonstances.

[…] En d’autres termes, notre morale se décline et s’adapte en fonction de notre éthique personnelle, cette dernière représentant un idéal de vie, la morale le moyen de s’en rapprocher.

La morale et l’éthique sont ainsi enracinées dans un relativisme des situations, des sentiments et des valeurs. (Rosenzweig, 1999: 3-4)

En fait, il n’y a de morale commune que dans un refus de respecter un pluralisme bien réel des valeurs propres aux individus ou aux groupes dans la société.

La logique du moralisme juridique est vraie: lorsque tout le monde pense de la même façon, la gestion sociale est plus simple, un peu comme la dictature est une gestion politique plus simple que la recherche de consensus en démocratie. Toute personne qui a l'expérience des réunions à répétition sait cela. La démocratie est un processus long et parfois ardu. Mais préférons-nous, en tant que citoyens, ne pas être informés et que les autorités politiques décident à notre place des valeurs sociales à privilégier et nous les imposent, par la force s'il le faut ?

Dans la construction de nos politiques en matière de drogues, si l'on privilégie la recherche de consensus, ce processus va nécessairement se jouer dans le pluralisme des valeurs. Et pour en arriver à une politique respectueuse de ce pluralisme, il faut prendre le temps d'informer adéquatement la population sur les fondements des politiques que l'on désire privilégier. Imposer une politique en matière de drogues au nom d'une morale commune, c'est en fait imposer la morale de certains groupes.

Ceci nous conduit à une première interrogation sur les valeurs sociales : jusqu'à quel point, la prohibition des drogues, telle que maintenue actuellement dans les politiques publiques, repose-t-elle sur l'imposition des valeurs de certains groupes ?

http://www.lemonde.fr/opinions/article/2009/12/21/salles-de-shoot-de-la-...

Point de vue
Salles de shoot de la Mairie de Paris : le raisonnement par l'absurde, par Jean-François Lamour
LEMONDE.FR | 21.12.09 | 14h43 • Mis à jour le 21.12.09 | 16h42

"Salles de conso", "piqueries", "drogatoriums" ou encore "salles de shoot", les mots ne manquent pas pour désigner des lieux qui pourtant n'existent pas encore en France : des endroits où les toxicomanes pourraient consommer crack, héroïne, cocaïne, dans une relative sécurité et un accompagnement compassionnel… De quoi s'agit-il en réalité ? De cacher les toxicomanes dans des centres, sous couvert de prise en charge médicale ? D'imposer, au nom d'une soi-disant réduction des risques, l'implantation de lieux permettant aux "accros" de venir se piquer dans un espace réservé, financé par la collectivité et géré par des travailleurs sociaux ? C'est cela, la grande idée de M. Le Guen, médecin, parlementaire et membre du conseil d'administration de l'APHP, pour améliorer la santé de nos concitoyens : leur proposer des lieux afin que les drogués puissent continuer à se détruire, dans la discrétion et rester entre eux, dans un espace qui leur serait dédié. Sous prétexte de lutter contre les overdoses, le sida, l'hépatite C, les partisans de ces salles en appellent clairement à la reconnaissance du statut "d'usager de drogues" plutôt qu'à un objectif de sevrage qui seul devrait être poursuivi. Toutes les expériences menées à travers le monde, notamment en Suisse et en Allemagne, démontrent que l'ouverture de ces salles de consommation, bien loin d'aider les toxicomanes, aggrave le problème à plusieurs titres. Elles encouragent l'augmentation de la consommation voire même l'initiation de nouveaux usagers qui, rassurés par la présence de personnel médical, vont oser prendre plus de risques avec des doses plus fortes. Elles contribuent au maintien d'une habitude, au lieu d'inciter l'utilisateur à arrêter. En effet, l'existence de ces lieux peut être interprétée comme une acceptation tacite de la société de l'usage de substances pourtant illégales, particulièrement chez les jeunes qui peuvent y voir une certaine légitimation de cette pratique. Ce qui est en soi un paradoxe. Enfin, les risques de troubles à l'ordre public, à proximité de ces salles, qui attirent dealers et usagers, sont évidents. En résumé, pour un bénéfice très discutable, la mise en place de telles structures revient à donner le sentiment que les pouvoirs publics accompagnent la consommation des drogues, ce qui d'un point de vue moral est inacceptable et tout à fait condamnable tant dans cette proposition que dans celle de Daniel Vaillant de dépénaliser le cannabis ou des Verts, de légaliser l'ensemble des drogues. Quant à ceux dont le métier est de soigner, ceux qui s'efforcent de prévenir l'usage des drogues, quel signe d'encouragement vont-ils voir dans ce compromis fataliste et immoral ? La lutte contre la toxicomanie est un enjeu de santé publique. Elle doit mobiliser l'ensemble des acteurs publics. Non par la création d' "anti-chambres de la mort " qui seraient des prémices à la reconnaissance, la légalisation ou la dépénalisation de l'usage des drogues, et ne sont en aucun cas des réponses porteuses d'espérance.

L'objectif est de réduire la consommation et prévenir la dépendance, en accompagnant les usagers à sortir de la drogue et non en leur en facilitant l'accès ! La consommation de drogue est illégale. Elle est un chemin de souffrance pour l'homme, celui de la fragilité, de la vulnérabilité, de la désespérance, de la détresse, de la misère, de la maladie qui peut mener à la mort. Elle est un chemin d'incompréhension pour les familles.

Elle est une gangrène. Il faut la combattre dans toutes ses dimensions, par une combinaison d'approches répressive et judicaire, sanitaire et sociale, économique et financière, éducative et familiale, et sur tous les fronts, mondial, national, local.

Il faut que chacun se mobilise pour informer, améliorer la prise en charge des malades, l'efficacité des soins, l'écoute des familles mais aussi les sanctions. Chacun doit prendre conscience de la nécessité d'agir ensemble, sans exclusive et sans tabou mais surtout sans oublier les vies brisées, les familles déchirées, les promesses gâchées parce qu'un jeune, un enfant souvent, aura croisé un jour le marchand de la mort... Ayons à cœur de démontrer aux plus fragiles que l'Etat est décidé à les protéger contre le poison des paradis artificiels, contre l'instrumentalisation dont ils ont fait l'objet. Aujourd'hui les toxicomanes aux opiacés sont déjà, dans leur grande majorité, pris en charge par le système de soins. Une priorité s'impose plus que jamais : lutter efficacement contre la consommation, particulièrement chez les jeunes. Et cela, nous ne le ferons pas en leur offrant de nouveaux moyens d'y pourvoir. L'ambition est ailleurs, elle est dans la prévention, l'information. Elle est également dans la coopération judiciaire et policière, sans oublier l'aide aux familles et à la réalisation de leurs projets pour les jeunes. C'est la lutte en amont des routes de la drogue qui doit mobiliser. Il faut agir sur son accessibilité et non en encadrer l'usage. C'est là l'essentiel du combat qui doit nous animer.

Nous disons non à l'idée inacceptable de M. Le Guen qui permet à la majorité municipale parisienne de se donner bonne conscience en adoptant une solution "humanitaire" qu'elle croit pleine de compassion… seul argument pour justifier l'injustifiable...

Jean-François Lamour, président du groupe UMPPA Conseil de Paris

Philippe Goujon, député-maire UMP du XVe arrondissement de Paris et conseiller de Paris

Anne-Constance Onghena, conseillère de Paris

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