Québec veut couper 14 % du salaire des infirmières au Centre antipoison
Parmi ses critères de rendement, le Centre antipoison du Québec doit répondre à 80 % des appels en moins de 30 secondes.
Québec veut couper 14 % du salaire des infirmières au Centre antipoison
La direction médicale du centre, qui couvre tout le Québec, craint un exode du personnel et une perte d'expertise pour répondre adéquatement à la population.
Un bâtiment beige et noir de plusieurs étages en hiver.
Le Centre antipoison du Québec repose en grande partie sur le travail de 25 infirmières ayant reçu une formation spécialisée à l'embauche.
PHOTO : RADIO-CANADA / HANS DAVID CAMPBELL
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David Rémillard (accéder à la page de l'auteur)
David Rémillard
Publié à 5 h 15
Les 25 infirmières du Centre antipoison du Québec pourraient perdre jusqu'à 14 % de leur salaire dès le 31 mars prochain. Le ministère de la Santé demande à leur employeur, le CIUSSS de la Capitale-Nationale, de cesser de leur verser une prime de soins critiques, jugée non conforme.
Selon le gouvernement, la prime contreviendrait aux règles encadrant les échelles salariales du personnel infirmier au Québec. Ces conditions doivent être respectées par principe d'équité envers les syndiqués, indique-t-on par courriel au ministère de la Santé et des Services sociaux.
La prime de soins critiques n'est prévue aux conventions collectives que pour certains services bien précis tels que l'urgence, l'unité des grands brûlés ou l'unité des soins intensifs.
Mais ce n'est pas le cas du Centre antipoison du Québec. Malgré tout, le CIUSSS de la Capitale-Nationale continuait de verser cette bonification salariale, notamment pour s'assurer de maintenir le personnel en poste.
L'entrée d'un service d'urgence.
Une prime de soins critiques est versée dans certains services de santé de la province, mais pas au Centre antipoison du Québec.
PHOTO : ICI RADIO-CANADA
Expertise fragile
Selon la Dre Maude St-Onge, directrice médicale au Centre antipoison, cette prime est justifiée et continuera de l'être en raison, notamment, du statut hautement spécialisé des infirmières sous sa gouverne.
Une infirmière standard, si je peux dire, n'a pas de formation en toxicologie dans son cursus de formation. Ça prend vraiment une formation spécialisée en toxicologie quand l'infirmière entre en poste, explique-t-elle en entrevue à Radio-Canada.
Une potentielle vague de départs au Centre antipoison du Québec
ÉMISSION ICI PREMIÈRE • Première heure
Alex Boissonneault porte une chemise grise et sourit.
Ces apprentissages se font directement en milieu de travail et peuvent s'étirer sur plusieurs mois, voire plus d'une année.
Les infirmières y reçoivent de précieuses informations sur divers médicaments, champignons, plantes et autres substances. C'est une formation de longue haleine, mais en plus l'expérience joue pour beaucoup. Dans ce contexte, la rétention de personnel est particulièrement critique pour le Centre antipoison, ajoute la Dre St-Onge.
Une femme portant des lunettes se tient debout dans un espace de bureaux
La Dre Maude St-Onge craint un exode des infirmières si la prime est abolie le 31 mars.
PHOTO : RADIO-CANADA / PIERRE-ALEXANDRE BOLDUC
La principale crainte de la médecin est d'ailleurs d'assister à un exode au sein de son équipe si le gouvernement ne fait pas marche arrière. On ne peut pas se permettre de perdre des infirmières facilement, souligne-t-elle. C'est le cas partout dans le système de santé, mais quand en plus ça demande une surspécialité, c'est certain que le mal est un peu plus profond.
« Depuis l'annonce de la perte de la prime, [...] on a déjà eu un départ, et il y a des menaces de départ. »
— Une citation de La Dre Maude St-Onge, directrice médicale, Centre antipoison du Québec
Des soins compromis
Non syndiquée, la Dre St-Onge dit défendre cette position pour assurer le bon fonctionnement du Centre antipoison du Québec, dont la mission est provinciale.
Ma responsabilité, c'est de m'assurer de la qualité des soins. Et la qualité des soins est reliée à la qualité du personnel [et de leur formation]. Si le roulement de personnel augmente ou si on perd nos infirmières qualifiées, ça va avoir un impact direct, prévient-elle.
