COVID-19: l'OMS bloque officiellement le vaccin québécois de Medicago

L’affiliation avec Philip Morris demeure la seule raison expliquant la décision, insiste la direction de l’entreprise biomédicale. Une affirmation confirmée par l’OMS

COVID-19: l'OMS bloque officiellement le vaccin québécois de Medicago

Les liens de l’entreprise avec l’industrie du tabac sont derrière cette décision
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Logo du journaliste Pierre Paul Biron du Journal de Quebec, vendredi le 29 mars 2019. STEVENS LEBLANC/JOURNAL DE QUEBEC/AGENCE QMI)

PIERRE-PAUL BIRON
Vendredi, 25 mars 2022 12:05
MISE À JOUR Vendredi, 25 mars 2022 18:15

L’Organisation mondiale de la Santé (OMS) a officiellement rejeté le vaccin COVIFENZ, développé par l’entreprise de Québec Medicago. La décision est justifiée par le fait que la biomédicale appartient de façon minoritaire au cigarettier Philip Morris.

• À lire aussi: Liens avec une compagnie de tabac: le vaccin de Medicago pourrait être refusé par l’OMS

Medicago et l’OMS ont confirmé la nouvelle par courriel vendredi matin.

«[...] une lettre officielle devrait être envoyée sous peu avec des informations complémentaires. [...] Lorsque Medicago aura reçu et revu le rationnel de cette décision, elle sera en mesure de continuer ses discussions sur les prochaines étapes avec ses partenaires et investisseurs», indique la direction de l’entreprise, ajoutant travailler «pour trouver une solution satisfaisante».

Le spectre d’une telle nouvelle avait émergé la semaine dernière quand l’OMS avait suspendu le processus d’autorisation en raison des liens de Medicago avec Philip Morris, actionnaire minoritaire détenant 21% des parts de l’entreprise. Le géant Mitsubishi Tanabe est actionnaire majoritaire avec 79%.

Medicago a indiqué qu’aucun autre commentaire ne serait émis pour le moment.

Écoutez l'entrevue de Mario Dumont avec Marc-André Gagnon, spécialiste des politiques pharmaceutiques à l’Université Carleton, sur QUB radio:

Seule raison

L’affiliation avec Philip Morris demeure la seule raison expliquant la décision, insiste la direction de l’entreprise biomédicale. Une affirmation confirmée par l’OMS

«La compréhension de Medicago est que la décision de l'OMS est liée uniquement à l'actionnaire minoritaire de l'entreprise et non à l'efficacité et la sécurité de son vaccin à base de plantes contre la COVID-19», insiste le fabricant.

«L'OMS mène actuellement des discussions sur la manière de répondre à une tendance générale de l'industrie du tabac à investir dans l'industrie de la santé. Nous explorons actuellement différentes options de politiques pour des produits de santé potentiellement valables qui sont liés à l'industrie du tabac», souligne de son côté l’OMS.

Les essais cliniques de COVIFENZ avaient démontré une efficacité de 71% contre les infections avec symptômes et de 100% contre les formes graves du virus de la COVID-19.

La politique de l’OMS sur les contrats bénéficiant aux entreprises des industries du tabac et de l’armement est toutefois claire et bien connue. Malgré ce fait, l’entreprise basée à Québec avait bon espoir de faire reconnaître son vaccin qui présente des résultats «comparables aux autres vaccins déjà distribués», explique le virologue Alain Lamarre.

«Les règles de l’OMS sont claires. Que ça n’ait pas été prévu par le gouvernement qui a investi ou par Medicago elle-même, c’est assez déroutant», souligne l’expert de l’INRS.

Le fédéral a d’ailleurs investi 173 M$ dans l’aventure vaccinale de Medicago contre la COVID-19. Une entente pour l’achat de 76 millions de doses avait aussi été conclue.

Écoutez la chronique de Vincent Dessureault au micro de Geneviève Pettersen sur QUB radio:

Solution

Tout n’est cependant pas perdu pour Medicago. La possibilité d’une vente des parts de Philip Morris doit être analysée, estime Alain Lamarre.

«Est-ce que Medicago ou le gouvernement lui-même pourrait racheter les parts de Philip Morris pour sauver la mise? Ça doit être étudié. Parce que ce qu’on comprend, c’est que ce n’est pas l’utilisation d’une plante cousine du tabac qui est le problème, ce sont les bénéfices qu’un cigarettier pourrait en retirer», précise le chercheur.

