Extrème Pauvreté: Un État-Unien sur 15 est considéré très pauvre, un record
http://lapresseaffaires.cyberpresse.ca/economie/etats-unis/201111/03/01-...
Un Américain sur 15 est considéré très pauvre, un record
Publié le 03 novembre 2011 à 22h30 | Mis à jour le 03 novembre 2011 à 22h30
Hope Yen et Laura Wides-Munoz
Associated Press
Washington
Un Américain sur 15 est considéré comme très pauvre, un record depuis que ces statistiques ont commencé à être compilées aux États-Unis, selon de nouvelles données issues du recensement.
Quelque 20,5 millions d'Américains, soit 6,7 % de la population, composent la frange la plus pauvre de la société, qui se définit par un revenu équivalant à 50 pour cent ou moins du seuil de pauvreté officiel.
Les Américains très pauvres représentent près de la moitié des 46,2 millions de personnes qui se retrouvent sous le seuil de pauvreté.
En 2010, être un Américain très pauvre signifiait avoir un revenu annuel de 5570 $ ou moins pour une personne, ou de 11 157 $ ou moins pour une famille de quatre personnes.
Cette proportion de «très pauvres» est la plus élevée en 35 ans, depuis que le Bureau du recensement a commencé à compiler des données à ce sujet. Elle surpasse de six pour cent les précédents records établis en 2009 et en 1993.
«Il n'y a presque pas de groupe qui ne soit pas affecté, sauf peut-être les citoyens les plus riches», a expliqué Robert Moffitt, professeur d'économie à l'université John Hopkins.
«Les récessions sont censées être temporaires, et quand elles sont terminées, tout devrait revenir comme avant. Mais l'inquiétude, en ce moment, c'est que le ralentissement économique - qui prendra fin éventuellement - aura des effets durables sur les familles qui ont perdu leur emploi, qui se sont retrouvées dans une situation difficile et qui n'arrivent pas à en sortir», a dit M. Moffitt.
Les «poches de pauvreté» se sont aussi élargies sur le territoire américain. Après avoir diminué pendant la période de prospérité des années 1990, la proportion de pauvres dans les grandes régions métropolitaines est passée de 11,2 % en 2000 à 15,1 % en 2010, selon une analyse de la Brookings Institution rendue publique jeudi.
Cette concentration géographique de la pauvreté est la plus forte depuis les années 1990, après une décennie de chômage élevé et d'augmentation du coût de l'énergie.
De nouvelles données sur la pauvreté en 2010, qui doivent être diffusées la semaine prochaine par le Bureau du recensement, devraient par ailleurs montrer une diversification démographique de la pauvreté. Pour la première fois dans l'histoire des États-Unis, la proportion d'Hispaniques vivant dans la pauvreté devait dépasser la proportion d'Afro-Américains pauvres.
----------------
http://guerre.libreinfo.org/controle-populations/divers/479-faim-pauvret...
Faim et pauvreté extrême aux USA
Note ; en bas de cet article une interview de Frederick Kaufman, rédacteur du Harper’s Magazine, qui a publié une enquête intitulée "La bulle alimentaire : comment Wall Street a affamé des millions de personnes dans le monde sans être inquiété." A voir pour comprendre (ou se rappeler) comment des famines peuvent survenir en période de grande production - même si ce n'est évidemment pas la cause unique, type et mode de culture, état des infrastructures,... ayant grande importance . Cette Interview est elle-même suivie d'un discours de Jean Ziegler devant le conseil des droits de l'homme à Genève.
Faim et pauvreté extrême aux USA
Aux États-Unis il est permis – sans que cela soit un scandale national – que les enfants n’aient pas suffisamment à manger. Le programme national de télévision de CBS News, 60 Minutes, a récemment montré les visages et les histoires de familles sans toit, dont les enfants ont dit ce qu’ils ressentent quand ils ne mangent pas suffisamment. Plus de 16 millions de mineurs vivent dans la pauvreté -2 millions de plus qu’avant la crise économique qui a éclaté en 2007 – et on constate que c’est l’écroulement le plus rapide de la classe moyenne jamais arrivé depuis que le gouvernement a commencé les statistiques la concernant, il y a demi-siècle, explique CBS News.
Qu’est qu’on ressent quand on a faim ? demande le journaliste aux enfants d’une école primaire de Floride. « C’est difficile. Tu ne peux pas dormir. Tu attends seulement, tu t’endors cinq minutes et tu te réveilles à nouveau. Tu as a mal à estomac et penses : ‘ je ne peux pas dormir, je vais essayer de dormir, je vais essayer de dormir’, mais tu ne peux pas parce que tu as trop mal à l’estomac. Et c’est parce que tu n’as pas de nourriture en toi », répond un enfant.
De nombreuses de familles racontent à CBS qu’elles n’ont jamais imaginé rester sans toit ou ne pas pouvoir nourrir suffisamment leurs enfants, puisqu’ils jouissaient d’une vie de classe moyenne. Avec la crise, tout a basculé.
