La Société ontarienne du cannabis a gagné 234 millions de dollars, mais les contribuables n’ont rien obtenu

La province devrait soit dépenser l’argent dans les services publics, soit cesser de le tirer des poches de l’industrie.

ÉCONOMIE POLITIQUE SOCIALE
La Société ontarienne du cannabis a gagné 234 millions de dollars, mais les contribuables n’ont rien obtenu

Le gouvernement de l’Ontario doit décider si l’OCS doit être une vache à lait pour le Trésor provincial ou un concurrent efficace contre les trafiquants illicites.
Michael J. Armstrong
par
Michael J. Armstrong
28 novembre 2023

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La Société ontarienne du cannabis (SOC) est maintenant l’agence provinciale de cannabis la plus lucrative au Canada, grâce à quatre années consécutives de vente rentable de cannabis à des fins récréatives. Pourtant, tout au long de cette période, il n’a curieusement versé aucun dividende au gouvernement de l’Ontario.

OCS a clôturé le dernier exercice avec 459 millions de dollars de bénéfices accumulés dans la banque. Cela n’a aucun sens. La province devrait soit dépenser l’argent dans les services publics, soit cesser de le tirer des poches de l’industrie.

L’étrangeté de cette situation est devenue de plus en plus évidente alors que les ministres des Finances et les agences gouvernementales de tout le pays ont lentement publié leurs résultats financiers 2022-23. L’agence québécoise du cannabis a publié son rapport annuel le 5 juin, par exemple, mais l’Île-du-Prince-Édouard n’a publié ses déclarations que le 6 novembre.

Impôts
Commençons par parler des impôts. Dans le cas du cannabis, les gouvernements perçoivent les taxes d’accise auprès des producteurs et les taxes de vente auprès des détaillants.

Par exemple, la part du gouvernement fédéral des taxes d’accise et de la taxe de vente estimée sur les ventes de cannabis à l’échelle du pays a totalisé 455 millions de dollars en 2022-23. Cela équivaut à environ 11,50 $ par habitant, soit huit pour cent de chaque dollar dépensé par les Canadiens pour le cannabis récréatif.

Mais c’est l’Ontario qui a perçu le plus d’impôts. Il a rapporté 310 millions de dollars en taxe d’accise et environ 148 millions de dollars en taxe de vente au cours de l’exercice, pour un total de 458 millions de dollars. Cela représente environ 29,80 $ par résident de l’Ontario, soit 22 % des dépenses des consommateurs.

Pendant ce temps, l’Alberta avait la taxe sur le cannabis la plus élevée par habitant, soit 37,40 $. La province a amassé 172 millions de dollars, en partie parce qu’elle vendait plus de cannabis par habitant que toute autre province et en partie parce que son taux de taxe d’accise était plus élevé que celui de toute autre province.

Bénéfices de l’agence
De nombreuses provinces tirent des revenus supplémentaires de leurs agences de gestion du cannabis.

Par exemple, au Québec, au Nouveau-Brunswick et à l’Île-du-Prince-Édouard, les organismes gouvernementaux vendent du cannabis dans leurs propres magasins de détail.

En Ontario, en revanche, OCS est surtout un grossiste. Elle achète des produits de producteurs de partout au pays et les revend à plus de 1 700 magasins du secteur privé dans toute la province. OCS ne possède pas de magasins physiques, mais tire 97 % de son chiffre d’affaires de ses ventes à ces magasins. Elle vend également une partie du cannabis directement aux consommateurs par l’intermédiaire de son site Web de vente au détail, mais cela ne représente que trois pour cent de ses revenus.

Mais même sans magasins, l’OCS était l’agence de cannabis la plus rentable du pays. Son bénéfice de 234 millions de dollars l’an dernier a facilement dépassé les 95 millions de dollars de l’agence du Québec, les 18 millions de dollars du Nouveau-Brunswick et les 2,9 millions de dollars de l’Île-du-Prince-Édouard.

