L’usage de drogue ne représente alors plus seulement un risque...mais un danger nourrit par la politique répressive

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Délinquance des toxicomanes en France : la faute aux politiques ?
17 décembre 2013 | Par Damien Farge

La consommation de drogues, et donc de produits illicites, est souvent liée à l’entrée dans le monde de la délinquance. État de manque, besoin d’argent, propriétés psychopharmacologiques… Les effets directs de l’usage de drogue amènent les toxicomanes vers des terrains propices à la délinquance, mais ce ne sont pas les seuls. La politique répressive de la France en matière de drogues y est également pour beaucoup. En préférant punir les personnes dépendantes plutôt que de les soigner, l’État participe à ce cercle vicieux dont les premières victimes sont finalement les toxicomanes eux-mêmes.

La drogue, une porte d’entrée dans la délinquance

S’il est délicat de lier usage de drogue et délinquance, les raccourcis erronés étant souvent de mise, des rapports de cause à effet entre l’usage de drogue et la délinquance peuvent néanmoins être établis. Le Sénat le rappelait en 2003 : « si les usagers de drogues dites dures ne constituent donc pas l’essentiel des délinquants, leur prévalence est néanmoins nettement supérieure ».

Prendre de la drogue, c’est consommer un produit illicite souvent difficile à se procurer. Rechercher ce produit interdit par la loi amène logiquement les toxicomanes à fréquenter des milieux marginaux où la loi ne prévaut pas. C’est sur ce cheminement de pensée que se basent la plupart des hypothèses tentant de lier la consommation de drogue à l’entrée dans la délinquance.

Par son aspect addictif, la drogue peut mener à des comportements illégaux. Un toxicomane, sous l’effet de son addiction, ressentira le besoin impulsif de s’acheter sa dose et, pour cela, sera prêt à commettre des vols, se prostituer ou se lancer dans le trafic de drogues pour financer sa propre consommation. Il ne faut pas non plus oublier les propriétés psychopharmacologiques des drogues qui agissent sur le cerveau et peuvent amener à une désinhibition, facteur clé dans de nombreux actes criminels.

Une conséquence de la politique répressive française

Tous les toxicomanes ne sont pas des délinquants et tous les délinquants ne sont pas des toxicomanes, certes. Reste que la consommation de drogue enferme les personnes dépendantes dans des circuits marginalisés de la société où la délinquance est une règle. L’usage de drogue ne représente alors plus seulement un risque de santé publique, mais un risque social. Un danger nourrit par la politique répressive opérée par les gouvernements depuis 1970, date de la dernière législation française complète en matière de drogues.

Aujourd’hui, la réponse la plus courante à la toxicomanie en France est la prison. Un toxicomane doit être puni et non guéri, telle est la base de la politique répressive française en matière de drogues. Traiter la conséquence plutôt que la cause. Un discours malheureusement complètement inadapté à la véritable situation des toxicomanes en France, et ailleurs dans le monde. S’il est aujourd’hui admis que, chez certains toxicomanes, l’usage de drogue est la source d’actes de délinquance, soigner ces derniers de leurs addictions pourrait prévenir les risques d’une rechute dans la délinquance.

D’autant qu’en prison, toutes sortes de drogues, beaucoup plus dangereuses que celles vendues dans la rue, car fabriquées et importées de manière précaire, passent de cellules en cellules. Les toxicomanes sortent de prison plus dépendants encore à de nombreuses drogues et donc plus susceptibles de commettre d’autres actes illégaux.

Ils sont aujourd’hui enfermés dans un cercle vicieux de drogues que l’État alimente avec sa politique répressive datant de 1970. En plus de 40 ans, aucune avancée en la matière n’a été remarquée. Comme si proposer d’organiser un parcours de soin adapté pour traiter les dépendances des toxicomanes et les sortir du cercle infernal de la drogue et de la délinquance n’avait effleuré l’esprit de personne. Les gouvernements se sont succédés et ont tous opté pour la facilité. Enfermer des personnes dépendantes à la drogue dans des prisons/supermarchés de la drogue, pour ensuite les livrer à elles-mêmes dans la rue, hantées par leurs addictions, plutôt que de les soigner. Un véritable non-sens.

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