UMP: Fabienne Lebrette-Ménager fait un parallèle entre le cannabis et la hausse de la TVA dans la restauration
Zappiste: Sur les sites y'a plusieurs liens...
http://www.lemonde.fr/election-presidentielle-2012/article/2011/10/19/l-...
A la convention de l'UMP, petites erreurs et grosses exagérations sur le projet du PS
LEMONDE.FR | 19.10.11 | 15h45 • Mis à jour le 19.10.11 | 17h09
Jean-François Copé avait promis une convention en forme de riposte argumentée à la primaire socialiste, "sans caricature". Perturbée par la réussite de l'exercice de son élection interne par le PS, l'UMP avait décidé de l'organisation d'une convention en forme d'émission télévisée de deux heures, au cours de laquelle le parti présidentiel s'est livré à une "estimation chiffrée parfaitement démontrée des principales propositions" du PS, sans "caricature" ni "exagération".
Tout au long de la convention UMP, un compteur rappelant celui du Téléthon, mais destiné à matérialiser les hausses de dépenses socialistes, n'a cessé de grimper. Erreurs, exagérations et contre-vérités chiffrées ont abondé durant les deux heures de l'exercice, et permis à l'UMP de fairegrimper le compteur jusqu'à la somme de "255 milliards d'euros" de dépenses supplémentaires sur cinq ans si le programme du PS était appliqué, soit le double du chiffrage effectuée par les socialistes (25 milliards par an, qu'ils assurent pouvoir financer en revenant sur des mesures fiscales prises par la droite).
Voici quelques erreurs factuelles, imprécisions et exagérations relevées durant cet exercice de reconquête lancé par le parti majoritaire.
Le projet PS est pris comme un bloc alors que c'est un socle
Des propositions sont additionnées alors qu'elles sont alternatives
L'avis d'Hollande sur l'allocation d'autonomie est ignoré
Les chiffres mystérieux de l'UMP sur les retraites
Le budget de la culture est attaqué alors qu'il s'agit d'une proposition d'Aubry
Des mesures sont débattues alors qu'elles ne font pas partie du projet PS
Nadine Morano se trompe sur l'apprentissage
Marie-Anne Montchamp enjolive le bilan sur le handicap à l'école
Le coût d'une sortie du nucléaire proposé par Eric Besson fait débat
Le projet socialiste est pris comme bloc alors qu'il est envisagé comme un socle.
Le parti présidentiel prend le programme socialiste comme un tout, et y rajoute les propositions des candidats. Or le PS a toujours dit que le programme était une base commune, dans laquelle le candidat élu à l'issue de la primaire devrait discerner des priorités. "Je me reconnais dans les propositions qui sont faites, même si ce sera au candidat de faire à la fois l'ordre des priorités, de donner le thème principal de la campagne et de compléter éventuellement les propositions, voire d'en écarter certaines", notait ainsi François Hollande le 5 avril sur France Inter.
Des propositions additionnées alors qu'elles sont alternatives l'une à l'autre.
L'UMP a volontairement délaissé toutes les déclarations faites pendant la primaire pour faire monter son compteur. C'est ainsi que le parti présidentiel additionne le coût des "300 000 emplois d'avenir", qu'il chiffre à vingt milliards d'euros sur cinq ans, et celui du "contrat de génération" de François Hollande (40 milliards sur cinq ans). Or la proposition de M. Hollande, qui ne figure pas dans le programme du PS, a été émise comme une alternative aux "emplois d'avenir", à propos desquels il s'est toujours montré sceptique, et qu'il compte réserver aux jeunes sans qualification. Martine Aubry et François Hollande se sont d'ailleurs opposés publiquement sur la question lors des débats. De plus, le député de Corrèze a réagi aux critiques de son dispositif en conditionnant sa mise en place à des discussions avec les partenaires sociaux. Le chiffre de 40 milliards sur cinq ans est donc valable une fois le dispositif à pleine charges, ce qui dépend du nombre d'entreprises qui souhaiteront y souscrire.
Allocation d'autonomie : les précisions de François Hollande ignorées.
L'UMP évoque également l'allocation d'études que promet le projet socialiste, en la chiffrant à 60 milliards d'euros. Pour ce faire, le parti présidentiel s'appuie sur un rapport (PDF) de la fondation Terra Nova, "think tank" proche du PS qui est à l'origine de cette proposition, présente dans le projet socialiste.
