Cannabis: pro-18 contre pro-21
Cannabis: pro-18 contre pro-21
Brigitte Breton
Le Soleil
12 février 2019 Mis à jour à 5h55
Partager
Cannabis: pro-18 contre pro-21
CHRONIQUE / Les pro-18 contre les pro-21.
C’est ainsi que se présente la commission parlementaire qui étudie à partir d’aujourd’hui le projet de loi 2 du ministre Lionel Carmant resserrant l’encadrement du cannabis. Un combat à coup d’arguments parfois scientifiques, parfois fondés sur la peur, où les jeunes de moins de 21 ans risquent d’être les grands perdants.
Des décennies de prohibition et de répression ont été un échec. Qu’importe pour les caquistes.
Le gouvernement Legault et son ministre délégué à la Santé et aux Services sociaux, Lionel Carmant, persistent à croire que de maintenir la ligne dure pour les 18 à 21 ans vaut mieux que de miser sur les avantages que peuvent apporter la légalisation du cannabis et une prévention accrue.
Selon eux, fixer à 21 ans (et non à 18 ans comme dans d’autres provinces) l’âge minimal requis pour posséder, acheter ou donner du cannabis, et ouvrir des succursales de la Société québécoise du cannabis (SQDC) bien loin des cégeps et des universités, vont mieux protéger les jeunes, décourager les ados de toucher «la» substance nocive pour leur cerveau et faire fléchir la consommation de cannabis chez les moins de 21 ans.
Sur quoi se basent-ils pour légiférer ainsi et pour prédire que la santé des jeunes et la santé publique seront mieux préservées?
Ce n’est pas parce que le ministre Carmant est neuropédiatre qu’il possède la science infuse. Retenons toujours qu’il coiffe depuis le 1er octobre le chapeau de politicien et que son parti a promis de rehausser l’âge légal même si de nombreuses voix expriment les limites d’une telle disposition.
Vendredi dernier, une vingtaine de pédiatres spécialisés en médecine de l’adolescence ont d’ailleurs publié une lettre dans La Presse dans laquelle ils expliquent pourquoi le message du ministre Carmant est incohérent et pourquoi le gouvernement n’atteindra pas les objectifs qu’il vise.
«[...] il n’existe aucune preuve dans la littérature démontrant que le fait de repousser l’âge légal d’accès au cannabis de 18 à 21 ans décourage l’initiation et réduit l’utilisation de cette substance chez les jeunes».
Ils notent de plus que la hausse de l’âge légal ne fait pas partie des mesures proposées par la Société canadienne de pédiatrie pour protéger la santé des jeunes.
Ces spécialistes rappellent également que «le cannabis n’a pas été légalisé parce que c’est une substance banale, mais bien parce que son contrôle devient possible de cette manière-là est le message qu’il faut lancer».
Or, la position de Québec forcera les jeunes à s’approvisionner encore sur le marché clandestin et à prendre des risques sur la qualité du produit acheté. Le côté «interdit» et défi de l’autorité continuera d’attirer les jeunes. Bien difficile aussi pour eux de poser des questions ou de parler ouvertement de dépendance avec des professionnels ou des proches si le cannabis leur est défendu jusqu’à 21 ans.
L’alcool et le tabac ne sont pas banals non plus. Ils peuvent être fort néfastes pour la santé, mais le gouvernement Legault n’envisage pas pour autant de les interdire aux moins de 21 ans.
Difficile de suivre la logique caquiste.
La semaine dernière, le député de Québec solidaire, Alexandre Leduc, en a fourni un autre bel exemple en dévoilant que les employés de la SQDC âgés entre 18 et 21 ans perdraient leur emploi lorsque le projet de loi sera adopté.
Les caquistes sont prêts à faire de la discrimination fondée sur l’âge, à exclure les moins de 21 ans de certains commerces et à les accueillir dans d’autres. Ainsi les personnes âgées entre 18 et 21 ans peuvent travailler dans une succursale de la Société des alcools ou dans des bars, des jeunes de 16 ans peuvent vendre de la bière et du vin dans un dépanneur, mais il deviendrait extrêmement dangereux pour des moins de 21 ans d’être embauchés dans une SQDC.
Bien sûr, il ne faut pas banaliser la consommation de cannabis. Les pro-18 et les pro-21 s’entendent là-dessus.
À trop vouloir en faire, à exagérer les dangers, M. Carmant et son gouvernement risquent davantage de nuire que d’aider les jeunes et le reste de la société.
Du cannabis à 21 ans, malgré l’avis des scientifiques
SI leurs experts recommandent 25-30 ans pourquoi choisir 21 ans ?
25-30, 21 ou 18 c'est aléatoire !
