Contre le trafic de cannabis, la France loupe encore le coche de la légalisation

Gérald Darmanin bomber le torse comme bien des premiers flics de France avant lui, en promettant que, désormais, les bandits qui vendent du poison à nos enfants n’allaient plus dormir que d’un œil. Un refrain tellement périmé.

Par Jonathan Bouchet-Petersen — 21 août 2020 à 17:15 (mis à jour le 22 août 2020 à 10:14)

Avec la création d'une amende forfaitaire pour les consommateurs de stupéfiants, le gouvernement revendique une réponse répressive plus rapide, loin du pragmatisme que le sujet exige.
Contre le trafic de cannabis, la France loupe encore le coche de la légalisationLe maire de Tourcoing se targue de connaître le terrain. Aujourd’hui ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin a enfilé le seul costume de cow-boy avec un zèle made in Sarkozy. Si le projet l’a précédé, c’est à lui qu’est revenu cette semaine de faire, lors d’un déplacement sur mesure, l’article de l’amende forfaitaire de 200 euros (1). A partir du 1er septembre, elle visera tout consommateur de stupéfiants. Le Premier ministre, Jean Castex, l’avait annoncé fin juillet, affirmant vouloir «lutter contre les points de vente qui gangrènent les quartiers» via une réponse répressive immédiate et donc systématisée, avec inscription directe au casier judiciaire quand une condamnation était nécessaure jusque-là. Manière, aussi, de désengorger les commissariats et surtout les tribunaux. Le tout, en faisant dans le même temps les gros yeux aux gros mais surtout aux petits trafiquants. (MAJ : une première version de cet article publié hier évoquait, à tort, «une forme de dépénalisation qui ne dit pas son nom», terme qui a fait hurler plusieurs juristes, à juste titre. Il s'agit plutôt d'une déjudiciarisation pour les consommateurs, ndlr.)

L’exécutif persiste surtout à l'instar de ses prédécesseurs de gauche et de droite dans une logique de «guerre contre la drogue» qui n’a porté ses fruits nulle part. Et dont beaucoup de pays dans le monde sont vertueusement revenus ces dernières années. Mais en France, alors que le locataire de l’Elysée ne semble pas pressé de s’intéresser à la question, on continue de passer à côté du sujet. Faut-il vraiment l’expliquer, dans le pays d’Europe comptant le plus grand nombre de consommateurs de cannabis alors que sa législation est depuis des années la plus répressive ? Dans un pays où, en région parisienne comme à Grenoble, à Marseille et dans bien d’autres spots du trafic, les Kalachnikov font chaque mois leurs lots de morts ?

Morale
Pour ce qui est du cannabis, la première substance consommée par des millions de Français, sous forme de résine ou d’herbe, et dont le business illicite est à l’origine de bien des nuisances, violences et meurtres, la légalisation apparaît comme la seule voie raisonnable. La réponse pragmatique à une question qui ne peut plus être cantonnée au seul registre de la morale avec le fameux «maintien de l’interdit», dans lequel on entend tous les échecs des politiques de prohibition dont la France ne sort toujours pas. Une légalisation encadrée par l’Etat viendrait répondre à une quadruple exigence : en matière de santé publique avec un meilleur contrôle des produits en circulation et la possibilité d’une prévention plus efficace ; en matière de sécurité avec un trafic qui n'aurait plus lieu d'être, même s'il pourrait se reporter en partie sur d’autres produits (qui intéressent moins de consommateurs) ; en matière de fiscalité alors que le Canada ou plusieurs Etats américains font les comptes de leurs rentrées en milliards de dollars ; en matière de ruralité avec le développement d’une filière de production hexagonale comme plusieurs départements, telle que la Creuse, se proposent de l’expérimenter.

S’il s’agit, vraiment, de couper l’herbe sous le pied des trafiquants tout en protégeant le mieux possible les consommateurs, ce qui ne semble pas un projet absurde, quelle autre option que la légalisation ? Même le maire Les Républicains de Reims, Arnaud Robinet, défend aujourd’hui cette stratégie. Beaucoup d’autres élus de terrain, médecins et responsables associatifs, publient régulièrement dans la presse des appels en ce sens. Mais cette semaine, on a entendu Gérald Darmanin bomber le torse comme bien des premiers flics de France avant lui, en promettant que, désormais, les bandits qui vendent du poison à nos enfants n’allaient plus dormir que d’un œil. Un refrain tellement périmé.

(1) L’amende, si elle est réglée sous quinze jours, est minorée à 150 euros. Au-delà de 45 jours, le contrevenant devra s’acquitter d’une majoration fixée à 450 euros.

Jonathan Bouchet-Petersen

Commentaires

Les "bandits", dealmakers, qui vendent du poison à nos enfants

Dans l'ordre des poisons, produits intoxicants, qui rendent malade et tuent chaque jours.

Pour le tabac et l'alcool ce sont 100 000 morts évitables annuellement en France !
Pour le cannabis seul sans mélange avec des drogues dure comme le tabac et l'alcool ! Zéro morts !

Les médicaments d’ordonnance et en vente libre sont les produits le plus souvent consommé accidentellement par de jeunes enfants. Ils représentent de 45 à 60% des 20 000 intoxications accidentelles annuelles.

Un bandit: homme malhonnête, sans scrupule.
Un dealmaker fabricant de tabac et d'alcool qui rendent malade et tuent, est un bandit honnête , sans $crupule$ !

Un cultivateur perso:
Bandit d'honneur, celui qui, pour des raisons d'honneur, s'est révolté contre la société et ses lois moraliste injustes !
Qui préfère ne pas enrichir les organisations criminelles ou non qui profitent des bienfaits de la prohibition qui rend le cannabis si payant qu'il se vend même dans les pays avec la peine de mort.

La majorité des Canadiens ont le droit à la culture légale personnelle et aux comestibles.
Sauf deux provinces dont la #1 pour le nombre de CoviDécès plus de 5 700, dont 95% d'Aînés en CHSLD.
Celle dont le gouvernement a laissé mourir plus de 30 000 personnes depuis leur élection, par choix,
et ça continu avec 35 morts évitables par jour, 245 semaine, 13 000 par année pour le tabac seulement.

13 000 morts évitables annuellement et il n'y a plus les campagnes publicitaires d'images de terreur ?

L'alcool avec ses 10 morts évitables par jour à droit à la publicité, les étiquettes attirantes,
l'image d'une bouteille, etc.

Simplement par acceptation culturelle de maladies et morts évitables !

Pas question d'être plus sévères pour ces produits mortels, protégés par "Votre gouvernement" !

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