Alcool et cannabis : pourquoi le cerveau des ados est en danger

Alcool et cannabis : pourquoi le cerveau des ados est en danger

Deux études indépendantes ont mis en évidence les mécanismes d’action de l’alcool et du THC dans le cerveau des adolescents, qui expliquent le risque élevé de troubles mentaux associés.

Bénédicte Salthun-Lassalle| 04 mars 2019

Boire (trop) d’alcool et fumer (trop) de cannabis n’est jamais bon, surtout chez les adolescents. En effet, ces différentes substances augmentent le risque pour les jeunes de souffrir à l’âge adulte de troubles mentaux, comme la schizophrénie, des problèmes de mémoire ou des addictions. Mais pour quelles raisons ? Deux équipes de chercheurs viennent de trouver les mécanismes en jeu dans le cerveau encore immature des adolescents.

La première équipe, de Subhash Pandey de l’université de l’Illinois à Chicago, s’est intéressée à la beuverie (binge drinking), – définie comme le fait de boire plus de 4 verres pour une femme ou 5 pour un homme, en 2 heures environ, au moins 5 fois par mois. Car les personnes qui commencent à boire durant leur adolescence ont notamment 4 fois plus de risques de devenir alcooliques. On sait déjà que l’adolescence est une période critique pour le cerveau, encore en plein développement et siège d’une intense plasticité cérébrale : des neurones et des connexions apparaissent et disparaissent en permanence. Or boire de l’alcool à cette période augmenterait l’activité de l’amygdale, une zone cérébrale impliquée dans la régulation des émotions et la prise de décision. Les chercheurs ont donc analysé l’amygdale cérébrale post-mortem de 11 personnes ayant bu durant leur adolescence et de 11 adultes qui avaient commencé à boire après leurs 21 ans, et l’ont comparée à celles de 22 sujets ne s’étant jamais adonné à la beuverie. Ils ont notamment mesuré la concentration de BDNF, un facteur dit neurotrophique impliqué dans la survie et la différenciation des neurones, donc dans la plasticité cérébrale, et qui joue un rôle dans les apprentissages et la mémoire.

A lire aussi : Comment le cannabis perturbe la mémoire
Résultat : l’expression de BDNF est 30 à 40 % plus faible dans l’amygdale des buveurs précoces comparée à celle des abstinents ou des buveurs tardifs. Pour quelle raison ? Les chercheurs ont trouvé des concentrations 30 % plus élevées de BDNF-AS dans le cerveau des jeunes s’adonnant à des beuveries. Cette molécule est un ARN messager dit non codant qui régule l’expression du gène du BDNF. Or chez les jeunes buveurs, il est surexprimé car il est modifié « épigénétiquement » à cause de la consommation d’alcool : la suppression d’un groupe méthyle sur son gène augmente sa production et diminue donc celle de BDNF. Ainsi, l’amygdale des jeunes buveurs présente moins de connexions neuronales, d’où de probables altérations cognitives et des risques plus élevés de troubles mentaux.

Avec le cannabis, la seconde équipe, celle de Mikhail Pletnikov, de l’université Johns Hopkins à Baltimore, a mené une étude chez des souris dont on avait modifié le gène DISC1 pour qu’elles aient un risque élevé de développer un trouble schizophrénique. Ce gène de susceptibilité est aussi à l’origine de la schizophrénie, du trouble bipolaire et de la dépression chez l’homme, mais tous les porteurs de cette mutation ne tombent pas forcément malades… Alors les chercheurs ont tenté de comprendre les facteurs de risque susceptibles de déclencher ces troubles mentaux. Ils ont exposé des souris « ados » à 8 milligrammes par kilogramme de delta-9-tétrahydrocannabinol (THC), l’un des principes actifs du cannabis, et ils ont montré qu’elles développaient ensuite à l’âge adulte des déficits comportementaux et cognitifs, dont une mémoire déficiente. Pour quelle raison ? Parce que le THC provoque une inflammation des astrocytes, des cellules cérébrales non neuronales, dans l’hippocampe, la région impliquée dans la mémoire, ce qui inhibe ensuite la communication entre neurones et provoque des dégâts cérébraux. D’ailleurs, l’injection d’un anti-inflammatoire bloque cet effet du cannabis. Voilà pourquoi ce dernier augmente le risque de maladies mentales chez les ados prédisposés, c’est-à-dire portant des gènes plus susceptibles d’être associés à ces troubles.

On ne le répètera donc jamais assez : le cerveau des adolescents en développement est plus fragile que celui des adultes, et des molécules, comme l’alcool ou le THC, qui perturbent les échanges entre neurones, ont parfois des conséquences graves à l’âge adulte.

Commentaires

Des résultats pour des souris injectés au THC...

Ils ont exposé des souris « ados » à 8 milligrammes par kilogramme de delta-9-tétrahydrocannabinol (THC), l’un des principes actifs du cannabis.

Ils ont injecté des souris au THC.
Quel était le taux de THC des 8 milligrammes par kilogramme ?

Autre étude sur des animaux:

Le thalidomide est un médicament utilisé durant les années 1950 et 1960 comme sédatif et anti-nauséeux, notamment chez les femmes enceintes. Or on découvrit qu'il provoquait de graves malformations congénitales. D'abord occultés ou niés par le fabricant Grünenthal GmbH (de), ces effets tératogènes furent au cœur d'un scandale sanitaire qui aboutit au retrait du médicament du marché mondial à partir de 1961.

Les tests de toxicité chronique sur l'animal (plusieurs lignées de lapins, souris, rates, hamsters et poules) ainsi que les essais cliniques chez l'homme, effectués en 1956, n'avaient démontré aucune toxicité particulière.

Les performances du produit furent comparées avec celles des barbituriques, qui connaissaient à l'époque un très grand développement : alors qu'un surdosage - volontaire ou non - des barbituriques peut avoir des conséquences fatales, les chercheurs de Grünenthal affirmèrent que le thalidomide, même à très hautes doses, n'avait pas d'autre effet que le sommeil ; en outre, aucun effet secondaire ne lui fut alors trouvé.

Le thalidomide se retrouvait dans le sang et le lait maternel !

https://www.protegez-vous.ca/Sante-et-alimentation/comprendre-etude-scie...

Question à se poser pour évaluer la pertinence d’une étude scientifique

La recherche a-t-elle été menée sur des êtres humains?

S’il est question des effets positifs ou négatifs d’un aliment ou d’un médicament sur la santé humaine, il devrait être spécifié que la recherche a été menée sur des humains.

En effet, les résultats de tests faits sur des animaux ne peuvent pas systématiquement s’appliquer à l’humain en raison des différences physiologiques (réactions aux produits chimiques, susceptibilité aux virus, etc.).

De plus, les doses administrées aux animaux peuvent être différentes de celles que l’on donnerait à des humains.

Autrement dit, les résultats de recherche obtenus pour une souris… valent pour une souris!

L’âge des participants aux études doit aussi être pris en compte, car les effets d’un médicament ou d’un aliment sur l’organisme peuvent différer selon qu’on est jeune ou plus âgé, souligne Dany Plouffe.

Quant aux études faites sur des cellules, elles constituent le point de départ du processus de recherche et les résultats obtenus pourraient ne jamais s’appliquer à l’humain.

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