Pourquoi à 25-30, 21 et 18 ans moins un jour ce serait mal m'voyez
et goude à la date précise ?
https://www.ledevoir.com/societe/542219/du-cannabis-a-21-ans-contre-l-av...
Du cannabis à 21 ans, malgré l’avis des scientifiques
Fabien Deglise
26 novembre 2018
Société
À quelques jours de la rentrée parlementaire, le gouvernement de François Legault se prépare à aller à l’encontre des avis de ses propres scientifiques, qu’il vient pourtant de consulter, en haussant à 21 ans l’âge légal pour la consommation du cannabis au Québec, a appris Le Devoir. Ces avis, établis dans les dernières années, réitéraient pourtant en choeur l’importance d’harmoniser cet âge légal sur celui de la consommation d’alcool, soit 18 ans, autant par cohérence sociale, que pour couper l’herbe sous le pied du crime organisé.
Selon nos informations, au début du mois d’octobre, le nouveau gouvernement caquiste a réclamé des « informations additionnelles » aux fonctionnaires du ministère de la Santé, mais aussi à l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ) dans l’espoir d’y trouver matière à justification d’une hausse de trois ans de l’âge pour consommer légalement du cannabis au Québec. Or, les deux organismes ont fait remonter au cabinet les textes de recommandations déjà établies par le passé et qui ont guidé l’écriture de l’actuelle loi provinciale. Cette loi a fait passer cette substance dans la légalité, le 17 octobre dernier, pour les adultes de 18 ans et plus.
« Il aurait été étonnant que les fonctionnaires soumettent des recommandations différentes de celles qu’ils ont faites il y a six mois à peine », résume une source proche du dossier.
En 2017, le Forum d’experts sur l’encadrement du cannabis au Québec, piloté par le ministère de la Santé, a jugé « important », pour « déstigmatiser » l’usage du cannabis, d’offrir un accès légal à 18 ans, « en concordance au Québec avec l’âge légal pour l’alcool et le tabac. Cet âge correspond à celui où la société reconnaît la personne comme adulte apte à prendre des décisions éclairées », peut-on lire dans les actes de cette rencontre de spécialistes en santé et en toxicomanie venus conseiller le gouvernement sur la marche à suivre en matière de légalisation. « Le nouveau marché légal devrait donc donner accès aux jeunes de 18 ans et plus, même en sachant que le cerveau continue à se développer après leur majorité », ont-ils expliqué.
Phase de développement
L’argument du « cerveau en développement » est mis en avant par l’Association des médecins psychiatres du Québec, mais aussi par la Fédération des médecins spécialistes et plusieurs autres autres corps médicaux pour réclamer un âge légal à 21 ans, et ce, afin de réduire les risques de crises psychotiques que le cannabis peut induire chez les jeunes consommateurs et contenir un éventuel problème de santé publique, selon eux.
L’INSPQ établit également que la bienfaisance en matière de légalisation commanderait un âge légal au-delà de 21 ans, soit « l’âge où le cerveau ne se trouve plus en phase de croissance », indique l’organisme, qui préfère toutefois rester pragmatique en estimant que cette hausse de l’âge ne va toutefois pas retarder l’âge d’entrée d’une personne sur le marché de la consommation du cannabis. « S’il est possible pour les jeunes de se procurer du cannabis illégalement en ce moment, il leur sera vraisemblablement toujours possible de le faire si l’âge légal auquel ils le peuvent est trop élevé », expose l’INSPQ dans son analyse, publiée en 2017, des enjeux éthiques découlant de la légalisation du cannabis. « Ainsi, l’une des justifications principales de la légalisation — la réduction de l’emprise du marché noir dans ce domaine — perdra de sa force. »
Rappelons qu’en 2016, 15,6 % des jeunes du secondaire disaient consommer du cannabis. La proportion de Québécois âgés de 15 à 17 ans qui ont consommé du cannabis au moins une fois dans la dernière année est de 31 % et celle des 18 à 24 ans, de 41,7 %, contre 14 % pour la moyenne nationale.
Au lendemain des élections, le gouvernement de François Legault s’est engagé à réécrire la loi encadrant la légalisation du cannabis du Québec d’ici la fin de l’année. Le ministre délégué à la Santé et aux Services sociaux, Lionel Carmant, pilote cette réforme qui vise à augmenter l’âge légal à 21 ans, mais aussi à étendre les lieux publics où la consommation de cette substance serait interdite. Actuellement, l’âge légal varie de 18 à 19 ans sur l’ensemble du territoire pour le cannabis. En le plaçant à 21 ans, le Québec deviendrait la province la plus restrictive en la matière.
30 COMMENTAIRES
Pages
Ajouter un commentaire