Légalisation du cannabis Quand les profits partent en fumée

Les grands producteurs de cannabis voient rouge quatre ans après la légalisation de la substance à des fins récréatives.

Légalisation du cannabis Quand les profits partent en fumée

PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, ARCHIVES LA PRESSE

Quatre années après la légalisation du cannabis au Canada, la bulle a de toute évidence éclaté pour bon nombre d’investisseurs.

Les grands producteurs de cannabis voient rouge quatre ans après la légalisation de la substance à des fins récréatives. Déficitaires, ils en arrachent plus que jamais et leurs actions sont en déroute à la Bourse de Toronto. Si l’euphorie n’a pas été au rendez-vous pour les investisseurs, le portrait est différent pour les provinces ainsi que les consommateurs.

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Julien Arsenault
JULIEN ARSENAULT
LA PRESSE

« On a surestimé la demande, explique le chef des placements chez Triasima, André Chabot. La légalisation était pour le Canada, mais certains prévoyaient déjà que les entreprises allaient signer des contrats de vente aux États-Unis et un peu partout. Rien de cela ne s’est produit. »

Licenciements massifs, fermetures de sites de production et remaniements d’équipes de direction : les nouvelles ont rarement été réjouissantes pour les principaux producteurs de cannabis. L’avenir de Hexo, établie à Gatineau, a même été remis en question par son propre auditeur il y a un an en raison de la précarité de sa situation financière.

Pour les investisseurs qui ont conservé leurs actions, le portrait n’est guère réjouissant. Un investissement de 100 $ réalisé dans Canopy Growth le 17 octobre 2018 — jour de la légalisation du cannabis — ne vaut plus que 5,16 $. Il ne reste que des miettes avec Hexo (77 cents) et Aurora Cannabis (93 cents) pour le même investissement dans chacune de ces entreprises.

INFOGRAPHIE LA PRESSE

Parallèlement aux attentes erronées, la fragmentation du marché, le nombre élevé d’acteurs et les pressions à la baisse sur le prix du gramme de cannabis expliquent en grande partie les difficultés de l’industrie, selon M. Chabot.

« C’est une course à la réduction des coûts, dit-il. Les gagnants seront ceux qui vont réussir. Il y a des économies d’échelle à faire et la consolidation n’est pas terminée. On est plus près du creux que du sommet, mais on n’a pas encore touché le creux. »

Trop d’acteurs
Au Canada, environ 915 cultivateurs, transformateurs et vendeurs détiennent une licence en vertu de la Loi sur le cannabis, alors que ces dernières étaient autrefois accordées au compte-gouttes par Santé Canada. On en dénombre 92 en territoire québécois.

Cela a contribué à une forte augmentation de la production de cannabis séché au pays. De 2019 à 2021, elle a progressé d’environ 40 % pour s’établir à 1616 tonnes, d’après les données de Statistique Canada. Pourtant, l’industrie est incapable d’écouler ses stocks. L’an dernier, 425 tonnes de cannabis séché non vendues ont été détruites, selon le média américain MJBizDaily, spécialisé sur l’industrie du cannabis.

Les risques de rupture de stock dans les boutiques sont faibles en cas de disparition soudaine d’un producteur.

« Il y a encore de la surcapacité même si les producteurs ont tempéré leurs ardeurs, affirme Rishi Malkani, responsable du secteur du cannabis chez Deloitte. Il y a trop de producteurs et la tarte n’est pas suffisamment grande. »

Ce dernier anticipe un régime minceur dans l’industrie. À l’Association québécoise de l’industrie du cannabis (AQIC), qui regroupe 75 membres, on s’attend encore à quelques « années difficiles ».

PHOTO FOURNIE PAR L’ASSOCIATION QUÉBÉCOISE DE L’INDUSTRIE DU CANNABIS

Pierre Leclerc, directeur général de l’Association québécoise de l’industrie du cannabis

« L’industrie a une responsabilité et il y a eu des erreurs, admet son directeur général Pierre Leclerc. Il y avait une compréhension du milieu d’affaires qui n’était pas totalement juste. Certaines entreprises se sont heurtées à la capacité de commercialiser des produits. »

Cet ex-stratège du Parti libéral du Québec jette également une partie du blâme sur la rigidité du cadre réglementaire en place. En entrevue, il s’explique mal comment on peut légaliser une industrie tout en mettant ses membres « à l’index ».

« Personne n’a communiqué publiquement que les producteurs n’auraient accès à aucun programme du gouvernement et que la grande majorité des entreprises à capital fermé auraient de la difficulté à s’ouvrir un compte de banque, affirme M. Leclerc. L’État a aussi sa responsabilité. »

Les vendeurs dans le vert
Le portrait est beaucoup moins sombre du côté des sociétés d’État responsables de la vente du cannabis et de ses produits dérivés. Selon une étude réalisée en mai dernier par le cabinet EY, environ 70 % de l’argent dépensé par les consommateurs se retrouve dans les coffres des provinces.