La fondation chiffre le coût de l'allocation à 10 à 12 milliards annuels, soit effectivement 50 à 60 milliards en cinq ans. Mais elle précise aussi comment récupérer une partie de ces besoins, notamment en récupérant les 2 milliards d'euros attribués aux bourses universitaires, ou encore en triplant les frais d'inscription à l'université (1 milliard d'euros selon ses calculs).
Surtout, l'UMP oublie que François Hollande s'est montré très sceptique sur cette proposition. Le député de Corrèze a précisé en avril que "l'état de nos finances publiques ne nous permet pas de financer une telle mesure à moins de renoncer à la réduction de la dette". Dans son programme, il précise qu'elle sera "sous condition de ressources" et que ses bénéficiaires devront en contrepartie effectuer du tutorat.
Retraites : un chiffre mystérieux.
Dans son chiffrage, l'UMP estime à 87 milliards d'euros sur cinq ans le coût de la réforme des retraites promise par le PS, soit un surcoût de 17,4 milliards par an. Or, s'il est vrai que le PS s'est montré ambigü sur la réforme qu'il propose, le chiffre avancé par l'UMP paraît colossal au regard de celle-ci : le PS envisage en effet de rétablir la borne d'âge de 60 ans pour le départ en retraite et de 65 ans pour le taux plein, mais en maintenant une durée de cotisation de 41,5 ans. François Hollande envisage surtout de réformer intégralement le système de retraites.
L'UMP ne précise pas d'où provient ce chiffre de 87 milliards. Il paraît étonnant, notamment car il est très complexe de prévoir le coût des retraites tant celui-ci dépend de variables multiples : taux de chômage, espérance de vie, croissance, rentrées fiscales... Mais surtout, comme le note l'Express.fr, il est en décalage avec les prévisions : la caisse nationale d'assurance vieillesse a récemment évoqué l'impact de la réforme de 2010 à environ 6 milliards d'économies par an en 2018, soit, en comptant très large, 30 milliards sur cinq ans. Difficile d'imaginer qu'un retour sur cette réforme côute quasiment trois fois plus cher que les économies qu'elle génère.
Du reste, l'UMP ne semble pas au clair sur son calcul : comme le note le jdd.fr, Eric Woerth évoquait mardi sur i-Télé un surcoût de 22 milliards d'euros en 2018 si le PS était au pouvoir, contre 87 milliards avancés lors de la convention.
Attaque sur le budget de la culture, une proposition de Martine Aubry.
Questionné par le journaliste Nicolas Rossignol, monsieur loyal de cette convention UMP, Franck Riester, député UMP et rapporteur des lois Hadopi, répond : "Ce qui m'énerve, c'est que les deux propositions majeures en matière culturelle, augmenter le budget de la culture et supprimer la licence globale, c'est à la fois démagogique et irréaliste".
Premièrement, M. Riester commet un lapsus en parlant d'une éventuelle suppression de la "licence globale". Cette dernière n'existe pas et le gouvernement actuel s'est toujours prononcé contre. Le projet du PS évoque en effet "de nouvelles sources de financement de la création numérique" grâce "à de nouvelles contributions partagées". Mais François Hollande a indiqué qu'il ne comptait pas reprendre cette proposition à son compte. M. Riester devait vouloir évoquer la suppression de la loi Hadopi, dont il était le rapporteur. La suppression de la loi Hadopi figure effectivement dans le programme du Parti socialiste, mais François Hollande a changé plusieurs fois de version à ce sujet, préférant une position moins radicale que celle du PS.
Ensuite, M. Riester plaisante sur l'augmentation du budget de la culture, se demandant pourquoi le PS ne proposait pas une augmentation de 100 % voire de 150 % du budget du ministère. Dans son programme, la candidate Martine Aubry proposait d'augmenter le budget de la culture de "30 à 50 % en cinq ans". Une proposition dont s'était démarqué le vainqueur de la primaire. "Il faut dire la vérité sur l'état de nos comptes et en même temps dire que la culture sera une de nos priorités mais une priorité qui n'appartient pas au seul ministère de la culture", avait-il déclaré, le 17 juillet.
Sur la sécurité, un thème sur lequel l'UMP accuse volontiers le PS de laxisme, le député du Nord Sébastien Huygue a raillé le programme socialiste quant aux prisons. "Ils veulent imposer un numerus clausus dans les prisons. Pour qu'un délinquant entre, il faudra qu'un autre sorte", a déploré M. Huygue.
