A la télé, c’est la fête au cannabis. Une répression stérile. Un seul expert scientifique assez contestable

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A la télé, c’est la fête au cannabis

Laurent Appel

Journaliste (ASUD)

Publié le 17/09/2013 à 10h38

Ces derniers jours, c’est la fête au cannabis dans les grandes émissions d’information de la télévision française. Trois longs reportages (dont Zone interdite et Enquête exclusive dimanche, sur M6) pour dénoncer les ravages de la consommation massive et pluriquotidienne des adolescents d’un cannabis soi-disant surpuissant, cultivé par les usagers eux même pour leur consommation ou un cercle restreint de proches mais aussi en quantité industrielle par des organisations criminelles internationales.

Le constat est incontestable :

les ados français fument du cannabis très jeune (initiation autour de 15 ans) ;
massivement (près de 50% d’expérimentateur pour environ 30% d’usagers réguliers, plus de dix fois dans le mois) ;
et parfois à des doses quotidienne élevées (entre quatre et dix joints par jour).
Le taux moyen en principes actifs (principalement le THC) des échantillons analysés dans les saisies de police est lui aussi en augmentation (il se rapproche des 16% enregistré aux Pays-Bas).

Une répression stérile

Voilà le résultat de plus de dix ans de tolérance zéro, de répression stérile, de campagnes d’information alarmistes, d’efforts désordonnés de prévention et de traitement, de l’absence de réduction des risques et d’éducation à l’usage modéré de cannabis. Voilà le bilan désastreux de la prohibition du cannabis.

La violence liée à la production arrive dans nos pays avec le raccourcissement de la route entre le producteur et le consommateur. La disponibilité du produit n’a jamais été aussi grande. L’illégalité ne permet pas de proposer des produits contrôlés avec un affichage informant l’usager comme pour tous les autres produits aussi massivement consommés. La répression n’arrête pas l’usage, elle coûte beaucoup d’argent, là ou une régulation pourrait en rapporter davantage. Les moyens de prévention sont insuffisants et mal utilisés.

Le constat global est d’autant plus alarmant que notre gouvernement semble s’inscrire dans la continuité de ce désastre, à quelques arrangements cosmétiques près, principalement le chouchou des Français, le ministre de l’Intérieur Manuel Valls.

Méthode coercitive et test urinaire

Plutôt que d’insister sur la nécessité de dialogue autour de la consommation avec des arguments pragmatiques, de responsabilisation de l’ado par exemple avec contrat d’usage modéré pouvant associer les autres consommations de psychotropes légaux et illicites de toute la famille, de regarder autour du cannabis qui peut masquer des problèmes bien plus graves, les deux reportages de France 2 et M6 ont préféré exposer largement un modèle autoritaire et fliqué de gestion familiale et scolaire fondé sur l’abstinence totale.

On sent bien l’objectif de faire accepter par la population des tests urinaires de contrôle des élèves pour limiter l’usage devant les établissements, plus de police aussi. C’est un vieux débat, notre budget de crise ne permet pas d’établir un plan national efficace, au grand dam des fabricants de test, des laboratoires d’analyses et de certains syndicats policiers.

Reste la solution individuelle, inciter les parents à jouer à l’Agence anti-dopage en menaçant de virer le fautif du domicile familial sans assistance, ou encore à dénoncer l’enfant gaulé en possession de weed à la gendarmerie. Ambiance assurée à la maison.

Rien de vraiment nouveau

Les études les plus crédibles évaluent entre 10% (premier rapport de la Commission mondiale sur la politique des drogues (GCDP)) et 20% (Rapport Reynaud 2013 [PDF]) le pourcentage d’usagers problématique de cannabis, y compris dans la tranche d’âge la plus jeune. A la vision des reportages, on pourrait croire que tous les ados sont des « potheads » (fumeurs abusifs de marijuana) et que le cannabis ruine notre jeunesse donc notre pays.

