Afghanistan : mélange trouble de guerre au terrorisme et à la drogue
Les talibans et les trafiquants de drogue financeraient la rébellion afghane (7 janvier 2007)
Bill Graveland, La Presse Canadienne
KANDAHAR, Afghanistan - Un mélange "horrible, démoniaque" de fanatiques talibans, de trafiquants de drogue, de trafiquants du marché noir et de bureaucrates corrompus financent l'insurrection que les soldats canadiens combattent dans les districts de Panjwaii et de Zhari, dans le sud de l'Afghanistan, a déclaré samedi un haut-gradé de l'armée canadienne.
"Je les appelle les prédateurs", a expliqué à la Presse Canadienne le colonel Fred Lewis, le commandant adjoint de la force opérationnelle canadienne dans le sud du pays, dans le cadre d'une entrevue pendant laquelle il a discuté des efforts en cours pour déloger les rebelles de la région de la vallée de la rivière Arghandab.
En dépit de plusieurs années de sécheresse, la région est une des plus fertiles d'Afghanistan. On y retrouve plusieurs cultures de raisins, mais aussi des champs gigantesques de marijuana et de pavot qui constituent maintenant une sources importante de revenus pour les fermiers.
L'opération Baaz Tsuka menée par les soldats canadiens se poursuit dans cet ancien château-fort taliban, mais l'argent semble ne jamais manquer quand vient le temps d'enrôler de nouveaux combattants ou d'entraîner des kamikazes importés du Pakistan voisin.
"Je pense que de plus en plus de gens sont convaincus qu'il y a un lien étroit (entre les talibans et les trafiquants de drogue), ce qui est très ironique parce qu'en 1996, quand les talibans ont pris le pouvoir, ils ont combattu le trafic de drogues, a déclaré le colonel Lewis. Pourquoi les talibans défendraient-ils aussi vaillamment la vallée de l'Arghandab? Simplement parce qu'on y retrouve de l'eau et que c'est vert."
Le colonel Lewis estime que le tiers de la marijuana et du pavot cultivé dans la région l'est pour le compte des trafiquants de drogues.
"Si tu es un trafiquant et que tu gagnes des millions de dollars, ça vaut le coût de payer un type 200 $ pour se battre et empêcher la coalition d'entrer dans la région, a-t-il poursuivi. Je trouve ça logique de conclure qu'il y a un lien entre les talibans et les trafiquants, même si ce n'est pas tiré de rapports confidentiels ou de trucs du genre."
L'opération Baaz Tsuka, qui vise à permettre aux Afghans de se défendre eux-mêmes, est la seule qui garantira des jours meilleurs à l'Afghanistan, estime le colonel Lewis, tout en reconnaissant que la menace talibane ne s'évaporera pas.
"Ils (les talibans) vont continuer à exister pendant des dizaines d'années, mais il (le peuple afghan) finira par pouvoir gérer la situation", a-t-il dit.
Les Canadiens doivent savoir qu'il est possible de gagner la guerre contre les talibans et leurs alliés, qu'il s'agit d'une "cause noble" et qu'il serait mal de laisser le peuple afghan à leur merci, a conclu le colonel Lewis.
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