Selon la Dre St-Onge elle-même, le CIUSSS et le Syndicat des professionnelles en soins de la Capitale-Nationale ont tous tenté, depuis la fin de l'été, de convaincre Québec de maintenir la prime, sans succès. Il y a eu plusieurs démarches pour essayer de renverser la vapeur et actuellement on n'a pas de réponse. Le 31 mars, ça arrive vite. Il est minuit moins une.
Des comprimés de médicaments.
Des erreurs de posologie, par exemple, ou l'ingestion par erreur de médicaments font partie des appels courants au Centre antipoison du Québec.
PHOTO : CBC
Statut national?
Selon la Dre Maude St-Onge, la prime devrait non seulement être maintenue, mais elle devrait aussi être accompagnée d'une reconnaissance officielle du gouvernement envers le Centre antipoison du Québec.
Bien qu'il soit sous l'égide du CIUSSS de la Capitale-Nationale, ses employés répondent aux appels pour l'ensemble de la province. Les infirmières reçoivent non seulement les demandes d'assistance du grand public, mais aussi celles des professionnels de la santé.
« Ultimement, ce qu'on aimerait, c'est que le statut du Centre antipoison soit reconnu comme particulier, unique et d'envergure provinciale. »
— Une citation de La Dre Maude St-Onge
En 2021, pas moins de 50 945 dossiers ont été traités par les infirmières ou l'équipe de médecins toxicologues du Centre antipoison, selon des données fournies par la direction. Du nombre, 13 999 étaient des cas d'assistance en milieu de soins.
Parmi les 36 218 cas du grand public, seuls 3960 ont été envoyés vers un centre hospitalier. L'objectif premier des centres antipoison c'est d'essayer d'offrir un support à la maison le plus possible. Un des plus beaux succès qu'on a, c'est ça, c'est de diminuer les consultations aux urgences, vante la Dre Ste-Onge.
Parmi ses critères de rendement, le Centre antipoison du Québec doit répondre à 80 % des appels en moins de 30 secondes.
Certaines interventions nécessitent en effet une intervention immédiate. Dans certains cas, poursuit la Dre St-Onge, des infirmières peuvent être appelées à assister le personnel hospitalier dans des situations de vie ou de mort lorsqu'une toxine est impliquée.
Une femme portant un casque micro se tient debout devant trois écrans d'ordinateur
Le personnel du Centre antipoison du Québec a traité plus de 50 000 appels en 2021.
PHOTO : RADIO-CANADA / PIERRE-ALEXANDRE BOLDUC
Le syndicat dénonce
Sans surprise, le Syndicat des professionnelles en soins de la Capitale-Nationale s'indigne de la décision du gouvernement. Les gens ont très mal réagi, affirme sa présidente, Caroline Gravel. C'est un manque de reconnaissance de l'expertise qu'ils ont bâtie à travers le temps.
Selon Mme Gravel, les primes versées aux infirmières représentent environ 230 000 $ annuellement pour l'ensemble du personnel touché. Elle y voit une économie de bouts de chandelle pour le gouvernement du Québec.
Selon le syndicat, 32 000 visites dans les urgences sont évitées annuellement par le Centre antipoison, ce qu'il évalue à 10 millions de dollars.
« Le ministre [Christian] Dubé répète qu'il veut que le réseau de la santé devienne un employeur de choix. Couper le salaire de ses employés de 14 %, ce n'est certainement pas être un employeur de choix. »
— Une citation de Caroline Gravel, présidente, Syndicat des professionnelles en soins de la Capitale-Nationale
Tout comme la Dre Maude St-Onge, Caroline Gravel souligne la bonne foi du CIUSSS de la Capitale-Nationale dans ce dossier précis. Le CIUSSS reconnaît l'expertise de ces infirmières et infirmiers là.
Elle exige maintenant un retour en arrière du ministère. C'est vraiment une technicalité administrative. On se bute vraiment à une fermeture. [...] Je pense qu'ils ne pèsent pas bien le poids que ça aurait, s'il y a un exode, sur les urgences du Québec.
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Malgré le fléau des intoxications accidentelles aux cannabis.
Malgré le fléau des intoxications accidentelles aux cannabis. Par des enfants et des animaux ?
Intoxications qui ne cessent d’augmenter selon des statistiques alarmantes et la médiatisation de quelques cas.