Le ministre fédéral de l’Innovation, François-Philippe Champagne, a affirmé être à la recherche de «pistes de solutions» et assure avoir déjà été en contact avec l’entreprise pour la suite des choses.

«Si jamais il y avait une autre pandémie, les experts vous diraient qu’un vaccin sur la base de plantes peut être la solution dans une infection future. Alors, on veut qu’ils aient du succès. Donc on va travailler avec eux sur une solution», a-t-il dit lors d’une mêlée de presse vendredi.

M. Champagne a toutefois indiqué que, «personnellement», «il y avait quelque chose qui était bizarre de voir le type de capital ou d’actionnaires dans cette société-là», en parlant des parts des Philip Morris dans Medicago.

En parlant des différentes «pistes de solutions», le ministre est d’avis que «l’actionnariat de ces grands groupes-là ça varie souvent avec le temps».

«Si vous regardez même l’évolution de Medicago, ç’a évolué avec les années. Moi, je pense que ça va évoluer encore.»

Pas complètement bloqué

Le vaccin de Medicago avait été homologué par Santé Canada à la fin février. Le vaccin peut donc être utilisé au pays, mais le plan initial était aussi d’en faire profiter d’autres régions du monde. Le Canada s’était d’ailleurs engagé à faire don de 200 millions de doses de vaccins d’ici la fin de 2022, dont plusieurs doses du COVIFENZ.

La décision de l’OMS complique ce processus, mais ne le bloque pas complètement, insiste Alain Lamarre.

«L’OMS a une position importante sur les recommandations, mais c’est la prérogative de chaque pays, de chaque agence réglementaire, d’autoriser ou non l’utilisation d’un vaccin. Ça n’empêche donc pas que certains pays puissent lever la main et utiliser le vaccin de Medicago», estime le virologue, ajoutant qu’il serait dommage de s’en passer pour des questions administratives.

«Je comprends la position de l’OMS, mais ça enlève un joueur, ça enlève des vaccins potentiels pour la planète. On se limite.»

Medicago développe son vaccin à base d’une plante qui est un dérivé de celle du tabac. On intègre à cette plante des particules pseudo-virales qui permettent ensuite la fabrication du vaccin.

– Avec la collaboration de Raphaël Pirro, Agence QMI

UNE DÉCISION QUI FAIT RÉAGIR
« Est-ce que Medicago ou le gouvernement lui-même pourrait racheter les parts de Philip Morris pour sauver la mise ? Ça doit être étudié. Parce que ce qu’on comprend, c’est que ce n’est pas l’utilisation d’une plante cousine du tabac qui est le problème, ce sont les bénéfices qu’un cigarettier pourrait en retirer. »

– Alain Lamarre, virologue à l’INRS

« Lorsque Medicago aura reçu et revu le rationnel de cette décision, elle sera en mesure de continuer ses discussions sur les prochaines étapes avec ses partenaires et investisseurs. »

– Communiqué de la direction de Medicago

« Si jamais il y avait une autre pandémie, les experts vous diraient qu’un vaccin sur la base de plantes peut être la solution dans une infection future. Alors, on veut qu’ils aient du succès. Donc on va travailler avec eux sur une solution. »

– François-Philippe Champagne, ministre fédéral de l’Innovation

« L’OMS mène actuellement des discussions sur la manière de répondre à une tendance générale de l’industrie du tabac à investir dans l’industrie de la santé. Nous explorons actuellement différentes options de politiques pour des produits de santé potentiellement valables qui sont liés à l’industrie du tabac. »

– Réponse de l’OMS sur sa décision

Commentaires

tendance générale à investir dans l’industrie de la santé

« L’OMS mène actuellement des discussions sur la manière de répondre à une tendance générale de l’industrie du tabac à investir dans l’industrie de la santé. ». Comme l'industrie de l'alcool !

Philip Morris et cannabis thérapeutique ?

Que ce soit Philip Morris avec son produit protégé qui rend malade et tue prématurément plus de 13 000 Québécois annuellement par acceptabilité culturelle sociale et le manque de courage de votre gouvernement ou les groupes et/ou sympathisants d’organisations criminelles, à qui votre gouvernement fourni des millions trimestre, non taxés, en plus des 18-21 ans le plus grand nombre de consommateurs comme clients.

La loua c’est la loua comme le disait Séraphin Poudrier.

