Canna-Business:En signant un partenariat avec une start-up du secteur en plein développement de la vente de cannabis légale, Microsoft réalise un joli coup marketing.

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Business
Fenêtre logicielle en vue sur le cannabis
Par Christophe Alix — 17 juin 2016 à 14:43

En signant un partenariat avec une start-up du secteur en plein développement de la vente de cannabis légale, Microsoft réalise un joli coup marketing. L’éditeur de logiciels a son siège dans l’un des trois Etats américains ayant légalisé l'usage récréatif de l’herbe.
Weed-Tech
Pour la première fois, une multinationale américaine tout ce qu’il y a de plus mainstream va investir dans le secteur en pleine croissance de la vente, légale, du cannabis outre-Atlantique. Numéro 1 mondial des éditeurs de logiciels, Microsoft vient d’annoncer la signature d’un partenariat avec la start-up Kind Financial à qui elle va fournir des outils afin de suivre précisément le cycle de production du cannabis, de la plantation des graines à sa vente. Destinés aux Etats qui ont légalisé l’usage thérapeutique (25 au total) mais aussi récréatif de la marijuana (le Colorado, l’Oregon et l’Etat du Washington, en en attendant sans doute d’autres), ces instruments de traçabilité doivent permettre aux autorités de s’assurer que la production d’herbe est bien distribuée sur le marché légal et n’est pas détournée pour être écoulée sur le marché noir. Un enjeu économique de la plus haute importance, puisque cette légalisation rapporte de très confortables fiscales aux Etats qui l’ont mise en place. Soit 50 millions de dollars (environ 44 millions d’euros) dans le Colorado en 2015, qui taxe la marijuana à 30 % et dont les recettes fiscales ont largement dépassé les estimations de son administration l’an dernier.

Pour Microsoft qui vient de racheter le réseau social professionnel LinkedIn pour la bagatelle de 26,2 milliards de dollars, il s’agit d’un coup marketing assumé mais aussi de nouvelles opportunités à saisir dans un secteur appelé à croître. Cinq nouveaux Etats – dont la Californie, le premier d’entre eux – s’apprêtent à consulter leurs habitants via des référendums sur la légalisation de l’usage de la marijuana en toutes circonstances. «Nous pensons que la croissance sur ce marché va être très significative, explique Kimberly Nelson, en charge du marché des collectivités locales et territoriales chez Microsoft. Maintenant que cette activité est légale et régulée et que cela fonctionne, le nombre de transactions va logiquement grossir et les acteurs publics vont avoir besoin d’outils plus sophistiqués pour suivre le mouvement.» Elle ne le dirait pas de manière différente s’il s’agissait des appels d’offres publics pour la construction de parcs d’éoliennes, signe de la professionnalisation très rapide de l’économie de la marijuana dans les Etats où elle est légalisée.

Colonne vertébrale du suivi du cannabis

La plateforme de Kind, une des nombreuses start-up à s’être lancées dans le secteur en plein essor de la «weed-tech», est déjà utilisée par des autorités locales et agences de régulation pour réglementer et surveiller la conformité des ventes de cannabis. «Personne ne peut prédire ce que sera l’avenir de la légalisation du cannabis, cependant il est clair que le cannabis légal sera toujours sujet à une surveillance stricte et à des réglementations similaires à celles du tabac ou de l’alcool», explique le directeur exécutif de Kind Financial, David Dinenberg. «Kind est fier d’offrir aux gouvernements et aux agences de régulation les outils et la technologie pour surveiller la conformité du cannabis, ajoute-t-il, et [il est] ravi que Microsoft soutienne la mission de Kind pour construire la colonne vertébrale du suivi du cannabis.» Parmi les différents services déjà proposés par Kind Financial dans le weed business figurent des distributeurs en libre-service de marijuana installés à l’intérieur de boutiques et pour lesquels il est possible de payer par carte bancaire.

Pour Microsoft qui n’interviendra pas sur les aspects logistiques de cette distribution, cette nouvelle activité va venir compléter et enrichir son offre de cloud computing – services logiciels et stockage à distance – Microsoft Azure Government. Il s’agit d’un catalogue de solutions dédiées aux administrations et dont le gouvernement fédéral américain est client depuis la fin 2013. Concrètement, le logiciel de Kind conçu pour la tracer les stocks de cannabis va être intégré dans le catalogue des solutions de Cloud distribuées par Microsoft. «Aucun acteur de cette dimension n’avait investi à ce jour le marché du cannabis légalisé, explique Matthew A. Karnes, fondateur de GreenWave Advisors, un cabinet de conseil et d’études qui collecte et analyse les données du marché de la marijuana. C’est le signe que malgré la persistance d’un risque légal d’interdiction au niveau fédéral, cette activité est désormais en voie de banalisation avec des perspectives très prometteuses.» Microsoft n’est pas le seul géant de la «tech» à s’intéresser à la marijuana. L’éditeur de logiciels californien Oracle a également commencé à investir ce marché mais dans une moindre mesure, proposant ses solutions logicielles à des dispensaires de l’Etat de New York distribuant de l’herbe mais uniquement pour un usage thérapeutique.

25 milliards de dollars en 2020

Dans une interview datant de 2014, l’ancien président de Microsoft Bill Gates, né à Seattle, avait déclaré qu’il avait voté oui à la légalisation de la marijuana dans l’Etat du Washington. «C’est une expérience, et c’est probablement bien d’avoir deux Etats qui servent de tests avant que l’on en fasse une politique à l’échelle nationale», avait-il alors fait valoir. Selon les prévisions de GreenWave Advisors, le marché de la marijuana légalisé pourrait générer un chiffre d’affaires de 6,5 milliards de dollars en 2016 contre 4,8 milliards l’an dernier. Et ce chiffre pourrait grimper à 25 milliards en 2020 si la Californie légalise la marijuana dès cette année, ce qui apparaît hautement probable.

Christophe Alix

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