Cannabis - «La répression n’est pas protectrice» la ligne dure à la française nuit à l’amorce d’une politique de prévention

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«La répression n’est pas protectrice»

5 décembre 2012 à 21:36

Interview Pour le Dr William Lowenstein, la ligne dure à la française nuit à l’amorce d’une politique de prévention :
Par ERIC FAVEREAU

Libération

Le Dr William Lowenstein, addictologue, dirige la clinique Montevideo à Boulogne-Billancourt, dans les Hauts-de-Seine, spécialisée dans les dépendances.

Que serait, aujourd’hui, une politique de prévention en matière de cannabis ?

Ce serait d’abord un repérage précoce, notamment par le biais de l’Education nationale. Repérer quand un jeune va mal, noter quand il décroche : ne pas alors tourner la tête.

On pense toujours au soutien scolaire, sauf quand il s’agit de cannabis, où l’on ne va songer qu’à le mettre à porte de l’établissement.

Bref, une politique d’attention. L’Education nationale doit arrêter avec la politique de l’avion : on ne fume pas dans l’avion, mais peu importe ce qui se passe avant ou après. C’est son rôle de soutenir les ados qui sont en difficulté.

Pour autant, quel langage tenir aux jeunes ?

Parler juste, et tenir un même langage. Il faut que les politiques, comme les parents ou les grands-parents, leur expliquent que le THC [tétrahydrocannabinol, le principe actif du cannabis, ndlr] n’est pas très dangereux pour les adultes.

En tout cas, il l’est beaucoup moins que l’alcool, la cocaïne ou l’héroïne. En revanche, le THC peut être handicapant pour les jeunes, et surtout les très jeunes. Pour eux, ce n’est pas une drogue qui tue, mais une drogue qui handicape. Or, sur ce point-là, la France est nulle.

C’est-à-dire ?

Ce n’est pas un message permissif ou répressif que l’on doit tenir, mais un message audible et crédible. On doit dire ce que l’on sait : le THC n’est pas dangereux en soi, mais il a une forte capacité handicapante chez les jeunes. D’où l’importance de reculer l’âge des premières consommations. Et développer, parallèlement, le concept de réduction des risques.

Dans un pays où près de 39% des jeunes de moins de 16 ans ont déjà pris du cannabis, alors qu’en Europe, la moyenne est de 17%, on voit bien qu’une politique répressive ne fonctionne pas.

L’exemple français montre que la répression n’est pas protectrice. Quand allons-nous changer une équipe qui perd ?

Faut-il changer la loi ?

Peut-être. Mais il faut surtout commencer une politique de prévention et de réduction des risques.

Les populations à risque sont-elles identifiées ?

Sur les 39% de moins de 16 ans qui ont fumé, on estime qu’entre 15 et 20% d’entre eux ont une consommation problématique.

A leur destination, il faut développer une politique de réduction des risques.

Il y a des messages simples : si vous fumez, ne fumez pas seul. Evitez de fumer tous les jours, évitez le matin, etc. On peut ainsi établir des règles élémentaires aux bénéfices évidents.

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