Philip Morris investi aussi dans le cannabis thérapeutique, l’industrie de la santé !

Pourquoi ils investi$$ent dans le cannabis ?
Pas parce que le cannabis bénin aux nombreux bienfaits et usages n’a aucune mort directe !

« Il pourrait s'agir d'un investissement tourné vers l'avenir essentiel pour une industrie qui souhaite rester le style de vie de base qu'elle a été - pour le meilleur ou pour le pire - au cours des 100 dernières années ou plus, et ne pas devenir le prochain grand empire à partir en fumée. » Philip Morris. (Protégé et poursuivi par votre gouvernement !)

L'intérêt de Big Tobacco peut également aller bien au-delà des produits à fumer, chiquer, sniffer. Le tabac cherche à offrir aux consommateurs une alternative au tabagisme ; l'évolution de l'industrie du cannabis, qui a mis sur le marché une grande variété de produits – comme les produits comestibles, les huiles et les topiques – peut servir de point de référence.

OMS - Statistiques méfaits du tabagisme un fléau mondial évitable, acceptable:

26 juill. 2021 — Le tabac fait plus de 8 millions de morts chaque année.

2019 — Le nombre de fumeurs dans le monde est passé à 1,1 milliard en 2019, le tabagisme ayant causé 7,7 millions de décès, dont 1 décès sur 5 chez les hommes dans le monde. 31 mai 2021

30 mai 2017 — Le tabac tue annuellement plus de 7 millions de personnes dans le monde.

https://info-tabac.ca/lindustrie-canadienne-et-agriculture-canada-cooper...

L’INDUSTRIE CANADIENNE ET AGRICULTURE CANADA COOPÈRENT POUR DÉVELOPPER DES VARIÉTÉS DE TABAC À PLUS HAUTE TENEUR EN NICOTINE
Avril 1997 - No 6

Extrait:
En étroite collaboration avec l’industrie du tabac, Agriculture Canada travaillait encore en 1996 sur l’augmentation de la teneur en nicotine de nouvelles variétés de tabac, indiquent des documents obtenus par l’Association pour les droits des non-fumeurs.

De 1990 à 1995, on discute beaucoup de l’élevage d’une nouvelle variété de tabac destinée aux provinces maritimes; cette variété doit être à la fois plus résistante aux maladies et à teneur plus élevée en nicotine. En 1995, on accorde une licence à la variété 88TK14-5 pour la culture dans l’Île-du-Prince-Édouard; un sous-comité note que cette variété compte 15 p. 100 de plus en nicotine que la variété autorisée jusque-là.

Pour ce qui est du développement de nouvelles variétés destinées aux Maritimes, M. Pickard dit qu’il n’existe plus de culture commerciale de tabac dans le Canada atlantique, parce que « nous avons constaté que le taux de nicotine des plants de tabac était inférieur aux normes internationales* ».

S’il est vrai que le gouvernement fédéral et les gouvernements provinciaux ont beaucoup fait pour encourager les tabaculteurs à prendre leur retraite ou à changer de culture au cours des années 80 et 90, l’existence même d’un centre de recherches subventionné à la fois par le fédéral et l’industrie du tabac semble quelque peu anachronique.

* Dé cossé ?
Ils ont arrêté parce que le taux de nicotine des plants de tabac "était inférieur aux normes internationales" ?
Ce qui devrait être un bienfait !?
Surprenant qu'il y ait un taux "minimum" international de nicotine à respecter ?

La réglementation nationale fixe une concentration maximale de nicotine pas minimale !

Le tabagisme constitue la principale cause de maladies évitables et de mortalité au Canada. Il est responsable du décès de 45 000 Canadiens chaque année et représente environ 30 % des décès par cancer. Selon les données de 2019, 4,7 millions de Canadiens, soit 15 % de la population âgée de 12 ans et plus, sont fumeurs. Il reste encore beaucoup de travail à faire pour réduire le tabagisme et le vapotage chez les jeunes ainsi que pour atteindre l’objectif de réduction de la consommation de tabac à moins de 5 % d’ici 2035.

De ces 45 000 morts de Canadiens chaque année, 13 000 morts annuelles évitables acceptables, sont du Québec !
Plus de 35 victimes par jour acceptables !

Les Responsables doivent rendre compte de leur politique, et doivent réparer les dommages qu'ils ont causés !
Les condoléances et les JE m'excuse ne suffisent pas à réparer les dommages qu'ils ont causés !

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