Après un premier exercice financier où les coûts de démarrage ont été responsables d’une perte nette de 4,9 millions, la Société québécoise du cannabis a dégagé un excédent l’année suivante (2019-2020). La société d’État a généré des profits de 76 millions l’an dernier, en hausse de 14 %. Cette somme est destinée à la recherche sur le cannabis et la prévention.

INFOGRAPHIE LA PRESSE

« Pendant que l’industrie n’arrive pas à générer des profits, les provinces engrangent, et de loin, le gros de tous les revenus de la chaîne d’approvisionnement du cannabis, souligne M. Leclerc. Ce sont elles, les gagnantes. »

M. Chabot est du même avis.

Et le consommateur ? Depuis 2018, à la SQDC, il a vu le prix moyen du gramme fléchir chaque année depuis la légalisation du cannabis à des fins récréatives.

« Si je prends la transition d’un consommateur du marché illicite vers le licite, il est gagnant, affirme le président de l’AQIC. Il est assuré d’avoir un produit extrêmement contrôlé et qui ne contient pas de substances nocives. »

Cependant, le cadre québécois ne permet pas la vente de produits comestibles comme les friandises et les desserts, ce qui limite l’offre. M. Leclerc croit aussi que la marge de manœuvre des conseillers de la SQDC ne permet pas d’accompagner le consommateur adéquatement.

En rétrospective, le bilan des quatre dernières années est mitigé, selon M. Malkani, qui chiffre à 5 milliards le marché de la vente au détail à l’échelle nationale.

« Connaissez-vous des industries qui peuvent faire cela ? demande l’expert de Deloitte. Il y a beaucoup d’éléments positifs quand même. »

Selon M. Malkani, il existe un marché illicite oscillant entre 2 et 3 milliards qui peut être converti. Pour le marché légal, il y a donc encore place à la croissance, croit-il.

544 MILLIONS
C’est la somme que la SQDC estime avoir retournée en taxes à la consommation et droits d’accise dans les coffres de l’État québécois depuis sa création en 2018.

Sources : rapports annuels de la SQDC

Commentaires

Pas de démonstration ni action d'éclat par les 18-21 ans

Si je prends la transition d’un consommateur du marché illicite vers le licite, il est gagnant, affirme le président de l’AQIC. Il est assuré d’avoir un produit extrêmement contrôlé et qui ne contient pas de substances nocives.

C'est pas faux !

Avez-vous remarqué que les adultes de 18-21 ans du Québec*
la seule province qui n'a pas harmonisé mais criminalisé caquistement ses 18-21 ans
n'ont pas fait de démonstration d'action d'éclat contre leur criminalisation ?

La CAQ a criminalisé les adultes légaux de 18-21 ans et leurs parents responsables
qui risquent jusqu'à 14 ans de prison si ils consomment avec leurs adultes légaux de 18 ans.

Un parent peut consommer légalement de l'alcool avec son enfant de 6-12 ans et moins.
Dont le cerveau ne sera complété qu'à 23-25 ans.

Selon Éduc'alcool qui reçoit des millions annuellement de la SAQ, qui coute plus en méfaits que ses revenus,
fait la promotion de la consommation "responsable" à 2-3 verres par jour.

À noter que les experts ont revu à la baisse la consommation journalière de ce produit mortel cancérigène,
soit 6-7 consommations par semaine.

Éduc'alcool: 2 verres par jour pour une femme pas tous les jours ! Mais plus selon les occasions ?

Cancérigène avéré
«Consommer un verre d’alcool par jour augmente le risque de développer un cancer du sein de 10%.»
Catherine Hill, épidémiologiste et biostatisticienne

Et que c'est le nombre de consommation journalière et non le taux d'alcool qui est dangereux.
L'alcool à 0.5% est aussi dangereux/addictif que celui à 94% !

Faire gouter à un enfant de l'alcool tôt va en faire un consommateur "responsable". Éduc'alcool
Ce que réfutent les scientifiques et experts indépendants.

Les risques très forts, évitables/acceptables,
que les enfants deviennent dépendants plus tard dépassent les pseudos bienfaits.

Des enfants de 12 ans sont déjà accros et consomment régulièrement illégalement selon des études.
Pourquoi se limiter à l'alcool si ça fonctionnait !

« Pas de démonstration ni action d'éclat par les 18-21 ans ! »

Parce qu'ils ont les autres provinces qui ont harmonisé pour les adultes de 18-19 ans.
Assuré d’avoir un produit extrêmement contrôlé et qui ne contient pas de substances dangereuses.
Vendu aussi par les organisations criminelles ou non* du Québec aux nombreux produits.