Une partie du reportage de CBS fut réalisée dans la même zone que celle qui se proclame comme « le lieu le plus heureux du monde », c’est à dire les comtés autour de Disney World, à Orlando, en Floride. Là, CBS a détecté environ 67 motels où logent plus de 500 enfants sans domicile. Là, tout près des écoles du comté de Seminole, mille étudiants ont récemment perdu leurs logements. Le gouvernement loge des milliers de familles sans toit dans des motels dans tout le pays pendant des mois. CBS remarque que « la ‘génération motel’ aux États-Unis grandit rapidement ».
16.6% des étasuniens – soit plus d’un sur six – a souffert « d’insécurité alimentaire » au cours de l'année 2009, selon les chiffres les plus récents du recensement analysés par Feeding América, la plus grande organisation du pays dédiée à appuyer les personnes touchées par cette situation dans son rapport récent « Map the Meal Gap ». En fait, cette organisation explique qu’aujourd’hui elle offre son soutien à 37 millions d’étasuniens, dont 14 millions d’enfants, une augmentation de 46 % par rapport à 2006.
Même dans la capitale du pays le plus puissant du monde il y a de plus en plus de faim. Dans la zone métropolitaine de Washington et ses comtés limitrophes, plus de 400 000 habitants ont souffert de la faim pendant la récession, selon le rapport récent de Feeding America et son analyse par le Washington Post. Des millions d'autres encore dans chaque partie du pays. Tant dans des zones riches que marginales, on a enregistré des chiffres croissants de faim. « La majorité serait surprise de savoir les dimensions de la faim dans ses communautés. Les gens tendent à penser qu’on souffre de la faim « là-bas » , dans un autre lieu, mais pas ici même. Non, pas dans mon coin! Mais ce rapport démontre que ce n’est pas vrai : la faim est partout dans notre pays en ce moment », a commenté Vicki Escarra, directrice de Feeding America, au Washington Post.
« Il y a eu des moments où je n’ai pas mangé pour que mes enfants aient plus à manger. Je suis adulte, je peux le faire. Je peux boire de l’eau ou manger un morceau de pain. Mais on ne veut pas que ses enfants arrivent à dire : maman, j’ai faim, une heure après qu’ils aient mangé », a expliqué au Washington Post, Anette Emerson, mère célibataire de 46 ans. Ces histoires se répètent dans tout le pays.
Et quelle est la réponse du gouvernement ? Proposer de réduire l’assistance alimentaire aux nécessiteux, provoquer plus de coupes dans les dépenses sociales et réduire les taux d’imposition sur les revenus des millionnaires.
Mark Bittman, critique de gastronomie du New York Times [ Why We’re Fasting ], a annoncé lundi dernier qu’il se joignait à un jeûne d’une semaine avec environ 4 000 personnes dans tout le pays, dans l’intention d’attirer l’attention publique sur les propositions du Congrès pour réduire sévèrement les programmes d’assistance pour les pauvres et pour ceux qui souffrent de la faim dans ce pays. « Ces coupes, faites soit disant pour réduire le déficit – à peine serait-ce une miette – causeront en vérité plus de décès dus à la faim, plus nombreux seront ceux qui iront dormir avec la faim ou vivront plus misérablement que maintenant. Et la proposition de loi augmentera la dépense pour la défense », a-t-il expliqué. En 2010, les profits des entreprises ont augmenté avec le plus haut taux depuis 1950, tandis que le record du nombre de personnes qui dépendent de l’assistance fédérale pour manger a été atteint. Il a ajouté que les 400 étasuniens les plus riches ont plus de richesses que la moitié des foyers du pays, tandis que 45 % des étasuniens dépensent un tiers de leurs revenus en nourriture et cependant n’y arrivent pas. Un enfant sur quatre dort en ayant faim dans ce pays, au moins sur certaines périodes.
Bittman affirme : « Nous avons besoin de nous rassembler et d’insister sur le fait que nos ressources collectives doivent être utilisées pour le bien-être collectif. Pas pour mille, ni pour un million d’étasuniens les plus riches, mais pour la vaste majorité de nous tous aux États-Unis et, en fait, pour les citoyens du monde entier qui ont les difficultés à satisfaire leurs nécessités premières ou pour nourrir leurs enfants ».
Mais, apparemment, la faim n’est pas parmi les priorités de la classe dirigeante politique ou économique de ce pays. Apparemment, « l’insécurité alimentaire » n’est pas un sujet qui est considéré de « sécurité nationale » .
* David Brooks est un journaliste étasunien du The New York Times et correspondant de La Jornada.
La Jornada, Mexico, le 4 avril 2011
Traduction de l’espagnol pour El Correo de : Estelle et Carlos Debiasi
Cette création par http://www.elcorreo.eu.org est mise à disposition selon les termes de la licence Creative Commons Paternité - Pas d'Utilisation Commerciale - Pas de Modification 3.0 Unported.
Crise alimentaire - Comment Wall Street affame le monde
Ajouter un commentaire