Hausser l’âge légal de consommation et d’achat du cannabis à 21 ans protègera-t-il le cerveau des jeunes?

Hausser l’âge légal de consommation et d’achat du cannabis à 21 ans protègera-t-il le cerveau des jeunes?

Émilie Dansereau-Trahan, Line Beauchesne, Serge Brochu, Jean-Sébastien Fallu, Roxanne Houde, Monique Lalonde, David-Martin Milot, Robert Perreault, Bastien Quirion, Isabelle Samson

Jeudi, 29 novembre 2018 05:00 MISE à JOUR Jeudi, 29 novembre 2018 05:00
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Le gouvernement s’apprête à déposer un projet de loi qui augmenterait l’âge légal d’achat et de possession du cannabis à 21 ans et qui interdirait sa consommation dans tous les lieux publics.

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Est-ce la meilleure façon de protéger le cerveau des jeunes et d’empêcher la banalisation? En y regardant de plus près, on constate que cette décision repose sur trois mythes tenaces qui ne correspondent pas aux connaissances actuelles.

VRAI ou FAUX?

1. Rendre le cannabis légal à 21 ans permettra de protéger les jeunes de 18 à 21 ans.

Faux. Ces jeunes continueront de consommer et seront privés d’accès aux produits contrôlés (exempts d’engrais toxiques), à des produits à faible teneur en THC, à des produits contenant du CBD (possiblement protecteur), aux activités de prévention et aux conseils de consommation à moindre risque dispensés, entre autres, par les employés formés de la SQDC.

Selon les plus récentes données, environ 42% des jeunes âgés de 18 à 25 ans ont consommé du cannabis au cours de l’année précédente. De ce chiffre, ce seront plus de 100 000 jeunes québécois qui ne seront plus protégés par la légalisation. C’est le marché illégal qui sera protégé et qui conservera cette clientèle.
2. Interdire de fumer du cannabis dans tous les lieux publics est la meilleure façon de protéger la population contre la fumée secondaire.

Faux. La fumée secondaire dans un espace bien aéré comme les trottoirs ou les espaces verts ne présente pas de risque pour les autres, ni pour la santé pulmonaire, ni pour ce qui est d’une possible intoxication. Cependant, dans un espace clos, il est vrai que la fumée secondaire présente un risque pour la santé comme toute forme de fumée produite par combustion.

3. Fumer du cannabis augmente les risques de psychoses de 40%.

Vrai, mais il faut tenir compte du risque de départ. C’est comme pour la loterie. Si vous achetez 10 billets, vous avez 10 fois plus de chance de gagner. Mais comme au départ vous n’avez qu’environ une chance sur 14 millions de gagner, votre probabilité de remporter le gros lot reste infime. Évidemment la psychose est une conséquence grave, mais le risque de départ demeure somme toute faible. D’une prévalence rapportée de 1 à 3%, on passe à 1,4 à 4,2% chez ceux qui ont un profil qui les rend vulnérables.

Finalement, rappelons qu’au Québec l’âge de la majorité est de 18 ans. À partir de 18 ans, on considère que les jeunes adultes sont en mesure de prendre des décisions éclairées concernant différents comportements comportant un certain niveau de risque: consommer de l’alcool, du tabac, avoir une arme à feu, se marier, etc. Comment expliquer toutefois qu’ils n’auront pas la maturité nécessaire pour choisir ou non de consommer du cannabis?

Emilie Dansereau-Trahan, porte-parole de l’Association pour la santé publique du Québec

Line Beauchesne, Professeure titulaire au département de criminologie de l’Université d’Ottawa

Serge Brochu, Professeur émérite, École de criminologie, Université de Montréal

Jean-Sébastien Fallu, Professeur agrégé, École de psychoéducation, Université de Montréal

Roxanne Houde, Médecin résidente en santé publique et médecine préventive et coprésidente de Jeunes médecins pour la santé publique (JMPSP)

Monique Lalonde, Agente de planification, de programmation et de recherche en santé publique

David-Martin Milot, Médecin spécialiste en santé publique et médecine préventive à la Direction de santé publique de la Montérégie et professeur-chercheur à l’Université de Sherbrooke

Robert Perreault, Psychiatre et expert en médecine préventive

Bastien Quirion, Professeur agrégé, Département de criminologie, Université d’Ottawa

Isabelle Samson, médecin spécialiste, Présidente de l’Association des spécialistes en médecine préventive du Québec (ASMPQ

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