Ils ont aussi le cannabis SQDC taxé vendu illégalement aux 18-21 ans, créé par la criminalisation
tout en étant assuré d’avoir un produit extrêmement contrôlé et qui ne contient pas de substances nocives.

*Québec. « la transition d’un consommateur du marché licite vers le illicite ». Votre gouvernement !

C'est le contraire de « la transition d’un consommateur du marché illicite vers le licite »
c'est « la transition d’un consommateur du marché licite vers le illicite ».
Pour se distinguer se séparer des autres provinces qui ont harmonisé.

Au Québec depuis 3 ans de criminalisation la seule province qui n'a pas harmonisé.
Les adultes exemplaires légaux de 18 ans ont eu droit au Cannabis légal jusqu'en 2019.

Ils sont passé d'adultes légaux consommateurs exemplaires de 18 ans à criminels dangereux.

Ils sont passé du marché licite SQDC au marché illicite de produits licites extrêmement contrôlés et qui ne contiennent pas de substances dangereuses des autres provinces qui ont harmonisé sans discriminer selon l'âge ou la substance récréative de choix.

Il y a aussi ceux qui préfèrent acheter du marché bien organisé aux nombreux points de vente de proximité,
contrairement aux moins de 90 pour la SQDC, qui ne fait pas de discrimination, n'a pas connu de ruptures de stock, de grève.

Et il y a les consommateurs "Bi" ceux qui achètent du licite et du illicite selon le prix les produits offerts, les spéciaux.

Pour compenser les organisations criminelles pour la transition d’un consommateur du marché illicite vers le licite SQDC.

Ils leur sacrifient les adultes de 18-21 ans le plus grand nombre de consommateurs.

La CAQ appuyé par les associations de médecins/psychiatres du Québec pro-médoc$
leurs fournissent des clients et plus de 20 millions $ trimestre non taxés depuis 3 ans.

58,5 %
Proportion du marché noir que la SQDC estime avoir capté depuis sa création.
Source : rapport annuel de la SQDC

Source : l’Association québécoise de l’industrie du cannabis (AQIC),

L’AQIC doute par ailleurs que la SQDC détienne réellement 58 % du marché de la marijuana, le marché total étant possiblement sous-estimé selon elle.

58% du marché des 21 ans et plus pas les moins de 21 ans.

Selon Pierre Leclerc, directeur général de l’Association québécoise de l’industrie du cannabis (AQIC)
l’Association québécoise de l’industrie du cannabis (AQIC), qui regroupe 75 entreprises, dont plusieurs producteurs et transformateurs. L’AQIC doute par ailleurs que la SQDC détienne réellement 58 % du marché de la marijuana, le marché total étant possiblement sous-estimé selon elle.

Pierre Leclerc, directeur général de l’Association québécoise de l’industrie du cannabis (AQIC), qui regroupe 75 entreprises, dont plusieurs producteurs et transformateurs. L’AQIC doute par ailleurs que la SQDC détienne réellement 58 % du marché de la marijuana, le marché total étant possiblement sous-estimé selon elle. « D’autres produits qu’on trouve beaucoup, ce sont ceux de santé et bien-être, comme des crèmes au CBD, qui sont vendues sur des plateformes Web et qui arrivent ici même s’ils sont illégaux sur le marché québécois », ajoute-t-il.

* OU NON !
https://www.ledroit.com/2022/09/21/cannabis-livre-par-postes-canada-pein...

21 septembre 2022 3h00 Mis à jour à 4h01
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Extrait
Cannabis livré par Postes Canada: peine en société pour Julie Paradis

Accusée de possession d’une importante quantité de cannabis illégal, elle était passible de six mois de prison, la peine maximale, que demandait la poursuite.

La jeune femme de 39 ans avait en sa possession 20 livres de cannabis, 300 capsules de CBD, 260 grammes de wax et un litre de résine de cannabis quand les policiers sont débarqués chez elle, il y a trois ans. Outre la drogue, ils y ont saisi une balance, un livre de comptes et près de 20 000 $ en argent.

Ils avaient été alertés par Postes Canada, qui, intriguée par les gros colis livrés régulièrement chez elle au cours de l’été, avait décidé d’ouvrir un paquet. Ses enquêteurs avaient découvert deux gros contenants de plastique remplis de 4,5 kilos de cannabis chacun.

Le 13 septembre, c’est un policier qui avait livré la marchandise au domicile de la femme dans un camion identifié à Postes Canada. Elle s’était d’ailleurs exclamée qu’il s’agissait du colis qu’elle attendait. Après quelques jours de surveillance pour observer tout va-et-vient illustrant le trafic, les policiers avaient perquisitionné la résidence du quartier de La Pulperie, à Chicoutimi, le 19.

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