La C.-B. demande à Ottawa de pouvoir décriminaliser les petites quantités de drogues

La situation n’a jamais été aussi urgente, dit la santé publique ! L'exemption demandée par la province doit encore être examinée par le gouvernement fédéral et Santé Canada.

La C.-B. demande à Ottawa de pouvoir décriminaliser les petites quantités de drogues

Chloé Dioré de Périgny (accéder à la page de l'auteur)
Chloé Dioré de Périgny
le 1 novembre 2021

La Colombie-Britannique demande une exemption à Santé Canada pour décriminaliser la possession de petites quantités de drogues et ainsi prévenir les décès liés aux surdoses. Il s’agit d’une première au pays, selon le gouvernement provincial.

Si elle est acceptée, l’exemption à la Loi réglementant certaines drogues et autres substances permettra aux 19 ans et plus de détenir jusqu’à 4,5 g de drogues illicites.

Cette mesure vise à enlever une barrière à la stigmatisation des personnes dépendantes de drogues toxiques, qui les empêche d’aller chercher de l’aide, explique la ministre de la Santé mentale et des Dépendances de la province, Sheila Malcolmson.

Les gens meurent tout seuls, chez eux, et leurs familles n’ont souvent aucune idée qu’ils souffraient de problèmes de dépendances, poursuit-elle en citant des constatations du Service des coroners de la Colombie-Britannique.

La vente de ces drogues resterait illégale, souligne toutefois la ministre de la Santé mentale et des Dépendances. L'idée est de déstigmatiser la consommation pour encourager les toxicomanes à aller chercher de l’aide.

Nous voulons que les policiers se concentrent sur les trafiquants de drogue et les vrais crimes. Que les gens se sentent les bienvenus dans le système de santé, sans craindre de sanctions criminelles ou pénales, ni même subir de l’intimidation, indique Sheila Malcolmson.

La situation n’a jamais été aussi urgente, dit la santé publique
Entre janvier et fin juillet, les surdoses ont fait 1204 victimes en Colombie-Britannique, selon les données du Service des coroners publiées en septembre, ce qui marque une augmentation de 28 % par rapport à la même période en 2020.

Le mois de juillet 2021 a par ailleurs été le deuxième mois le plus meurtrier de la crise jusqu’à maintenant.

La situation n’a jamais été aussi urgente, affirme Bonnie Henry, la médecin hygiéniste en chef de la province.

« La crise des drogues toxiques n’est pas une question morale ou criminelle, c’est un problème de santé publique. »

— Une citation de Bonnie Henry, médecin hygiéniste en chef de la Colombie-Britannique
La décriminalisation de ces drogues est vitale pour aider à garder ces personnes dépendantes en vie et les aider à trouver des ressources, confirme-t-elle.

Un homme alongé sous une couverture dans le quartier du Downtown Eastside à Vancouver.
La crise des surdoses en Colombie-Britannique ne diminue pas, cinq ans après la déclaration de l'état d'urgence sanitaire par la province.

PHOTO : RADIO-CANADA / BEN NELMS

Des changements imprévus au plan, déplore VANDU
Ce plan prodécriminalisation est le fruit d’une collaboration entre la province, des travailleurs sociaux, des organismes autochtones, des municipalités, les forces de l’ordre et de groupes de recherche, souligne la ministre de la Santé mentale.

L’organisme VANDU, un groupe de défense des droits des toxicomanes à Vancouver, y a notamment participé.

Si la mesure est une étape dans la bonne direction, son porte-parole Garth Mullins déplore des changements de dernière minute effectués par la province sur la quantité de drogues autorisées.

On a travaillé fort pour négocier une limite de 4,5 grammes pour chaque substance, que ce soit de la coke, ce qui est vendu comme héroïne, vous savez, les opioïdes, le crack ou encore la méthamphétamine, dit-il.

La province a finalement décidé d’imposer une limite de 4,5 grammes cumulative, sans consulter la table de discussions.

« Le niveau est tellement bas que cela ne décriminalisera pas la moitié des utilisateurs que l’on connaît. »

— Une citation de Garth Mullins, membre et représentant, VANDU
Guy Felicella, conseiller clinique au centre provincial de consommation de drogue (BC Centre on Substance Use), considère lui aussi que cette limite de 4,5 grammes est un peu faible.

Une rose à la mémoire des personnes mortes d'une surdose dans le quartier Downtown Eastside à Vancouver.
En 2020, 1716 personnes sont mortes d'une surdose en Colombie-Britannique.

PHOTO : RADIO-CANADA / BEN NELMS

De plus, la décriminalisation ne résoudra pas le problème de l’approvisionnement sécuritaire en drogues, selon cet ancien toxicomane.

C’est une bonne première étape, mais j’ai peur qu’on n’aille pas assez loin, si on ne cible pas également l’approvisionnement sûr, on aura encore le même nombre de décès par jour, soutient-il.

L'exemption demandée par la province doit encore être examinée par le gouvernement fédéral et Santé Canada.

Avec les informations de Nantou Soumahoro et de Timothé Matte-Bergeron

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