Une proposition de loi avait été faite en ce sens à l'automne 2010 par le député socialiste Dominique Raimbourg. Le groupe SRC – et François Hollande – s'était prononcé pour, mais le texte a été écarté à l'Assemblée nationale. En revanche, un telle notion ne figure pas dans le projet de François Hollande, ni dans celui du PS. Ce dernier précise seulement que l'Etat devra engager une réflexion sur le "recours systématique à l'emprisonnement, sans considération de la gravité relative des faits".
Sur le même thème, le ministre de l'intérieur, Claude Guéant, a de nouveau insisté sur l'antienne de l'augmentation de la délinquance sous le dernier gouvernement de gauche et sa supposée baisse une fois l'UMP revenue aux affaires. De l'avis des chercheurs, les données sur l'évolution de la délinquance sont difficiles à analyser. Et les politiques – notamment Claude Guéant – les utilisent volontiers pour étayer leurs propos et pas toujours à bon escient.
Fabienne Lebrette-Ménager, secrétaire nationale de l'UMP sur la consommation, est intervenue sur le pouvoir d'achat. Elle a fait un parallèle entre le cannabis et la hausse de la TVA dans la restauration : "Ce qui ne me plaît pas c'est que le Parti socialiste veut dépénaliser en matière de consommation le cannabis et pénaliser le consommateur." Cependant, la question du cannabis ne figure pas dans le projet du PS. La dépénalisation a été évoquée par Martine Aubry et la légalisation par Jean-Michel Baylet. François Hollande était beaucoup plus mesuré et refusait la dépénalisation.
Un peu plus tard, Nora Berra revient sur la question. Elle confirme la position de l'UMP, c'est à dire l'interdiction du cannabis, qui, selon elle, porte des résultats. Ainsi, elle cite une étude qui dit que 50% des adolescents de plus de 17 ans ne touchent pas au cannabis car c'est interdit, ce qui justifie l'interdiction à ses yeux. En réalité, il est surtout intéressant de noter que 50 % des adolescents de 17 ans déclarent avoir déjà consommé du cannabis au cours de leur vie.
Apprentissage et quotient familial.
Très en verve, Nadine Morano a affirmé que le mot "apprentissage" ne figurait pas dans le projet PS. Pourtant, il y figure à sept reprises. Une seule mention cependant concerne l'apprentissage dont la ministre est responsable : "Toutes les formes d'alternance éducative (sous statut scolaire, en apprentissage ou en contrat de professionnalisation) seront encouragées." Ce qui la contredit sur le fait qu'il était le grand oublié du projet.
D'autre part, le PS a été accusé de vouloir "supprimer le quotient familial" dans son programme, alors qu'il n'en fait pas mention – c'est une proposition de l'économiste Thomas Piketty, proche du PS, dans son livre Pour une révolution fiscale.
La place des enfants handicapés à l'école.
Avec une indignation rappelant celle de Ségolène Royal sur le même sujet lors du débat d'entre-deux tours en 2007, Marie-Anne Montchamp revient sur une phrase du candidat du Parti socialiste qui aurait dit que l'enfant handicapé était maltraité dans l'école de la République. "J'en ai gros sur le cœur" dit-elle, accusant François Hollande de démagogie.
Elle explique que le gouvernement, et notamment Luc Chatel, ministe de l'éducation nationale, a fait la preuve de son engagement sur cette question. Mais un rapport de mai 2011 du sénateur UMP Paul Blanc exposait que "l'école peine aujourd'hui à répondre de manière pertinente aux besoins des enfants handicapés".
Le coût d'une éventuelle sortie du nucléaire.
Fervent défenseur de l'énergie nucléaire, Eric Besson a assuré que la France devrait débourser 750 milliards d'euros pour abandonner l'atome. Sans trop s'avancer, il souhaite un "débat national sur la transition énergétique". "Nous mettrons en place un moratoire sur l'accroissement des capacités nucléaires", est-il écrit dans le projet socialiste. Lors du premier débat entre les candidats à la primaire, Hollande et Aubry s'étaient affrontés sur ce thème et le vainqueur du 16 octobre s'était montré moins ambitieux que son adversaire, assurant vouloir faire diminuer la part du nucléaire dans le mix énergétique français. Par ailleurs, le coût d'une sortie totale du nucléaire est sujet à caution. La somme de 750 milliards a été avancée par le Figaro en extrapolant la facture prévue de l'expérience allemande. Toujours dans le Figaro, Bernard Bigot, patron du Commissariat à l'énergie atomique, estime qu'"aucun chiffre ne peut raisonnablement être avancé".