La taille de la population explique la majeure partie de l’écart salarial. Par résident, le bénéfice des agences de l’Ontario s’est établi à 15,22 $, ce qui est supérieur à celui du Québec (10,83 $), mais inférieur à celui de l’Île-du-Prince-Édouard (17,12 $) ou du Nouveau-Brunswick (22,32 $).

Le prix a également joué un rôle. Les prix de détail de l’OCS étaient 75 % plus élevés que ce qu’elle payait aux producteurs. En comparaison, les marges bénéficiaires des commerces de détail n’étaient que de 37 % à l’Île-du-Prince-Édouard et de 46 % au Québec. Cela laissait plus d’argent à l’industrie et aux consommateurs. Au Nouveau-Brunswick, les marges bénéficiaires étaient plus élevées, soit 108 %.

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C’est une bonne chose qu’OCS soit rentable. Mais les entreprises rentables devraient récompenser leurs propriétaires.

Les organismes de cannabis des autres provinces ont versé de généreux dividendes à leurs gouvernements. Le Québec et l’Île-du-Prince-Édouard ont obtenu 100 p. 90 des profits de leurs agences l’an dernier, tandis que le Nouveau-Brunswick en a obtenu <> p. <>.

Mais le gouvernement de l’Ontario n’a reçu aucun dividende de la part de l’OCS. Cela doit changer. Il ne sert à rien que l’OCS exige des prix élevés pour réaliser des profits élevés si le gouvernement provincial ne les utilise pas.

(Si l’agence était une société commerciale, ses actionnaires auraient depuis longtemps exigé des dividendes.)

Le gouvernement de l’Ontario devrait donc revoir sa politique sur le cannabis, comme le font déjà d’autres administrations. L’examen législatif de la Loi sur le cannabis par le gouvernement fédéral est en cours après un retard causé par la pandémie. Le gouvernement du Yukon a annoncé un examen de la politique sur le cannabis en octobre. Le Manitoba a annulé ses frais de responsabilité sociale en juillet.

Utilisez-les ou perdez-les
L’Ontario devrait emboîter le pas. Il devrait soit faire fructifier ses profits liés au cannabis, soit cesser de les prendre aux entreprises de cannabis en difficulté.

La première option consiste à traiter la Société ontarienne du cannabis comme une vache à lait, comme le fait la province avec son agence des alcools. Dans ce cas, le gouvernement devrait dépenser les revenus de manière appropriée. Il pourrait, par exemple, financer des traitements de la toxicomanie au cannabis et à d’autres drogues. Il pourrait également soutenir des programmes de justice sociale pour aider les communautés les plus touchées par les lois sur les drogues avant la légalisation.

Il pourrait également soutenir la recherche et le développement pour le cannabis médical. Le parrainage d’essais de médicaments ou d’autres études pourrait aider à convertir les remèdes folkloriques en traitements éprouvés. Cela pourrait profiter à la fois aux patients, aux médecins et aux producteurs.

La deuxième option consiste à considérer l’OCS comme un service à l’industrie. Dans ce cas, l’Ontario devrait réduire au minimum le fardeau financier qu’il impose.

L’Alberta le fait déjà. Son agence vend du cannabis en gros aux magasins à des prix seulement six pour cent plus élevés que ce qu’elle paie aux producteurs. C’est juste assez pour couvrir les coûts d’exploitation.

En revanche, l’OCS a récemment abaissé de 31 % à 25 % la marge bénéficiaire moyenne qu’elle facture aux détaillants. Mais ses états financiers laissent entendre qu’OCS pourrait réduire les marges à 11 % tout en atteignant le seuil de rentabilité.

L’OCS devrait en particulier éliminer les marges bénéficiaires sur les ventes à la ferme, c’est-à-dire que le cannabis est vendu directement des serres des producteurs aux consommateurs en visite. Il ne touche pas à ces produits et ne devrait pas en tirer profit.

Les progressistes-conservateurs au pouvoir en Ontario ont donc un choix. Ils peuvent être progressistes en utilisant les bénéfices de l’OCS pour le bien public. Ou soyez prudent en minimisant les coûts pour l’industrie.

Quoi qu’il en soit, ils devraient cesser de laisser l’OCS nager dans l’argent inutilisé comme un véritable Picsou.

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