Le cannabis au volant moins dangereux que prévu

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Mathieu Perreault - La Presse du 30 avril 2009

Le danger du cannabis au volant a été surestimé, conclut une nouvelle étude de l'Université de Montréal.

Le danger du cannabis au volant a été surestimé, conclut une nouvelle étude de l'Université de Montréal. Les personnes qui sont susceptibles de conduire intoxiquées sont aussi celles qui ont d'une manière générale une conduite dangereuse.

L'étude, publiée dans la revue Accident Analysis and Prevention, montre que le risque d'accident avec dommages matériels augmente de 58%. Les autres études sur le sujet, notamment une étude publiée en 2004 par la SAAQ, évaluent ce risque à 100%. En d'autres mots, un peu moins de la moitié de l'effet néfaste du cannabis au volant est dû à de mauvaises habitudes de conduite bien ancrées chez les automobilistes qui prennent le volant après en avoir fumé.

«Nous voulions répondre à une question souvent posée au sujet du cannabis et de la conduite», explique l'auteure principale, Isabelle Richer, qui a fait son expérience dans le cadre de son doctorat, et est maintenant agente de recherche au service de toxicologie de la faculté de médecine de l'Université de Sherbrooke, à Longueuil. «Le risque du cannabis est-il dû au fait que les conducteurs dangereux sont plus susceptibles de conduire intoxiqués?»

L'étude a examiné 83 étudiants, tous des hommes, à l'aide d'un simulateur de conduite. On leur demandait s'il leur arrivait de conduire après avoir fumé du cannabis, ou en état d'ébriété. Puis, on vérifiait leur propension à conduire dangereusement, notamment les excès de vitesse, l'omission des arrêts obligatoires, et le fait de conduire trop proche de la voiture qui les précédait.

Détail intéressant, Mme Richer a retenu comme critère d'«intoxication aiguë» au cannabis la conduite dans l'heure suivant la consommation. «Il y a un certain débat sur le sujet, dit Mme Richer. Certaines études considèrent que l'intoxication aiguë dure deux heures, d'autres, une heure.»

Comment savoir si les cobayes ont dit la vérité sur leur consommation alors qu'ils étaient intoxiqués? «En général, les gens n'ont pas de réticences à dévoiler leur consommation de cannabis dans les études, dit Mme Richer. D'ailleurs, le risque que nous trouvons avant de tenir compte des habitudes de conduite dangereuse est similaire aux autres études sur le sujet. Pour l'alcool, c'est différent. Il y a beaucoup d'opprobre, alors les gens ont moins tendance à avouer qu'ils conduisent en état d'ébriété. Nous n'avons pas trouvé de risque accru d'accident avec l'alcool, et notre hypothèse est que c'est dû à cette gêne.»

Autre étude

L'équipe de psychologues de l'Université de Montréal va maintenant répliquer l'étude avec un autre groupe de cobayes, et va aussi étudier la question à l'aide de données de la SAAQ. «Ça permet de confirmer ce phénomène avec des données réelles, dit Mme Richer. Le problème, c'est que beaucoup d'accidents, ceux où il n'y a que des dommages légers, ne sont pas signalés à la SAAQ.»

Si le cannabis seul a un effet moins grand que l'alcool, la combinaison des deux est très dangereuse, souligne Mme Richer. L'étude de 2004 de la SAAQ montrait qu'une alcoolémie de 0,08 augmentait de 24 fois le risque d'accident, et le cannabis mélangé à une alcoolémie de 0,08, de 200 fois. «L'alcool et le cannabis provoquent des déficits très différents, explique Mme Richer. La somme des deux est donc très dangereuse.»

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