Un regard nuancé sur l’utilisation du cannabis par les jeunes LGBTQ+
Exposition gratuite et ouverte au public entre le 10 et 20 novembre, de 13 h à 18 h, à l’espace culturel la P’tite porte, 1122, boulevard de Maisonneuve Est.
09 novembre 2022
Léa Beaulieu-Kratchanov
Article de l'Initiative de journalisme local
Un regard nuancé sur l’utilisation du cannabis par les jeunes LGBTQ+
L’exposition Cannapix met en image la relation complexe des jeunes LGBTQ+ avec le cannabis.
culture · jeunesse · lgbtq+ · santé
Déstigmatiser l’usage du cannabis chez les jeunes LGBTQ+ : c’est le but de l’exposition qui ouvrira ses portes au public le 10 novembre prochain. On y trouve une quarantaine de photographies prises par les jeunes eux-mêmes dans le cadre d’un projet de recherche initié par le professeur en santé publique à l’Université de Montréal, Olivier Ferlatte.
« On sait que [les jeunes des minorités sexuelles] sont parmi les plus grands consommateurs de cannabis et que cette partie de la population, à cause de la stigmatisation et de la discrimination, fait déjà face à des défis importants en santé mentale », explique le chercheur.
Pour lui, il allait donc de soi que l’étude recentre la perspective des jeunes sur leurs propres expériences de consommation.
« Quand on fume on forme de nouvelles connexions, on comprend des événements qui se sont passés avec nous d’une manière différente. On voit les choses différemment, à travers de nouvelles lunettes. » | Photo: CANNAPIX
Ceux et celles-ci ont donc été amenés à réaliser des photographies qui illustrent leurs expériences personnelles en lien avec le cannabis. À travers cette expression artistique, les jeunes présentent des métaphores, des états d’esprit, des émotions ressenties, des effets négatifs et positifs, où s’allient les thèmes de la santé mentale, de l’identité sexuelle et de genre.
La consommation, une affaire complexe
« On a souvent l’impression que si les jeunes prennent de la drogue, c’est un choix qui n’est pas réfléchi », lance Olivier Ferlatte. Or, les résultats de ses recherches suggèrent le contraire. « Les jeunes dans notre étude connaissent très bien les risques associés au cannabis. »
Pour eux et elles, le cannabis est aussi un outil d’introspection qui permet « de réfléchir à des enjeux auxquels ils font face, de s’évader des normes de genre et de se questionner par rapport à leur identité », explique-t-il.
« Fumer du cannabis m’a permis d’avoir du recul, de parler de certaines choses. Par exemple, j’ai pu avoir une “top surgery”. » | Photo: CANNAPIX
« Plusieurs jeunes dans notre étude prennent du cannabis pour améliorer des symptômes de santé mentale – et ce n’est pas qu’ils ne veulent pas chercher de l’aide auprès de services traditionnels », poursuit Olivier Ferlatte. Au contraire, les jeunes seraient parfois découragé·es par le manque d’accès aux services de santé mentale et à des services adaptés à la communauté.
Le point de vue des jeunes
Selon lui, les photos permettent donc d’articuler des expériences complexes pour lesquelles il peut être difficile de trouver les mots justes, notamment à cause du stigma associé à la consommation de la drogue.
« On espère que l’exposition devienne un lieu d’échange où les gens vont pouvoir partager leurs propres histoires avec ces enjeux-là, débattre, discuter de qu’est-ce qu’on pourrait faire pour mieux soutenir les jeunes LGBTQ+ », conclut le chercheur.
CANNAPIX : exposition par et pour les jeunes LGBTQ+ sur le cannabis et la santé mentale est gratuite et ouverte au public entre le 10 et 20 novembre, de 13 h à 18 h, à l’espace culturel la P’tite porte, 1122, boulevard de Maisonneuve Est.
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Comme le disait Aldous Huxley
Comme le disait Aldous Huxley *:
cela peut ouvrir le cerveau juste assez pour améliorer la connaissance et l'introspection.
2002, il y a 20 ans.
Je n'hésiterais pas non plus à dire une chose que la plupart des défenseurs de la marijuana hésitent à dire parce que c'est contraire au conformisme politique: les Canadiens devraient pouvoir fumer de la marijuana s'ils le désirent. Ce n'est pas mauvais pour la santé, cela favorise un état paisible et contemplatif, comme le disait Aldous Huxley, cela peut ouvrir le cerveau juste assez pour améliorer la connaissance et l'introspection.
M. Alan Young, professeur agrégé, Osgoode Hall Law School
https://blocpot.qc.ca/fr/forum/5683
Comité spécial du Sénat sur les drogues illicites (Canada, 2002)
Au Canada, nous avons consacré des années et des millions de dollars à la commission Le Dain - dont les travaux sont toujours considérés comme étant les plus exhaustifs du genre -, et pourtant, le rapport de cette commission a été relégué aux oubliettes dans les bibliothèques où seuls des universitaires comme moi peuvent le lire et le recycler.