--------------------------------------------------------------------------------
>> Lire aussi : Le décryptage du blog Désintox de Liberation.fr
Samuel Laurent, Alexandre Léchenet et Jonathan Parienté
http://desintox.blogs.liberation.fr/blog/2011/10/convention-ump.html
Mythes et contre-vérités à la convention UMP sur le PS
Dans son message introductif, mardi, Jean-François Copé avait promis une analyse «sans caricature»: «Il y a une exigence, que demandent tous les jours les Français : c'est de dire la vérité. La vérité sur les faits, les chiffres, et les enjeux.» Les deux heures de cette convention UMP intitulée «Le projet socialiste à la loupe: le grand malentendu» ont pourtant pris un certain nombre de libertés avec la vérité et la précision, au fil des interventions de deux minutes de ministres et de députés. Exagérant un certain nombre de chiffres, les intervenants ont également enrichi le projet du PS de mesures n'y figurant pas, et attribué au vainqueur de la primaire François Hollande des propositions émanant d'autres candidats... Florilège des plus beaux bobards, dans l'ordre des interventions.
«On sait très bien que la grande majorité de ces emplois jeunes, d’avenir, appelons les comme on veut, repartent au chômage...»
Samia Soultani, secrétaire nationale UMP en charge de l’enseignement technique supérieur, à propos de la proposition de créer 300 000 emplois jeunes.
La droite s’est toujours fait un plaisir de cogner sur les emplois jeunes. Et ce n’est pas dans le cadre d’une convention dédiée à débiner le PS que l’UMP allait se priver. Problème, cette proposition de créer 300000 emplois d'avenir a été surtout défendue par Martine Aubry, François Hollande lui ayant préféré ses contrats de génération. Par ailleurs, l’argument utilisé selon lequel les emplois jeunes sont des passeports pour le chômage n'est guère étayé. Selon une étude des services de statistiques du ministère du Travail (Dares) publiée en 2006, les emplois jeunes de l'ère Jospin ont permis à leurs bénéficiaires de s'insérer durablement sur le marché du travail. «Dans le mois qui a suivi la sortie de l’emploi-jeune, 74 % des jeunes occupaient un emploi et 54 % étaient en CDI (y compris sur un poste prolongé). Un an et demi plus tard, 85 % des jeunes travaillaient et 72 % étaient en CDI, y compris sur un poste prolongé (graphique 1). 17,4 % des jeunes étaient au chômage à la sortie du programme et 10,6 % l’étaient dix-huit mois plus tard».
«[Les contrats de génération], c'est une proposition qui coûte en 40 et 50 000 euros par an et par contrat.»
Nathalie Fanfant, secrétaire nationale de l'UMP en charge de la lutte contre les discriminations
Le chiffrage est inexact. Il résulte d’une division du coût estimé du dispositif (8 milliards) par le nombre de contrats (200000) que Hollande souhaite mettre en place chaque année. L'opération est mal posée. Car le montant de 8 milliards porte sur le nombre de contrats auquel Hollande souhaite arriver en rythme de croisière (500000). Selon le chiffrage du staff du candidat socialiste, le coût annuel de chaque contrat est de l’ordre de 16 000 euros.
«La sécurité était absente pendant les débats, et pourtant, les propositions socialistes existent, elles ont été rédigées, elles ont été éditées sous la forme d'un petit livre rouge qui porte bien sa couleur. Ces propositions, elles ont été cachées par François Hollande... La recette, c'est cette belle police de proximité. Cette fois ci elle n'échouera pas, parce que grâce à la légalisation des stupéfiants, les dealers seront devenus d'aimables commerçants auxquels les policiers rendront des visites de courtoisie.»
Bruno Beschizza, conseiller régional d'Ile-de-France et secrétaire national de l'UMP à l'emploi des forces de sécurité
L’ex-commandant de police se rend coupable d’une double malhonnêteté : primo, il présente les mesures choc préconisées par Jean-Jacques Urvoas dans un ouvrage récent comme des mesures cachées de François Hollande. Quoique émises par le secrétaire national à la sécurité, ces propositions ne figurent pas dans le projet socialiste. Deuxio, il laisse à penser que le projet socialiste vise à légaliser les stupéfiants. S’il y a effectivement eu un débat sur le sujet lors des primaires, la légalisation du cannabis (et non des stupéfiants en général) était prônée par le seul Jean-Michel Baylet, qui n’engage pas réellement le projet socialiste. Martine Aubry était favorable à la dépénalisation de l’usage pour les petits consommateurs. François Hollande ne s’est à aucun moment prononcé pour cette option. Voilà ce qu'il déclarait lors d'un débat télévisé dans le cadre de la primaire : « Notre législation est-elle adaptée ? Non. Faudra-t-il en changer ? Oui. Faudra-t-il maintenir l’interdit ? Je l’affirme. Est-ce qu’il faudra envoyer en prison ceux qui fument du cannabis ? Personne ne peut l’imaginer. Il faut les soigner, les accompagner, les punir. L’interdit, cela existe. Il ne faut pas laisser s’installer l’idée que tout est permis ». C’est assez loin d’une légalisation.
