La légalisation du cannabis fait craindre une augmentation de la violence en prison

Si on l'interdit en prison, alors que c'est permis dans la population, qu'est-ce qui va se passer? Il va se développer des activités criminogènes, alors que le gouvernement libéral veut légaliser le pot, parce qu'il y a des activités criminelles.

Publié le 3 août 2017
Les gardiens de prison ne voient pas d'un bon oeil la légalisation du cannabis. Selon leur syndicat, elle va stimuler la contrebande que les agents correctionnels, déjà débordés, peinent à freiner derrière les barreaux.

Un texte de Pascal Robidas

Les agents appréhendent une augmentation de la violence entre les murs des 18 centres correctionnels du Québec et craignent pour leur sécurité.

Ce que ça crée, la marijuana entre les murs, ce sont des conflits entre les groupes, c'est du trafic. Donc, au niveau santé et sécurité, ce que ça demande aux agents, c'est d'intervenir à l'intérieur des murs entre le crime organisé, les gangs de rue...

Mathieu Lavoie, président du Syndicat des agents de la paix en services correctionnels du Québec
Chaque jour, des drones livrent illégalement des paquets dans les prisons. En fait, tous les moyens sont bons pour y acheminer de la drogue, du tabac, des médicaments et des téléphones cellulaires, dont les prix de revente sont très élevés.

Actuellement, quand on parle de substance interdite, on peut parler de tabac qui se vend trois fois le prix [de] l'extérieur.

Mathieu Lavoie, président du Syndicat des agents de la paix en services correctionnels du Québec

À lire aussi :
Légalisation du cannabis : que fait-on ailleurs?
Légalisation du cannabis : Québec sera prêt, dit Leitao
6 questions sur la légalisation de la marijuana

L'opinion d'un ex-détenu

Daniel Benson a passé 17 ans derrière les barreaux pour le meurtre de son ex-beau-père, qui battait sa mère. Maintenant réhabilité, il a bien connu les affrontements qui sont dénoncés par les agents correctionnels.

Il est difficile pour lui d'évaluer si le cannabis sera plus abondant en prison, mais il est convaincu que les gardiens doivent avoir plus de ressources pour diminuer les conflits entre les détenus.

C'est sûr que la violence en prison, c'est souvent lié à des dettes, soit de drogues ou de jeu. C'est un milieu clos, où les gens vivent entassés les uns contre les autres.

Daniel Benson, ancien détenu, conférencier et travailleur social
S'attaquer à la racine du problème

La source du problème pourrait être la ligne dure imposée aux détenus. Le professeur en criminologie et en droits de l'homme Jean-Claude Bernheim rappelle que 80 % de la population carcérale au Québec purge des peines de moins de trois mois.

On instaure un contexte de pénurie par rapport à des produits légaux, aussitôt on se retrouve avec un contexte de trafic.

Jean-Claude Bernheim, enseignant en criminologie et en droits de la personne
Le sénateur conservateur Pierre-Hugues Boisvenu fait partie du comité juridique sur la légalisation du cannabis. Il croit qu'il faudrait accorder certains privilèges aux détenus, comme la permission de fumer du tabac et du cannabis.

La consommation du cannabis, qui va être éventuellement légale au Canada, faut pas l'oublier, comment on peut gérer ça à l'intérieur des murs pour les criminels, qui serait une forme de récompense lorsque le comportement est adéquat, un comportement responsable.

Pierre-Hugues Boisvenu, sénateur conservateur membre du comité juridique sur la légalisation du cannabis
La légalisation du cannabis en prison pourrait donc être envisagée, mais dans un cadre très restrictif.

Si on l'interdit en prison, alors que c'est permis dans la population, qu'est-ce qui va se passer? Il va se développer des activités criminogènes, alors que le gouvernement libéral veut légaliser le pot, parce qu'il y a des activités criminelles.

Pierre-Hugues Boisvenu, sénateur conservateur membre du comité juridique sur la légalisation du cannabis
D'ici à ce que toutes ces questions soient réglées, les agents en service correctionnel réclament plus de ressources en prévision de la légalisation du cannabis, prévue le 1er juillet 2018.

Commentaires

L'interdiction du tabac et augmentation de la violence ?

Est-ce que les prophéties de lendemains apocalyptiques sont devenus une réalité en 2020 ?

Comme toujours l'interdiction la prohibition, peu importe le produit même légal, sont une bénédiction pour les "dealmakers" du marché au noir, et des policiers et policières corrompus protégés par l'omerta !

«L'interdiction de fumer dans les pénitenciers, entrée en vigueur il y a cinq ans, a causé un véritable marché noir du tabac, tellement qu'il supplante maintenant le trafic de stupéfiants dans les prisons fédérales. Cette nouvelle contrebande - très payante pour ses auteurs - serait majoritairement contrôlée par des groupes organisés, selon les agents correctionnels, qui qualifient la situation de préoccupante.»

Je dirais: situation embarrassante pour un milieu fermé, protégé, sécurisé, par des agents correctionnels !

«À l'intérieur des murs, une maigre cigarette roulée à la main se vend au moins 10$; un paquet, plus de 150$; une blague de tabac, au moins 500$. Et ces chiffres seraient conservateurs. C'est la rareté qui dicte le prix: plus le tabac est rare, plus il se vend cher. En général, les prix sont plus élevés dans les pénitenciers à sécurité moyenne ou maximum que dans ceux à sécurité minimum, où le tabac est plus présent.»

«Les prix sont excessifs et les détenus fumeurs moins riches s'endettent. Ils sont incapables de rembourser. Ils se font battre ou menacer.»

Des détenus endettés vont devoir, sous menaces, servir de mules en introduisant des produits illicites, drogues, cellulaires, dans leur corps d'abord et dans la prison ensuite.
Le détenu menacé, devra même impliquer sa famille dans l'importation de produits illicites pour payer sa dette.

Il y a du fentanyl et autres opioïdes dans les prisons !
Pourtant il n'y a pas de cannabis ni tabac avec du fentanyl en prison. Pourquoi ?
Si c'est bon pour le bizness à l'extérieur de le mélanger pour augmenter le nombre de clients consommateurs pourquoi ce serait différent en prison ?

Le fentanyl et autres médocs d'ordonnance se dissimulent plus facilement et sont plus discrets coté consommation, et l'arôme , que le cannabis et le tabac.

Pages

Ajouter un commentaire

Plain text

  • Aucune balise HTML autorisée.
  • Les adresses de pages web et de courriels sont transformées en liens automatiquement.
  • Les lignes et les paragraphes vont à la ligne automatiquement.