« Ils remplacent tout » : les magasins de cannabis inondent le paysage à Toronto

Si l’Ontario a choisi la loi du marché, c’est le marché qui dictera ce qui constitue trop de magasins. Une citation de :Mimi Lam, PDG de Superette

En 2021 seulement, 163 permis ont été octroyés pour ouvrir des magasins de cannabis à Toronto. À titre comparatif, le Québec compte 78 succursales au total.

Yasmine Mehdi (accéder à la page de l'auteur)

Yasmine Mehdi
le 20 octobre 2021
« Entre Spadina et Bathurst, il y a un seul magasin qui vend du lait et une dizaine de magasins de cannabis », lance Shamaz Amlani. Le restaurateur illustre un phénomène que de plus en plus de Torontois constatent : la prolifération de magasins de cannabis dans les rues de la capitale ontarienne.

Ils ont pris la place de cafés, de restaurants ou d’antiquaires. Autant de petits commerces qui n’ont pas survécu aux longs mois de confinement et qui ont été remplacés par des magasins de cannabis.

Ces magasins ne connectent pas avec la communauté. Leurs vitres sont fermées, ils sont froids, et ils ne font pas partie de la culture de la rue, déplore M. Amlani. Son restaurant La Palette est installé sur la rue Queen Ouest depuis une vingtaine d'années.

Depuis la pandémie, il a vu beaucoup de ses anciens voisins mettre la clé sous la porte et être remplacés par des points de vente de cannabis.

Ça change le caractère du quartier. Les propriétaires se disent qu’ils peuvent faire beaucoup plus d’argent avec [les magasins de cannabis] qu’avec d’autres commerces et on commence à perdre les magasins qui vendent des fruits et des légumes, du poisson ou de la viande , explique le restaurateur — qui précise que les loyers dans le secteur coûtent en moyenne 10 000 $ par mois.

À quelques rues de là, un autre commerçant abonde dans le même sens.

On était dans le quartier de la mode, on est maintenant dans le quartier du pot.

Une citation de :Jebril Jalloh, propriétaire du magasin de vêtements Get Fresh Company
On perd les galeries d’art, les magasins de tissu et de vêtements et les barbiers parce que les loyers n’arrêtent pas d’augmenter et que les magasins de cannabis sont les seuls à pouvoir les payer, affirme Jebril Jalloh, le propriétaire du magasin de vêtements Get Fresh Company.

Plus de magasins à Toronto que dans tout le Québec
Contrairement au Québec, l’Ontario a choisi de confier la distribution de cannabis au secteur privé. En trois ans, plus de 1000 magasins ont ouvert leurs portes dans la province — et un cinquième d'entre eux se trouvent à Toronto. À titre comparatif, il y a 78 succursales de la Société québécoise du cannabis (SQDC) au Québec, dont neuf à Montréal.

Les données de l’Alcohol and Gaming Commission montrent que l'Ontario a octroyé 163 permis à des magasins de cannabis à Toronto en 2021. En mars seulement, alors que la province était en pleine deuxième vague, 29 points de vente ont reçu un permis.

Superette fait partie des entreprises qui ont obtenu un de ces permis. Le groupe compte six magasins et a l’intention d’en ouvrir quatre autres à Toronto d’ici la fin de l’année — dont un qui remplacera un ancien café Starbucks, fermé en raison de la pandémie.

Mimi Lam à l'intérieur de son magasin de cannabis

Le Téléjournal avec Céline Galipeau
Prolifération de magasins de cannabis en Ontario

Les affaires vont assez bien, sourit la PDG de Superette, Mimi Lam. L’entrepreneure admet que la fermeture de commerces de proximité sur des rues commerçantes a permis à beaucoup de magasins de cannabis de dénicher des locaux convoités.

Ça peut créer un choc pour les gens qui se promènent dans la rue, reconnaît aussi l’entrepreneure. À savoir s’il y a trop de magasins, le temps le dira. Elle ajoute que l’industrie légale du cannabis n’a que trois ans et que la loi du marché déterminera quels commerces survivront et lesquels devront fermer leurs portes, faute de clients.

Si l’Ontario a choisi la loi du marché, c’est le marché qui dictera ce qui constitue trop de magasins.
Une citation de :Mimi Lam, PDG de Superette

Une conseillère municipale presse le gouvernement d’agir
On n’a certainement pas besoin de trois ou quatre magasins de cannabis par bloc, tranche Kristyn Wong-Tam. La conseillère de Toronto Centre est convaincue que la demande pour des produits de cannabis ne justifie pas l’offre excessive.

On a besoin de voir des commerces dynamiques et diversifiés dans nos rues. Des fleuristes, des bouchers, des pâtisseries… Le genre de boutiques dont les résidents ont besoin, souligne-t-elle.

L’élue municipale croit que la province devrait geler l’octroi de permis pour limiter la prolifération de magasins de cannabis et favoriser le retour d'autres types de commerces, surtout après la pandémie.

Même dans la communauté de Doug Ford à Etobicoke, il y a des gens qui commencent à trouver que c’est un problème, ajoute Mme Wong-Tam, en rappelant que les prochaines élections provinciales auront lieu en juin.

De son côté, l’AGCO fait valoir que son processus d'octroi de permis est rigoureux. Par courriel, l’agence dit être axée sur la vente sécuritaire, responsable et légale du cannabis et souligne que la part du cannabis légal sur le marché ontarien a atteint un sommet de 44 % l’an dernier.

À lire aussi :
L'Ontario compte 10 fois plus de magasins de cannabis qu’il y a un an
Légalisation du cannabis : les distinctions entre l'Ontario et le Québec
https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1130125/pot-cannabis-differences-ot...
Prenez note que cet article publié en 2018 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.

Commentaires

Nous vivons dans un monde capitaliste.

Citation de l'autoproclamé dealmaker qui protège les industries mortelles dangereuses pour la santé physique, mentale, et économique, celles du tabac et de l'alcool incité à la consommation (légal aux 6-12 ans et moins).

Industries légales meurtrières qui par acceptabilité sociale culturelle (mais surtout manque de courage de la CAQ) ont tué plus de 51 000 Québécois prématurément depuis la prise de pouvoir de la CAQ il y a trois ans.

Plus de 51 000 morts évitables acceptables mais aucune condoléance de la CAQ, sincère ou non pour ces victimes?

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