«Le PS veut diminuer le nombre de places de prisons. Ils veulent installer un numérus clausus. Quand on a atteint le nombre, il faut faire sortir un délinquant pour en faire entrer un autre.»
Sébastien Huygues, député du Nord
Encore une fois, le projet du PS ne prévoit pas de diminuer le nombre de places de prisons. Même si cela fait longtemps que l’UMP affirme l’inverse. Jean-François Copé s’était déjà fendu d’un communiqué sur le sujet le 16 mars. Mieux, dans les toujours très folkloriques argumentaires flash (p.4) envoyés par l'UMP à ses militants, on pouvait lire dernièrement que le PS souhaitait s'il revenait au pouvoir supprimer 20 000 places et donc libérer 20000 détenus. Le très sécuritaire député Eric Ciotti a repris cet argument plus récemment. En fait, l’UMP fait référence à un débat tenu le 1er mars, auquel participait Marylise Lebranchu. Selon une dépêche de l’Agence d’informations spécialisées sécurité globale (AISG), l’ancienne garde des Sceaux y avait estimé qu’il «faudrait fixer le nombre maximum de places à 43 000, faire que la privation de liberté soit l’ultime recours, et développer d’autres types de sanctions». Mais voilà, cette mesure n’est pas reprise telle quelle dans le projet du PS pour 2012. Dans sa plateforme (p.47), le Parti socialiste n’émet aucun objectif chiffré de places de détention. Il se contente de prôner le développement «de sanctions diversifiées» pour éviter que l’emprisonnement soit «la peine ultime […] et non la règle».
Il en va exactement de même pour le numerus clausus. C’est une proposition du député socialiste Dominique Raimbourg (Loire-Atlantique). Elle n’est reprise nulle part dans le projet.
« Les allègements Fillon, si on passe de 1,6 à1,4 SMIC, c'est 800 000 emplois derrière qui sont menacés directement, dans la seconde.»
François Baroin, ministre de l'Economie
Le projet du PS ne prévoit pas de supprimer les allègements Fillon (exonérations de cotisations sur les bas salaires). Dans le cadre du contrat de génération, Hollande a expliqué qu’il faudrait les enlever aux entreprises de plus de 50 salariés. Par ailleurs, Baroin chiffre à 800 000 le nombre d’emplois menacés si l’on décidait d’exonérer les emplois uniquement jusqu’à 1,4 SMIC et non plus 1,6. Outre le fait que Hollande ne propose absolument pas cette restriction des exonérations, le chiffre de 800000 emplois détruits est généralement avancé pour la suppression globale des allègements de cotisations (de 1 à 1,6 Smic).
«Nous avons fait quoi? Nous avons aidé les plus fragiles. C'est le RSA, c'est la réforme des retraites, c'est les 25% d'augmentation du minimum vieillesse, etc. etc.»
Marc-Philippe Daubresse, secrétaire général adjoint de l'UMP
Si on peut sans problème concéder que le RSA ou l’augmentation du minimum vieillesse ont amélioré le sort des plus démunis, il est difficile d’en dire autant pour la réforme des retraites. En effet, à considérer que les plus fragiles sont ceux qui ont commencé à travailler le plus tôt dans les métiers les plus difficiles... c’est sur certains d’entre eux que reposent les économies réalisés par la réforme des retraites. C’est le cas des salariés ayant commencé à travailler à 18 ans et qui devront cotiser 44 ans avant de pouvoir partir. De même, le report progressif à 67 ans de l’âge d’obtention du taux plein pénalise les carrières hachées ou les parcours professionnels difficiles.
«Nous avons voté ce texte du service minimum qui dit la chose suivante : le droit de grève est constitutionnel, c'est vrai. Si vous faites grève vous ne travaillez pas. Si vous ne travaillez pas, vous n'êtes pas payés. Voilà ce qu'il y a dans la loi de la république. Cela fait des années que vous le demandiez. C'est la valeur travail.»