Pourtant, comme beaucoup de fumeurs de pétards des années 70-80 qui confirmeront mes propos, j’étais en classe avec leurs parents, nous étions déjà très nombreux à fumer régulièrement, parfois de la pure merde coupée au henné ou à la paraffine mais aussi de la pure huile de résine, du très puissant temple Ball ou du Libanais rouge. Ces produits assez courants atteignaient largement les 16% en THC de la weed d’aujourd’hui, juste avec dedans beaucoup plus de cannabidiol (CBD) donc moins d’angoisse, d’excitation, de parano.

Entre 10% et 20% des classes fumaient déjà tous les jours, dont la moitié du matin au soir. La France est toujours une grande puissance mondiale, heureusement que nos voisins fument aussi du cannabis !

C’est la guerre à la drogue qui a poussé à la culture indoor et à la course au THC. Un marché régulé offrirait plus de choix et de contrôle. Du cidre à 2° et du rhum à 55° sont en vente libre. L’usager modéré adapte sa consommation à la puissance du produit, l’alcoolique destructeur picole le rhum au goulot. C’est pareil pour le cannabis. Les néophytes prendraient moins de risque de surdosage avec un produit étiqueté provenant d’un magasin agrée, même un mineur qui l’aurait obtenu d’un majeur habilité à l’acheter.

Un seul expert scientifique assez contestable

Omniprésent dans les médias, le Professeur Jean Constentin reprend le flambeau de Gabriel Nahas dans le rôle du prédicateur apocalyptique en blouse blanche. Ces expériences sur les souris sont édifiantes mais nous ne sommes pas tout à fait des rongeurs. Il n’appuie pas ces thèses excessives sur l’intégralité d’études crédibles, il extrapole sur des parties de recherche pour dramatiser. Le cannabis est effectivement reconnu pour ralentir les décisions, brouiller l’apprentissage et la mémorisation, affecter la motivation.

C’est la méthodologie et surtout l’interprétation hyper-alarmiste des résultats qui tourne à la caricature. Je vais publier très prochainement un ouvrage sur la dépénalisation du cannabis avec Jean Constentin en contradicteur. En compagnie du Dr Alain Rigaud, président de la Fédération française d’addictologie, je lui répondrais plus longuement.

Heureusement que la soirée s’est terminée avec Bernard de la Villardière en train de fabriquer légalement de la magnifique résine au bubbleator et de regarder le résultat final avec gourmandise. Je suis presque certain qu’il dispose maintenant d’une recommandation médicale pas du tout de complaisance avec plusieurs cartes de membre des meilleurs dispensaires californiens de marijuana. C’est légal et il a l’âge d’avoir des douleurs que le cannabis peut soulager. Moi aussi, Je songe à déménager.

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PROPAGANDE...

Zappiste:
- Hormis les Pays-Bas et l'Espagne, qui ont légalisé cette substance à base de chanvre indien...

Mensonge !

Les Pays-Bas et l'Espagne n’ont jamais légalisé le cannabis ! Le Colorado et Washington eux ont légalisé.

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Des études scientifiques démontrent pourtant que le THS, le principe actif du cannabis, a des effets néfastes sur l'ensemble du cerveau.

C'est le THC le principe actif du cannabis et non le THS.

http://teleobs.nouvelobs.com/la-selection-teleobs/20130913.OBS6892/canna...

Cannabis, pétards etc. : la double enquête de M6
Publié le 15-09-2013 à 09h00 - Mis à jour le 13-09-2013 à 15h30TéléObsPar TéléObs
Soirée spéciale canabis à partir de 20h50 ("Zone interdite" puis "Enquête exclusive").

Que font Mathilde et Clara aux intercours ? Elles grillent une cigarette ? Non, elles fument un joint. En classe de première littéraire, ces lycéennes de 17 et 18 ans se rendent dans un parc voisin. Vingt minutes : le temps de tirer sur un pétard. Les deux adolescentes n'hésitent pas à déclarer qu'elles consomment chacune au moins 8 joints par jour. Et bien plus lorsqu'elles sortent le soir. "Sincèrement, c'est incompatible avec les cours, pouffle Mathilde. Pour écrire, pour lire, c'est infaisable !" Pourtant, ni elle ni son amie n'envisagent de se débarrasser de cette addiction.