Intoxications accidentelles non mortelles avec des comestibles de concentrés de cannabis.
Intoxications non mortelles, temporaires, sans séquelles et ne nécessitant aucun médicament de pharmaceutiques !
Les intoxications sont tellement bénignes, peu nombreuses, et surtout peu payantes vs les recherches,
qu'aucune pharmaceutique n'a conçu, trouvé, un médicament « sans danger »
contre ces intoxications, et accidentelles à effets désagréables !
Et/ou pour son sevrage sans médocs qui ne dure que 7-10 jours pour le cannabis seul sans mélange.
https://infopoison.ca/fr/a-propos/
Centre Antipoison
Statistiques sur les empoisonnements:
À l’heure actuelle, aucun ministère du gouvernement fédéral ne conserve
ni ne communique de statistiques nationales sur les empoisonnements,
à l’exception de ceux ayant causé un décès.
Rappelons que ce sont « les médicaments d'ordonnances » à dose adulte
qui sont le plus souvent consommé accidentellement par des enfants, mais le moins médiatisés.
Suivi des produits domestiques.
L'alcool
Un dépresseur psychotrope, mortel, cancérigène, à dépendance très forte comme les opiacés (fentanyl, etc.).
La consommation d’alcool est associée à plus de 200 problèmes de santé
et plus de 77 000 hospitalisations par année (210 par jour) lui sont attribuables au Québec. INSPQ.
Aucune statistique sur le nombre d'hospitalisations par des enfants pour l'alcool sur les 210 par jour
ni le nombre d'appels pour consommations accidentelles ?
INSPQ qui n'exige pas d'âge minimum de consommation par des enfants de 6-12 ans et moins.
Dont le cerveau ne sera complété qu'à 23-25 ans selon eux.
N'exige pas l'interdiction des emballages attirants et des saveurs pour inciter les enfants.
N'exige pas que l'alcool ait un goût et puanteur de bière chaude pour empêcher les enfants d'en consommer.
Ce qu'ils et elles proposait pour le cannabis.
Aux multiples variétés, aux saveurs « naturelles », et ses nombreux usages et bienfaits millénaires !
Pourquoi ne pas exiger un gout de merde pour les produits « mortels dangereux »: le sel, le sucre ?
Combien de messages au Centre Antipoison
pour l'alcool et ses 77 000 hospitalisations annuelles ?
L’accès aux informations sur les produits : un défi majeur
Lorsque le programme canadien antipoison a été mis sur pied en 1957, les formules de médicaments brevetés et exclusifs étaient enregistrées auprès de la Direction des aliments et drogues, qui était alors fédérale. Pour des raisons de confidentialité, seules certaines informations étaient communiquées à un médecin sur demande directe ou en cas d’urgence.
En 1965, aucune réglementation n’autorisait la communication d’informations sur les produits aux centres antipoison.
Pour faire face à ce problème, Santé et Bien-être social Canada a collaboré avec l’industrie et les fabricants pour établir un mécanisme volontaire de collecte et de distribution des formules de produits aux centres antipoison.
La base de données des produits du gouvernement fédéral a été maintenue et distribuée jusqu’en 1986, date à laquelle le programme a été supprimé.
En 1988, cette responsabilité a été confiée à la Société canadienne de pédiatrie (SCP), qui a accepté de recevoir les formules de produits canadiens de l’industrie et des fabricants. L’ACCAP a décidé que les besoins de ses membres seraient mieux servis en incorporant les données canadiennes dans la base de données POISINDEX basée aux États-Unis, qui était actuellement utilisée par tous les membres.
Les fichiers de données fédéraux canadiens ont été téléchargés dans le système POISINDEX et des mises à jour ont été effectuées. Fin 2005, le Centre antipoison régional d’Ottawa basé à l’Hôpital pour enfants de l’Est de l’Ontario, qui avait jusqu’alors maintenu les entrées de POISINDEX, a fermé.
Depuis, seule une quantité limitée d’informations canadiennes a été envoyée pour être incluse dans POISINDEX.
Certaines entreprises canadiennes, principalement industrielles, soumettent leurs informations sur les produits au Centre canadien d’hygiène et de sécurité au travail, basé à Hamilton (Ontario), qui gère une base de données sur les produits potentiellement toxiques utilisés sur les lieux de travail.
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