Xavier Bertrand, ministre de l'Emploi et de la Santé
C’est là une vieille intox de la droite, qui a souvent essayé de faire croire que le non paiement des jours de grève était une des nouveautés de la loi sur le service minimum. C’est tout à fait inexact. Même si le texte de loi, dans son article 9, réaffirmait - de manière parfaitement inutile- le principe du non paiement des jours de grève.
«Si on revenait à 60 ans, cela coûterait en cumulé jusqu'à fin 2017 87 milliards d'euros.»
Eric Woerth, député de l'Oise
Le PS est assurément flou sur son retour sur la réforme des retraites de novembre 2010. S'il est bien question de rétablir l'âge légal de départ à la retraite à 60 ans, l’équipe de François Hollande se refuse à avancer un chiffrage, expliquant que la mise à plat de la réforme en 2013, susceptible de modifier l'ensemble des paramètres, rend impossible tout calcul précis pour l'avenir. Mais même en considérant que le PS va se borner à défaire ce que le gouvernement a fait avec sa réforme des retraites de novembre 2010, le chiffrage avancé par Woerth semble très excessif. En effet, les économies liées aux mesures d’âge (passage de 60 à 62 ans de l’âge légal et de 65 à 67 ans de l’âge du taux plein), qui vont croissantes au fil des années, ont été chiffrées comme suit par le gouvernement : environ 1,7 milliard en 2011, 9,5 milliards en 2015, et 18,6 milliards en 2018. Les chiffrages pour les années intermédiaires (2012, 2013, 2014 2016 et 2017) n’ont pas été communiqués. Mais même en retenant les hypothèses (forcément trop hautes) selon lesquelles le gain serait de 9,5 milliards d’euros en 2012, 2013, 2014 puis de 18,6 milliards en 2016 et 2017, on arrive à un montant de 63 milliards d'euros environ.
«130 000 enfants handicapés scolarisés au début du mandat de Nicolas Sarkozy, 210 000 maintenant.»
Roselyne Bachelot, ministre des Solidarités
Bachelot exagère un peu en mettant à l’actif du quinquennat Nicolas Sarkozy une partie de l’œuvre accomplie avant son élection. Roselyne Bachelot affirme que depuis 2007 le nombre d’enfants scolarisés «en milieu ordinaire» (c’est-à-dire accueillis dans des établissements scolaires de l’Education nationale et non des centres hospitaliers ou médicosociaux) est passé de 130000 à 210000 aujourd’hui. En fait, quand Nicolas Sarkozy a été élu en mai 2007, leur nombre avoisinait les 160000. Le chiffre de 130000 cité par Bachelot correspond au niveau de la rentrée 2004, avant la loi sur le handicap de février 2005 qui oblige l’Etat à mettre en œuvre les moyens financiers et humains «nécessaires à la scolarisation en milieu ordinaire des enfants, adolescents ou adultes handicapés». Et qui ne doit rien à Sarkozy.
« Pendant la crise, ce que nous avons essayé de faire, ce que nous avons proposé aux Français, c’est de réduire l’endettement public tout en maintenant le pouvoir d’achat des Français. »
Valérie Rosso-Debord, députée UMP de Meurthe-et-Moselle, animatrice de la convention d'hier.
La réduction de l’endettement public est resté à l’état de proposition : la dette publique est passée de 2007 à 2010 de 1210 milliards à 1590 milliards, soit de 64,2% du PIB à 82,3%. A la fin du deuxième trimestre 2011, elle s’établit à 1 692,7 milliards soit 86,2 % du PIB, en augmentation de 1,7 point par rapport au trimestre précédent. Si la crise est passée par là, l'aggravation des déficits (et donc de la dette) est aussi une conséquence de la politique du gouvernement, notamment en matière fiscale, comme n'a cessé de le déplorer la Cour des comptes dans ses derniers rapports annuels.
Un peu plus tard, la même députée a ajouté, un oeil sur l'écran où s'additionnait le coût des mesures socialistes : « On est déjà à 68 milliards, comme on n’est pas de mauvaise foi, on leur rajoute pas le coût des 50 milliards d’euros de niches fiscales, parce que c’est très flou »... Il est effectivement préférable de ne pas rajouter le coût de 50 milliards de niches fiscales que le PS entend... raboter, voire supprimer, et qui n'ont donc rien à voir avec des dépenses puisque ce sera des recettes.