Quand le Parlement sera-t-il prêt? Quand le Parlement donnera-t-il suite au rapport de la commission Le Dain?
À mon avis, si votre groupe respectable recommande la décriminalisation de certaines drogues, ne vous contentez pas de rédiger un rapport, puis de le reléguer aux oubliettes. Faites preuve d'une certaine ténacité assurez-vous que le Parlement ne s'en sorte pas en louvoyant, comme il l'a déjà fait à trois reprises au cours des 30 dernières années.
Zappiste: Le rapport du Comité spécial du Sénat sur les drogues illicites (Canada, 2002)
après y avoir consacré des années et des millions de dollars en consultations et mémoires d'experts mondiaux,
en faveur et contre la légalisation, a aussi été « tabletté relégué aux oubliettes comme Le Dain » !
« Le principal fléau de l'humanité n'est pas l'ignorance, mais le refus de savoir. »
https://blocpot.qc.ca/fr/comite-special-du-senat-sur-les-drogues-illicit...
Comité spécial du Sénat sur les drogues illicites (Canada, 2002). Le rapport Nolin dans son intégralité
https://blocpot.qc.ca/fr/extraits-du-rapport-le-dain-canada-1973
Extraits du rapport Le Dain (Canada, 1973)
Rapport final de la Commission d'enquête sur l'usage des drogues à des fins non médicales
Pourquoi mes arguments en faveur de la décriminalisation et la légalisation de la marijuana sont-ils aussi francs? La marijuana est l'une des substances les plus inoffensives sur notre planète. Le seul préjudice que cette substance peut causer a été constaté chez les utilisateurs chroniques, et non les utilisateurs occasionnels. Or, les utilisateurs chroniques représentent moins de un pour cent de tous les consommateurs de marijuana. Nous criminalisons donc 99 p. 100 des utilisateurs de la marijuana qui ne souffrent d'aucun effet nocif de cette drogue.
Le seul préjudice attesté dont conviennent tous les scientifiques est l'irritation pulmonaire chronique, qui est une forme de bronchite. Il n'y a même pas de preuve que cette substance peut causer le cancer des poumons. C'est pourquoi je dis qu'au Canada, on se sert du droit criminel pour éviter que l'on ne devienne une nation où tout le monde tousse et respire péniblement, mais ce n'est pas là le rôle de la justice pénale.
Je suis criminaliste depuis une vingtaine d'années. J'ai vu des affaires de meurtres, d'agressions sexuelles, mais je n'ai jamais vu de cas où l'on se servait du droit simplement pour promouvoir la bonne santé.
Tous ces discours à propos des dangers du cannabis pour la santé ne sont qu'un leurre, sénateurs. La question n'est pas là. L'aspect médical ou la promotion de la santé et du bien-être n'ont rien à voir avec la justice pénale.
Il faut donc penser aux millions, sinon aux milliards de dollars qui, au lieu de servir à combattre les crimes graves contre les personnes, servent à pourchasser des gens dont nous avons fait des criminels à cause du cannabis, mais qui autrement sont des citoyens productifs et respectueux des lois.
Si la promotion de la santé était une priorité de la justice pénale, je proposerais un nouvel article interdisant la vente de croustilles graisseuses. Elles entraînent des problèmes gastro-intestinaux et des frais d'hospitalisation qui surpassent de très loin tous les inconvénients de la marijuana. Peut-être faudrait-il interdire également la vente d'alcool.
La marijuana n'a jamais été criminogène; elle n'entraîne pas l'éclatement de la famille ni des attitudes antisociales. Si vous passez cinq minutes en compagnie de fumeurs de marijuana, vous saurez qu'ils ne pourront jamais aller voler des banques; ils n'en seraient pas capables. C'est une impossibilité; cela peut être le sujet de bons films, mais pas de la politique en matière de justice pénale.
Tout ce que je peux dire au sujet de la marijuana, d'après mon expérience personnelle et mes contacts avec des milliers de gens, c'est qu'elle a tendance à stimuler la pensée critique et à amener à mettre en doute les valeurs conventionnelles. Nous nous souvenons tous de l'expérience des années 60. Mais si les gouvernements ont peur de la pensée critique, nous ne sommes pas dans une société libre. Si c'est ce qui justifie une interdiction, il y a lieu de réexaminer le principe démocratique.
Je n'hésiterais pas non plus à dire une chose que la plupart des défenseurs de la marijuana hésitent à dire parce que c'est contraire au conformisme politique: les Canadiens devraient pouvoir fumer de la marijuana s'ils le désirent. Ce n'est pas mauvais pour la santé, cela favorise un état paisible et contemplatif, comme le disait Aldous Huxley, cela peut ouvrir le cerveau juste assez pour améliorer la connaissance et l'introspection.
* Aldous Huxley
« Au moins les deux tiers de nos misères découlent de la bêtise humaine, de la méchanceté humaine et de ces grands facteurs de motivation et justificatifs de méchanceté et de bêtise : l'idéalisme, le dogmatisme et le zèle prosélytique au nom des idoles religieuses ou politiques. »
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