Chaque matin, avant le début des classes du lycée professionnel des métiers du bâtiment Jean de Berry, à Bourges, de petits groupes d'élèves se forment aux alentours de l'entrée de l'établissement et, là encore, ce n'est pas pour fumer le tabac taxé par l'Etat. "Après le matin, à toutes les pauses, c'est une habitude", dit l'un de ces jeunes. "On s'en bat les couilles de tout !, lance un autre. Les cours, on s'en fout, les notes, on s'en fout. On fume. On ne pense qu'à fumer." Scolarisés ici, Clément et Brian débutent une matinée sans école chez Kévin, 17 ans, comme eux, par un café assorti d'un "pète ". Il n'est que 10 heures et Kévin en est déjà à son troisième. Le garçon fume depuis l'âge de 13 ans. "C'est une expérience comme les autres qui est restée", commente-t-il. Dans l'atelier où il apprend la plomberie, Kévin a souvent la tête ailleurs. Il a du mal à se fixer sur sa tâche. Il commet des erreurs. Mais, pour lui, cela n'a aucun rapport avec la fumette.

Les Français de moins de 20 ans représentent les plus gros consommateurs de cannabis d'Europe. Hormis les Pays-Bas et l'Espagne, qui ont légalisé cette substance à base de chanvre indien, tous les Etats membres de l'UE l'interdisent. En France, 4 adolescents sur 10 en fument. Soit deux fois plus qu'il y a dix ans. Cette énorme augmentation de la consommation ne tient pas qu'à l'engouement des jeunes pour une substance qui permet de se déconnecter de la réalité, voire de sublimer celle-ci, et que tous pensent inoffensive. Elle tient pour beaucoup à la facilité de s'en procurer aujourd'hui. Les fumeurs ont plusieurs numéros de dealers dans leur téléphone portable. Si l'un ne répond pas, on en appelle un autre. Il y a tant de points de vente que l'herbe est livrée en quelques minutes. Il n'est plus besoin d'aller la chercher dans les cités.

Les parents tombent souvent des nues lorsqu'ils découvrent, ou apprennent via un tiers, la quantité inhalée par leur enfant. Les lycéennes Mathilde et Clara consacrent chacune 80 euros par mois à leur consommation. Après s'être battue à ce sujet avec son fils aîné, Maryse, la mère de Mathilde, avoue avoir baissé les bras; "ça leur apprend à mentir tout le temps. Ils se cachent pour en acheter. Ils se cachent pour en fumer. Ils mentent pour se procurer de l'argent", déplore-t-elle. Eric, lui, a vu ses deux aînés devenir irritables et agressifs. Il a tout essayé, la confiance, la discussion, les menaces. Alors, il contrôle régulièrement son cadet à l'aide d'un test d'urine vendu en pharmacie. Et, pour le moment, ça marche. Désemparés, de plus en plus de parents adoptent une attitude permissive. Tel Emmanuel, qui laisse son fils fumer en sa présence et partage parfois un joint avec lui de peur qu'il s'isole et se désocialise.

Des études scientifiques démontrent pourtant que le THS, le principe actif du cannabis, a des effets néfastes sur l'ensemble du cerveau. Il affaiblit les fonctions motrices, comme celles de la mémoire et du raisonnement. Mais de tout cela, les jeunes n'ont pas conscience. Nombre d'entre eux conduisent après avoir fumé du hasch sans se rendre compte du danger qu'ils représentent. La petite Marilou, 9 ans, a ainsi été tuée par un chauffard de 18 ans consommateur de shit. Le garçon a écopé d'un an de prison. Les parents de la fillette se sont battus pour obtenir que, au même titre que l'alcool, une loi sanctionnant la conduite sous emprise de cannabis soit votée en 2003 par l'Assemblée : la "loi Marilou". Les contrevenants encourent trois ans de détention. Encore bien peu pour les familles de victimes d'un accident mortel lié à la surconsommation d'une drogue trop longtemps jugée récréative...

Sylvie Véran

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