« [Sur les sans papiers, ] n’oubliez pas que les socialistes devront passer des compromis avec madame Joly et monsieur Mélenchon. C’est à dire avec toutes les passerelles de recyclage de l’extrême gauche qui se retrouveront derrière monsieur Hollande. Ça veut dire très clairement, quand on regarde les programmes de ces mouvements, c’est la régularisation systématique des sans papiers qui est réclamée. Nous on ne demande absolument pas les régularisations systématiques, ce que nous faisons c’est au cas par cas. »
Thierry Mariani, ministre des Transports
Là ce ne sont même plus les programmes des battus de la primaire qui sont convoqués mais bien ceux des potentiels alliés de la gauche. Thierry Mariani a dû trouver le programme du PS trop tiède à son goût... puisqu’il ne propose pas de régularisation systématique: « Nous proposerons un processus de régularisation pour les travailleurs étrangers et les parents d’enfants scolarisés sur la base de critères clairs et transparents et s’appliquant à tous de manière égale sur le territoire national. » Une formulation reprise par François Hollande qui a lui aussi évoqué des régularisations en fonction de critères, au cas par cas.
« Ce qui est inacceptable, c’est que (l’allocation autonomie pour les étudiants) viendrait à supprimer les bourses attribuées sur critères sociaux. Aujourd’hui, on se trouve dans un système où moi qui travaillais pendant mes études, je me retrouverai pénalisée, je n’aurai pas accès à cette allocation d’autonomie, parce qu’en fait, François Hollande qui était lui fils de médecin, l’aurait eu parce qu’il ne travaillait pas pendant ses études. On se trouve dans la situation paradoxale où les filles et fils de se trouvent aidés, et les enfants de classe modeste, eux qui travaillent pour payer leurs études se verraient exclus parce qu’on tiendrait compte de leur revenu. On ne tient pas compte du revenu des parents mais des revenus de l’étudiant. »
Jeannette Bougrab, secrétaire d’Etat à la Jeunesse
Jeannette Bougrab a semble-t-il plus d'informations sur la mesure que le programme du PS, qui ne rentre pas dans le détail, prévoyant de créer : « une allocation d’études pour les jeunes en formation. Regroupant l’ensemble des aides existantes (aides au logement, bourses sur critères sociaux…), elle permettra aux jeunes de réussir leurs études. Elle sera placée sous conditions de ressources. » Mais la philosophie du projet visant justement à en finir avec le salariat étudiant, ainsi que l’explique le Mouvement de jeunes socialistes, on voit mal la logique évoquée par Jeannette Bougrab mise en oeuvre. Dans le projet défendu par le MJS, l’allocation « sera individualisée en fonction des revenus du bénéficiaire qui disposera de sa propre feuille d’impôt dès 18 ans ce qui permettra de déterminer, en fonction de ses ressources, le montant de l’allocation. Elle sera aussi modulée en fonction du lieu d’habitation de chacun que ce soit chez ses parents ou dans le parc locatif. » Sur ce principe, les transferts venant de la famille devraient être intégrés.
«Ce qui m’énerve c’est que les deux propositions majeures du PS en matière culturelle : augmenter le budget de 50% et supprimer la licence globale, c’est à la fois démagogique et irréaliste. La licence globale, c’est un euro par mois et vous avez accès à toute la culture sur internet. c’est impossible et irréaliste. […] La ligne de François Hollande, c’est indécision est ambiguïté.»
Franck Riester, député de Seine-et-Marne
Mettons sur le compte de la pression la confusion faite entre licence globale et Hadopi (le PS pourrait difficilement supprimer une licence globale qui n’existe pas). Convenons avec Franck Riester que le candidat Hollande a été plutôt flou sur la suppression d’Hadopi... et ajoutons même qu’il s’est plutôt prononcé contre la licence globale: «Pour la loi Hadopi, il faut remettre l’ouvrage sur le métier et arrêter d’opposer les utilisateurs et les créateurs, disait-il à Libération. Il faut dépénaliser le téléchargement, mais on ne peut pas s’en tenir à des solutions faciles, comme le fait de payer deux euros par mois pour une licence globale. » Quant à la hausse du budget de la culture, qui était défendue par Martine Aubry, elle n’avait pas été reprise par François Hollande : « Il faut faire attention de dire la vérité sur l’état de nos comptes publics et je ne tomberai pas dans une espèce d’échelle du perroquet où on va proposer plus», avait-il au contraire réagi.
« Nous sommes pour la liberté d’installation. Commencez à y toucher, et vous n’aurez pas le nombre d’étudiants suffisant pour faire médecine. [Supprimer la liberté d’installation des médecins ] c’est une idée particulièrement dangereuse ».
Xavier Bertrand, ministre de l'Emploi et de la Santé
Là encore, l’UMP exagère une position PS et fait mine de ne pas s’être rendu compte que François Hollande avait été désigné. Le programme PS est beaucoup moins directif sur la question: «Nous mettrons en place une régulation de l’installation des médecins, en demandant notamment aux jeunes médecins d’exercer dans une zone de santé prioritaire pendant les premières années à la sortie des études. Si nous sommes clairs sur l’engagement que nous prenons envers les Français, nous sommes ouverts sur la méthode, que nous définirons en concertation avec les professionnels et les élus locaux. » François Hollande, lui, a plusieurs fois répété qu’il ne croyait pas à l’efficacité de l’obligation d’installation, envisageant plutôt d’ « interdire certaines installations» dans certaines zones.
« La santé, c’est une richesse par ce formidable maillage que nous avons avec l’ensemble des professionnels de santé, médecins, paramédicaux et tous ceux qui travaillent dans le domaine de la santé. Il y en a beaucoup plus que ceux qui se sont déplacés dimanche, entre parenthèse, et ils produisent beaucoup plus de richesses. »
Valérie Boyer, députée des Bouches-du-Rhône
Même en admettant l’étrange présupposé de Valérie Boyer qui semble penser qu’aucun professionnel de santé ne s’est déplacé pour voter à la primaire dimanche, le compte n’y est pas. Selon les données 2010 (Irdes, Insee), la France compte un peu plus d’1 million de “professionnels de santé” (en comptant les médecins, dentistes, les pharmaciens, les infirmiers, les pédicures... Si on prend l’ensemble du secteur (en ajoutant les aide-soignants...), on arrive à 1,85 million (chiffre 2005). Dimanche, 2,86 millions de personnes sont allées voter à la primaire socialiste.
«Le PS propose de fermer les frontières, que deviennent les 1 Français sur 4 qui vivent de l'exportation. [...] Au dernier salon du Bourget, le plus gros contrat qu’a pris Airbus, c’est un contrat de 15 milliards d’euros et c’était avec un Indien. 70% du marché de l’aéronautique, aujourd’hui, il est en Inde. »
Nathalie Kosciusko-Morizet, ministre de l'Ecologie
Le PS favorable à une fermeture des frontières... C’est au moins un très gros raccourci... Non seulement, l’idée de démondialisation a été proposée par le seul Arnaud Montebourg... Mais surtout, elle ne visait en aucun cas à fermer les frontières. Quant à la position de François Hollande, il ne reprend en rien le projet de démondialisation de Montebourg, plaidant pour davantage de règles. «Je suis pour l'économie ouverte, mais pas pour l'économie offerte. On ne va pas se donner là à des concurrents qui ne respectent rien», expliquait-il la semaine dernière, ajoutant : «Je n'ai jamais été pour le protectionnisme mais je suis pour une stratégie offensive.»
Quant au dossier aéronautique, la compagnie low cost indienne IndiGo a effectivement signé en juin une commande ferme très importante pour 150 Airbus A320 Neo et 30 A320, pour un prix catalogue de plus de 15 milliards de dollars (environ 11 milliards d’euros). Mais si le potentiel de croissance indien est réel, en raison d’un boom du trafic intérieur attendu, y placer 70% du marché aéronautique est un peu rapide. Lisons ce qu’écrit Airbus dans sa dernière “prévisions globales de marché” (septembre 2011): « Du point de vue géographique, la région Asie-Pacifique représentera environ 34 pour cent de la demande au cours des 20 prochaines années, suivie de l’Europe (22 pour cent) et de l’Amérique du Nord (22 pour cent). En termes de part du trafic passagers, l’Asie-Pacifique arrivera en tête avec 33 pour cent, suivie de l’Europe (23 pour cent) et de l’Amérique du Nord (20 pour cent). »
C.Mt. et G. La.
(Dossier susceptible d'être enrichi au fur et à mesure de nos découvertes... ou des vôtres : libe.desintox@gmail.com)
A lire sur le sujet, le "factchecking" de la Convention UMP par nos concurrents du Monde (et néanmoins amis).
Ajouter un commentaire